Frédéric GIMELLO-MESPLOMB, Professeur des Universités
Centre Norbert Elias UMR 8562 UAPV - CNRS - EHESS

 
   

 

 
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Etude de textes théoriques sur le cinéma


Hans Richter, Robert Flaherty & Joris Ivens.
© 2000, Bay Web Designs.
Descriptif du cours
 
Les principaux courants théoriques ayant pris en considération le cinéma sont passés en revue à travers les textes de leurs auteurs : critiques des années vingt, formalistes russes, sémiologie (Metz), théories cinéma & histoire (Ferro), cinéma et analyse de société (Sorlin, Lagny), etc.
Les théories du cinéma seront abordées dans ce cours jusque dans leurs derniers développements (sémio psychanalyse, histoire économique, histoire culturelle...).
Une attention particulière est accordée aux évolutions des théories du cinéma tant en France qu'aux Etats-Unis (Berkeley, New York) au cours des dernières années (lecture de textes de Douglas Gomery, Dudley Andrew et Rick Altman). Pour cela, et dans le but de re-contextualiser ces écrits théoriques récents dans la tradition historiographique du cinéma, il sera étudié autant de textes d'auteurs renommés que de de chercheurs contemporains. Enfin, une large partie du cours est consacrée aux divers problèmes liés à l'élaboration d'une histoire du cinéma « élargie » dans ses divers aspects : esthétiques, sociaux, économiques, ou technologiques.

Niveau :Maîtrise Arts du spectacle - mention études cinématographiques et audiovisuelles
Horaires : vendredi 13h-15h
Lieu :

Programme
projections
sem.1

Introduction aux théories du cinéma - Marie-José Mondzain : La compréhension des images nécessite-t-elle une éducation ?

  Jean Cocteau : Du merveilleux au cinématographe (1957)

Le sang d'un poète (Cocteau, 1930)

  Ricciotto Canudo : Manifeste des sept arts (1923)  
sem.2 Jean Epstein : Le monde fluide de l'écran (1950) La coquille et le clergyman (Dulac, 1928)
  Germaine Dulac : extraits des "Ecrits sur le cinéma" (1925, publ. 1994)  
  Le cinéma et le surréalisme  
  Futurisme et cinéma d'avant-garde sous la république de Weimar Berlin, Symphonie d'une grande Ville (Walther Ruttmann, 1927)
  Wanda Strauven : Le mécanoïde et l’androïde : deux faces du mythe futuriste dans le cinéma d’avant-garde des années vingt (CiNéMAS, vol. 12, no 3)  
  Le corps en mouvement : une machine cubo-futuriste  
sem.3 1920-1934 : Eisenstein, Koulechov, Poudovkine et les théories du montage
Le cuirassé Potemkine, (S-M. Eisenstein, 1925)
  Ricciotto Canudo : le public du cinéma (1922)  
  Vertov et la théorie du "ciné-oeil" L'Homme à la Caméra, (Vertov, 1929)
sem.4 1932-1938 : Rudolf Arnheim :
Le film en tant qu'art (1932) + Les images démaquillées (1983)
 
  Ecrits oubliés d'un cinéaste oublié : Jacques Tourneur (1937)  
  Elie Faure : Vocation du cinéma (1937) et Fonction du cinéma, l'art de la société industrielle (1921-1937)  
sem.5 André Malraux : Esquisse d'une psychologie du cinéma (1940)  
 

Alexandre Astruc : la théorie de la "caméra-stylo" (1948)

La Nouvelle Vague par elle-même (André S. Labarthe)

séminaire Astruc NYU janv 2009

La politique des auteurs : textes de Bazin - Daney - De Baeque  
François Truffaut : Une certaine tendance du cinéma français (1954) biographie François Truffaut (+ documentaire "Portraits volés")
Aragon : Qu'est-ce que l'art, Jean-Luc Godard ? (1965)  
sem.6 Barthes, Metz, Colin, Bellour, Odin : la sémiologie (années 70-80)  
  Table-ronde sur la théorie du cinéma, avec Christian Metz, Michel Fano, Noël Simsolo, Jean-Paul Simon (avril 1977)  
  Cinéma et cognition : entretien avec Laurent Jullier (2003)  
  Gilles Deleuze : L'image-mouvement et L'image-temps (1983-1985)  
sem.7 1975 : Marc Ferro et le cinéma, agent de l'histoire  
  1977 : Ferro revisité : Quelques problemes de sociologie du cinéma : Annie Goldmann (1977)  
  l’économie du cinéma :

