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Appel à contributions
Le film d'action Hollywoodien des années quatre-vingt
cinéma et politique au regard des sciences humaines et sociales
Publication d'un ouvrage collectif de 400 pages environ
Parution novembre 2006.
Échéancier
» Date limite d'envoi des propositions de chapitres (titre + résumé 5000 caractères (espaces compris) + méthodologie + notice biographique de l'auteur) : 15 février 2006
» Date limite d'envoi du chapitre complet : 1er mai 2006
Objectif de l'ouvrage
On connaît la boutade de Raoul Walsh à propos des trois composants essentiels du cinéma : « Action, action, and... action ! » . Dans les années quatre-vingt, Hollywood pousse cette logique à son paroxysme en produisant quantité de films où l'action devient le principal moteur narratif, prenant place sur d'autres éléments formels de l'écriture scénaristique. En l'espace d'une dizaine d'années, un nouveau genre, le « film d'action », s'impose au box office via une poignée de productions qui le caractérisent désormais (Rambo, Terminator, Cobra, Rocky, Delta Force, Invasion USA, Commando .). Ces productions populaires, dont certaines deviennent rapidement des films « cultes », apparaissent à une époque où les studios d'Hollywood, rachetés par les premiers grands groupes de communication (Sony, Time), connaissent une période de repositionnement stratégique qui profite aux indépendants. Parce qu'ils privilégiaient sur fond d'esthétique publicitaire des thèmes comme la revanche sur la guerre du Vietnam (Rambo, Missing in action, Delta Force), la condamnation des déviances de la société américaine (Death Wish, Cobra, C.H.U.D .), ou les figures manichéennes de guerriers victorieux sur les ennemis de la nation (Commando), ces films ont rapidement été considérés à l'époque de leur sortie comme les « porte-avions » de la propagande reaganienne.
Pourtant, ces films ne sont pas seulement les purs produits de divertissement qu'ils furent à l'époque de leur sortie, mais apparaissent aujourd'hui potentiellement porteurs de sens sur les plans de la sociologie des représentations et celui de la sociologie des publics. Ces dernières années, un intérêt a pu être observé pour ces productions dans le champ des études américaines (Gauthier-Fauvet 1991; Muraire 1996), et celui des études cinématographiques (Berthomieu, 2003 ; Couté & Amiel 2005). Outre le rajeunissement des générations de chercheurs et l'intérêt grandissant pour le cinéma moderne américain, cet intérêt a aussi profité de la conjonction d'autres facteurs extérieurs à ces disciplines, comme les récentes évolutions de la sociologie des publics (Leveratto 2000 ; Esquenazi 2004 ; Ethis 2005), qui ont permis le renouvellement de la réflexion sur l'anthropologie du spectacle en s'attachant davantage aux phénomènes de réception populaire des industries culturelles et à l'expertise des spectateurs sur ces dernières. Les travaux sur l'histoire culturelle ont également permis de s'intéresser davantage aux productions cinématographiques américaines plébiscitées par les spectateurs européens, les chercheurs s'attachant à observer dans le cadre d'une approche comparatiste les comportements des publics au regard de films ayant connu une diffusion de masse (Montebello 1997 et 2005 ; Morin-Ulmann, 2001), et les films d'action sont de ceux-ci.
Une (re)lecture de ce corpus fait apparaître des distinctions importantes de traitement (notamment sur le sujet de la guerre du Vietnam), ainsi qu'une diversité thématique. La figure du héros et le culte du corps renvoient par exemple à des archétypes qui diffèrent selon les studios. De même, si certaines productions on adopté des parti pris thématiques qui renvoyaient plus ou moins directement à une traduction des idéaux reaganiens (et nous reviendrons en détail dans cet ouvrage sur la traduction de cette notion en termes cinématographiques), d'autres productions ont en revanche véhiculé via le film d'action une critique assez sévère de la société américaine des années quatre-vingt, sans que cette critique soit pour autant formellement perçue comme telle en France ; ce qui soulève plus largement la question de la réception des films de série et des modes de pensée mis en ouvre pour les observer de part et d'autre de l'atlantique.
L'objet de cet ouvrage est de proposer une lecture analytique d'un corpus constitué des principaux films d'action américains ayant connu une diffusion internationale entre 1980 et 1990. Un certain nombre de questions restent encore en suspens. Elles sous-tendent cinq axes de réflexion :
- Esthétique : quels sont les codes esthétiques véhiculés par ces productions ? Comment interpréter la figure du héros, la figure du « hard boiled » et le culte du corps ? Masculinité et hyper virilité. Le film d'action en tant que genre. Le film d'action constitue-t-il une survivance des « films d'exploitation » des années soixante-dix ?
