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          Frédéric GIMELLO-MESPLOMB, Maître de conférences

 
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Jean ZAY et le projet de "Ministère de la vie culturelle" (1936)




Jean Zay fut élu député à 27 ans, nommé ministre de l'Education Nationale sous le Front Populaires à 32 ans, fonction qu'il exerça jusqu'en 1939. Il s'opposa au gouvernement de Vichy, raison pour laquelle les miliciens de Joseph Darnand l'assassinèrent en 1944. Il n'a alors que 39 ans.


Un leader du parti radical-socialiste

Né à Orléans en 1904, Jean Zay fait de brillantes études de droit qui le conduisent à l'avocature. Devenu membre du parti radical-socialiste, il s'impose au sein de ce parti comme un leader incontournable dès 1932. A cette date, il est élu député de la circonscription d'Orléans, mandat qu'il exerce jusqu'en 1940. Orateur talentueux, il est rapporteur de politique générale au Congrès du parti radical de 1935 qui se tient à la salle Wagram.

Une oeuvre considérable

Nommé ministre de l'Education nationale par le président du Conseil Léon Blum en 1936, Jean Zay s'entoure d'un cabinet jeune et progressiste dirigé par un des ses proches, Marcel Abraham. Son oeuvre dans les domaines de l'éducation et de la culture est riche.
Tout d'abord, il prolonge jusqu'à 14 ans l'obligation scolaire. Ensuite, il expérimente les classes d'orientation.
D'autre part, Jean Zay introduit dans l'enseignement l'éducation physique et les loisirs dirigés. Il invente la radio scolaire. Dans le domaine de l'enseignement supérieur, il met en chantier le projet de l'ENA.
Dans le domaine de la culture, Jean Zay est avant tout à l'origine des droits d'auteur. Ils sont définis dans le titre VII du projet de loi de 1937 connu sous le nom de " statut Zay ". " L'auteur vendait son manuscrit comme il eût vendu une table ou une chaise. Notre projet décide que le droit d'auteur était un droit d'une espèce particulière attaché à la personne humaine, inaliénable et qui n'était susceptible que de concessions non de cession "(Souvenirs et Solitude). Ce statut a constitué pour les auteurs une avancée considérable en termes de droits. Il a préfiguré la loi de 1957 sur la propriété littéraire.
Jean Zay est également l'auteur d'un projet de statut du cinéma et prépare pour septembre 1939 le premier Festival de Cannes.
Enfin il réorganise la politique de la lecture en lançant notamment " les bibliobus ".

La politique culturelle de Jean Zay fut dynamique et ambitieuse. Il a préconisé une intervention plus importante de l'Etat en ce domaine par le biais de subventions, d 'aides publiques, de lois, tout en respectant le pluralisme culturel et artistique. En ce sens, Jean Zay a anticipé les grandes politiques culturelles de la Libération, d'André Malraux et de Jack Lang.

Un destin brisé

Le 3 septembre 1939, Jean Zay démissionne du gouvernement Daladier et part pour le front. Il a alors 35 ans. " Je désire partager le sort de cette jeunesse française pour laquelle j'ai travaillé de mon mieux au gouvernement depuis quarante mois . Je demande donc à suivre le sort normal de ma classe " (Souvenirs et Solitude).
Souhaitant poursuivre la lutte armée en Afrique du Nord, avec vingt sept parlementaires, il gagne le Maroc à bord du Massilia. Il est arrêté au Maroc, sur ordre de Pétain, avec Pierre Mendès France et Georges Mandel, et traduit en justice sous l'accusation de " désertion en présence de l'ennemi ". Le 4 octobre 1940, le tribunal militaire de Clermont-Ferrand condamne Jean Zay à la déportation pour une durée indéterminée. Il est détenu pendant quatre mois à Clermont-Ferrand puis au Fort Saint Nicolas à Marseille, enfin à la prison de Riom. La campagne de presse orchestrée par le ministre de l'information Philippe Henriot, réclamant la condamnation à mort du " Juif Jean Zay " est d'une haine qui n'a d'égal que son désir de revanche sur le Front Populaire. Son procès est inique, la délibération ne dure que quelques minutes !
Une telle parodie de justice fait que Jean Zay reste convaincu qu'aura lieu une révision de son procès. Durant sa longue détention à la prison de Riom, Zay écrit un beau livre qui est à la fois un bilan de son action politique, un témoignage des années de tourmente et un message d'espoir : Souvenirs et solitude. Peu avant la libération, le 20 juin 1944, durant son transfert à la prison de Melun, transfert effectué sur ordre du directeur de l'administration pénitentiaire, lui-même milicien, Jean Zay est assassiné par la milice.

 

Pour En savoir plus : Jean Zay, Souvenirs et Solitude.
Pascal Ory, La Belle illusion, culture et politique sous le signe du Front Populaire
1935-1938, Ed. Plon, 1994