Thomas Guback : Le cinéma américain en tant qu'industrie (1976)
Pierre-Jean Benghozi : le cinéma entre l'art et l'argent (1989)
René Prédal : l'Etat-mécène et les créateurs (1980)

 
  Entre théorie du cinéma et analyse socio-pragmatique : les écrits de René Prédal  
  1985-... Douglas Gomery, Dudlew Andrew, Pascal Ory et l’histoire culturelle  
  Repenser la théorie : le phénomène Dudlew Andrew  
sem.8 Le cinéma, un art "de masse" ? : Fournier , Lasch, Massé
 
  Le cinéma, art du lien social : entretien avec Bruno Pequignot (2001).  
  Un regard anthropologique sur le millieu du cinéma :
Hortense Powdermaker: Hollywood, l'usine à rêves (Hollywood the dream factory) (1951)
 
sem.9 Aux frontières de la théorie : observation des pratiques de la critique contemporaine du cinéma : Jean-Michel Frodon - Michel Ciment - Serge Kaganski Entretiens avec JM. Frodon, M. Ciment et S. Kaganski
visionner les entretiens sur Canal Socio
  Laurent Jullier : Relativisme et critique de cinéma (2003)  
  L'évolution du point de vue de la critique sur la théorie du cinéma :
Positif, n° 14-15, novembre 1955
Le Monde Diplomatique, avril 1977
 
  Penser la théorie du cinéma aujourd'hui : David Rodowick (2001)  
  L'Exception : La chose publique, l'industrie, le cinéma et l'école (2004)  
sem.10 Après la théorie du cinéma, celle de la télévision ?  
  Pierre Bourdieu La télévision peut-elle critiquer la télévision ?  
  Dominique Pasquier : La télévision : mauvais objet de la sociologie de la culture ?  
  Rencontres INA-Sorbonne 2000 sur la critique de télévision  

 

Modalités d'examen

partiel.

Bibliographie indicative

ALLEN, R.C. et GOMERY, D., Film History, Theory and Practice, Newbery Award
records Inc., Mc Graw-Hill Inc., New York, 1985. (Traduction en français : Faire
l'histoire du cinéma. les modèles américains, Nathan Université, Paris, 1993.)
CASETTI, Francesco, Les théories du cinéma depuis 1945, Nathan Université, Paris, 1999
CINEMACTION : Histoire des théories du cinéma
CINEMACTION : Les théories du cinéma aujourd’hui
DE BAECQUE A. et DELAGE C. (sous la direction de), De l'histoire au cinéma, Coll.
"Histoire du temps présent", Editions Complexe, Bruxelles, 1998.
FERRO, Marc, Analyse de film, analyse de sociétés, Hachette, Paris, 1976.
FERRO, Marc, Cinéma et histoire ( nouvelle édition refondue), Folio Histoire,
Gallimard, Paris, 1993.
GODARD, J.L., Histoire(s) du cinéma, 4 volumes, Gallimard, 1998.
LAGNY M., De l'histoire du cinéma : méthode historique et histoire du cinéma,
Armand Collin, Paris, 1992.
METZ, Christian, Essais sur la signification au cinéma, Paris, Méridiens Klincksieck.
METZ, Christian, L'énonciation impersonnelle ou le site du film , Paris, Méridiens Klincksieck, 1991
SORLIN Pierre, Sociologie du cinéma, ouverture pour l'histoire de demain, Aubier-
Montaigne, Paris, 1977.