- Représentations : Les différentes traductions à l'écran du concept de « cinéma reaganien » ou de « héros reaganien » via l'analyse comparée de séquences de films ou celles des références iconiques issues du matériel publicitaire destiné à la promotion des films (affiches, couvertures de magazines, bandes annonces). Etudes sur la transversalité des thèmes : ceux des valeurs morales et de la famille, celui des différents visages de la justice, celui du justicier (la figure du « vigilante »), et celui de la loi.
- Politique : les enjeux de la propagande par le film. Les varia sur le thème de la revanche du Vietnam et ses sous-genres : les M.I.A. ("missing-in-action movies") et les P.O.W ("prisoners-of-war movies"). Quelles représentations du pouvoir, de l'armée et des contre-pouvoirs américains ? Quelles représentations des « ennemis de l'intérieur » et de l'extérieur (le fameux péril « rouge » décliné dans plusieurs productions) ? Le visage politique des antagonistes.
- Economie : l'originalité du système de production et de diffusion du film d'action, notamment des studios indépendants de série B (Cannon), ou Z (Trauma). Les particularismes de leur distribution et de leur promotion, notamment concernant l'alimentation directe des réseaux vidéo remplaçant les salles de quartier
- Réception : réception publique versus réception critique, d'une part dans la France des années quatre-vingt; d'autre part aux Etats-Unis et plus généralement dans le monde anglo-saxon. Y a-t-il eu une réception au second degré de ces productions aux Etats-Unis ? Comment expliquer l'engouement des adolescents et les rémanence de phénomènes de structuration sociale autour de ces films dans les années qui suivirent leur sortie en salle ?
Structure de l'ouvrage :
. Partie I : contributions portant sur le contexte socio-politique des USA des années 80, sur les liens entre pouvoir politique et studios hollywoodiens, et sur la définition (ou les débats autour de la véracité de la notion) de « film d'action »
. Partie II : contributions portant sur l'analyse de mythologies et thèmes récurrents (la violence, la justice, la famille, la revanche, le culte du corps.)
. Partie III : contributions portant sur un film, une série de films (Rocky, Rambo, Terminator, Delta Force ...), un cinéaste (Cameron, Kotcheff, Milius, Zito.) ou un acteur (Stallone, Norris, Schwarzenegger, Van Damme ...)
. Partie IV : contributions portant sur la réception par aires géographiques (USA, pays anglophones et pays francophones) ou par catégorie de publics (adolescents, cinéphiles, critiques populaire, critique intellectuelle..)
Corpus :
. Rambo 1 (Ted Kotcheff, 1981), 2 (George P. Cosmatos, 1985) et 3 (Peter MacDonald, 1988)
. Rocky 3 et 4 ( Sylvester Stallone, 1982 et 1985)
. Death Wish 2, 3 ( Michael Winner, 1982 et 1985) et 4 (J. Lee Thompson, 1987)
. Uncommon Valor / Retour vers l'Enfer ( Ted Kotcheff, 1983)
. C.H.U.D. ( Douglas Cheek, 1984)
. Missing in action / Portés disparus (Joseph Zito, 1984)
. Red Dawn / l'aube rouge (John Millius, 1984)
. Terminator 1 (James Cameron, 1984)
. Commando ( Mark L. Lester, 1985)
. Delta Force 1 ( Menahem Golan, 1986) et 2 (Aaron Norris, 1990)
. Cobra (George Pan Cosmatos, 1986)
. Invasion USA (Joseph Zito, 1986)
. Robocop (Paul Verhoeven, 1987)
. Red Scorpion / Scorpion rouge (Joseph Zito, 1988)
. + autres films d'action des années 1980-1990 au choix des contributeurs
Consignes de rédaction :
Longueur de chaque chapitre : entre 35.000 et 50.000 caractères, espaces compris. Times new roman, taille 12, simple interligne.
Les références bibliographiques seront rappelées en fin de chapitre.
Contact :
Laboratoire Lorrain des Sciences Sociales (2L2S)
Frédéric Gimello-Mesplomb
Université de Metz
UFR Sciences Humaines et Arts
Filière études cinématographiques et audiovisuelles
57000 METZ
Tel : (+33 6) 88 42 19 74
Mail : gimello@yahoo.com
Web : http://fgimello.free.fr
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