 


Quelques généralités sur les théories du cinéma

Francesco Casetti distingue (Les théories du cinéma depuis 1945, Milan 1993, puis éditions Nathan 1999) trois grandes façons de penser le cinéma. Ces pensées doivent être organisées au sein d'une théorie, définie comme un ensemble de thèses, plus ou moins organisé, plus ou moins explicite, plus ou moins contraignant, servant de référence aux chercheurs pour comprendre et expliquer en quoi consiste le cinéma. Il résume ainsi les trois grands groupes de théories exisantes :

    .

    Théories ontologiques

    Théories méthodologiques
    Théories de champ
    sujets critiques cinématographiques chercheurs par discipline spécialistes et intellectuels
    milieu revue ou groupe insituts de recherche et université université et mass-média
    Facteur unificateur langage courant parcours de formation intérêt convergent
    Moyen d'expression essai ou éditorial rapport scientifique étude ou intervention
    Finalité culturelle scientifique sociale

     

Les théories ontologiques répondent à la question "Qu'est-ce que le cinéma en tant que tel ?". Le but est de rechercher l'essence du cinéma, de la définir et à partir d'une connaissance globale et d'atteindre à la vérité du cinéma. Trois grands courants ont répondu à cette question : le cinéma est réalisme, imaginaire ou langage.

Les théories méthodologiques s 'interrogent selon un point de vue particulier sur le cinéma et cherche à répondre à la question "comment apparaît-il sous cet angle ?". La nécessité de choisir une optique précise, qui détermine aussi bien la collecte de données que leur présentation, passe au premier plan. Cette méthode a pour résultat de valoriser la composante systématique de la théorie et de mettre en évidence ce qui est pertinent plutôt que ce qui est essentiel. Le but est de faire travailler des concepts pris dans d'autres champs (la psychologie, la psychanalyse, la sociologie et la sémiotique) que le cinéma.

Les théories de champs répondent à des questions globales non spécifiques au cinéma et se demandent "quels sont les problèmes que soulève le cinéma ? Quel éclairage apporte-t-il à ces questions ? ". Intérêt pour les questions globales qui dépassent les limites des domaines disciplinaires particuliers pour mettre en jeu quelque chose qui les sous tend (question du politique, du représentable, de l'image, du texte, de la pensée, de l'art, de l'histoire.). Casetti utilise d'abord les termes "théories de spécialité" qui deviennent "théories de champ" lorsqu'elles sont explicitées dans la dernière partie de l'ouvrage (p 197-345). Ce dernier terme est beaucoup plus pertinent. Nous le gardons en passant outre les premières définitions données par Casetti.

Il existe aussi hélas une autre théorie qui s'étale à la télévision et dans les hebdomadaires. A visée purement commerciale, cette critique promotionnelle n'a d'autre but que de soutenir le box-office. Le metteur en scène ou les acteurs interviewés se contentent de raconter l'histoire, de déclarer combien ils sont fiers d'avoir fait un film sur un sujet aussi intéressant avec des acteurs remarquables et dans un contexte difficile et pour un budget fantastique.

Théories ontologiques

Trois grands types d'approche : le cinéma est réalisme, imaginaire ou un langage

Le réalisme ontologique de Bazin : Pour se définir comme art autonome chaque art doit définir ce qui le distingue des autres arts. Il doit définir sa spécificité, ce qui le rend irremplaçable. Le cinéma enregistre mécaniquement la nature et peut donc revendiquer une objectivité indépassable. Cette caractéristique a été dénommée vérité ontologique par le critique André Bazin. Pour être un art, le cinéma doit donc s'astreindre à un certain nombre de règles et s'interdire certaines facilités. Pour Bazin le plan séquence et la profondeur de champ doivent être privilégiés par rapport au montage. Le mot d'ordre de Bazin : " montage interdit " indique que celui-ci doit être réduit au minimum. Il en est de même pour les mouvements de caméra : elle ne doit bouger que pour suivre un personnage. André Bazin distingue deux types de cinéastes : ceux qui croient à l'image et ceux qui croient à la réalité. Autrement dit ceux qui font de représentation une fin (artistique, expressive) en soi et ceux qui la subordonnent à la représentation la plus fidèle possible d'une supposée vérité, d'une essence, du réel. Il met ainsi en opposition la lignée de Méliès avec celle de Lumière.

Enregistrer la réalité et développer des effets de réel permet au cinéma de faire émerger la vérité intime du réel (p44). Le cinéma s'oriente vers le réel à cause de sa base photographique mais aussi de sa maîtrise temporelle. La succession des apparitions/répétitions crée le sens, lui donne une homogénéité, établit une morale en fixant un choix, en renonçant à l'arbitraire (voir aussi : la politique des auteurs )

Edgar Morin : imaginaire

Jean Mitry : linguistique propre

Un bon film est un film bien construit, comportant un vocabulaire adéquat et une syntaxe correcte. Ce type de critique, que Jacques Lourcelles a conduit à son plus haut degré d'accomplissement, va privilégier le cinéma américain, l'étude des genres. Elle suppose un progrès ininterrompu depuis l'origine du cinéma jusqu'au cinéma classique. Le cinéma moderne est, en général, rejeté par cette critique. Elle rejette une forme qui, non seulement décrit quelque chose, mais se marque aussi comme représentation. Elle rejette l'art conceptuel où sont assumés les moyens expressifs (Welles, Godard). Ce type de critique n'admet que les recherches classiques sur une forme "invisible", où tout est fait pour reconstituer une analogie avec l'espace filmique. Les termes essentiels sont la question du réalisme (identification, vraisemblance psychologique) et la conduite du récit (continuité spatio-temporelle, ellipses).

Théories méthodologiques

A partir de la méhode psychanalytique :

L'objectif est d'étudier les relations existant entre l'image mouvante narrative et le spectateur. La métapsychologie (terme repris de Sigmund Freud qui désigne les états et les opérations psychiques communs à tous les individus), s'est efforcée de montrer ce qui rapprochait et ce que distinguait, du rêve du fantasme ou de l'hallucination, l'état filmique dans lequel se trouve le spectateur d'un film de fiction.

A partir de la sémiotique :

Selon Christian Metz, le langage cinématographique n'est pas tout ce qui apparaît dans les films, mais ce qui n'est susceptible d'apparaître qu'au cinéma, et ce qui constitue donc, de façon spécifique, le langage cinématographique au sens étroit. L'objectif est de mettre au jour les figures signifiantes (relation entre un ensemble signifiant et un ensemble signifié) proprement cinématographiques. Sont analysés les différents modes possibles d'arrangement des plans pour présenter une action. Les unités cinématographiques sont isolées en fonction de leur forme, mais aussi en fonction des unités cinématographiques qu'elles prennent en charge. Par exemple, filmer la fonction poursuite (unité narrative) en montage alterné (figure signifiante cinématographique) aura un effet narratif différent d'un filmage, à partir d'un hélicoptère, en plan-séquence (autre figure cinématographique). Dans le film de Losey "Figures in a landscape" (1970), cette deuxième forme met en évidence l'effort, la fatigue des poursuivis et le caractère dérisoire de leur tentative, alors que la première forme, dans "Intolérance" de Griffith (1916) laissera plus ouvert le suspens.

Théories de champs

Analyse politique :


Le cinéma est analysé comme la représentation qu'une société se donne d'elle-même. C'est dans la mesure où le cinéma est apte à reproduire des systèmes de représentation ou d'articulations sociales qu'on a pu dire qu'il prenait la relève des grands récits mythiques. La typologie d'un personnage ou d'une série de personnages peut-être tenue pour représentative non seulement d'une période du cinéma, mais aussi d'une période de la société. L'équipe des Cahiers du Cinéma avait abordé le film "Young Mister Lincoln" (1939) en examinant les rapports existant entre une figure historique (Lincoln), une idéologie (le libéralisme américain) et une écriture filmique (la fiction montée par John Ford). Mais la société ne se donne pas directement à lire dans les films. L'ambiance euphorique des comédies musicales américaine est-elle l'opium du peuple ? Le néoréalisme est-il vérité ou idéalisme forcené ? Le réalisme soviétique rend-il compte de la société russe, l'expressionnisme allemand de l'inquiétude bourgeoise ?

Source : ciné-club de Caen


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