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          Frédéric GIMELLO-MESPLOMB, Maître de conférences

 
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L'économie de la culture


La pratique du ministère ajoute à partir de 1981 une nouvelle approche de son intervention en prenant conscience de l'importance des industries culturelles. Bien plus, la création culturelle est désormais considérée comme un facteur de développement économique. A ce titre, l'impératif culturel est aussi conçu comme une réponse à la crise économique. Dans le même temps, le souci de meilleur gestion et de rentabilité conduit le ministère à encourager fortement la modernisation de l'administration et la professionnalisation des acteurs de la vie culturelle.

La culture est désormais considérée comme une véritable activité économique et l'aide aux entreprises culturelles est bien l'une des priorités des politiques menées depuis 1981 : les aides directes sont nombreuses et permettent de soutenir plus de deux cent trente entreprises culturelles.
Le dispositif engagé est multiple mais la volonté politique clairement identifiée : l'exclusion des ouvres d'art de l'assiette de l'impôt sur les grandes fortunes, la baisse de 7 % à 2 % du droit d'enregistrement sur les ventes publiques en 1989, le développement et l'encouragement du mécénat par la loi du 23 juillet 1987 qui fait de l'acte de mécénat un acte de gestion ordinaire de l'entreprise, la création de l'Institut pour le financement du cinéma et des entreprises culturelles (IFCIC) en 1983 ou encore la création, dès 1981, de l'Association pour la gestion des entreprises culturelles (AGEC) incarnent cette volonté.

De même, de nombreuses mesures fiscales contribuent au soutien du marché de l'art. Le mécanisme de la dation en acquittement des droits de succession, étendu en 1982 au recouvrement de l'impôt sur la fortune, continue à accroître les collections des musées. Parallèlement, la fiscalité des ventes d'ouvres d'art vise à contrôler et à pénaliser la spéculation : la détention n'est pas taxée sur les plus-values réalisées lors d'une vente est passé de 2 à 4 % en 1981.

Désormais connu et apprécié du grand public, référence à l'étranger, le ministère de la Culture a donc réussi à imposer l'idée de sa propre importance. Il a même fortement contribué à rendre légitime dans un cercle plus large qu'auparavant la politique culturelle de l'Etat. De plus, l'administration culturelle s'est incontestablement modernisé. Les effectifs ont augmenté (+ 10 % entre 1981 et 1991) tandis que la gestion des ressources humaines a été profondément rénovée : développement de la formation professionnelle, réorganisation de la gestion des personnels, regroupement statuaires autour des métiers. Aussi, la professionnalisation du monde culturel soutenue par l'Etat a également touché l'administration culturelle.

Dans le même esprit, les Directions régionales des Affaires culturelles, segments déconcentrés du ministère, sont aujourd'hui présentes sur tout le territoire. Leur rôle, les effectifs et les moyens financiers ont été considérablement accrus.

La gestion des établissement culturels est aussi affectée par cette logique économique. De nouvelles formules sont utilisées - groupement d'intérêt public culturel, société d'économie mixte, établissement public - pour concilier service public et préoccupations gestionnaires. Dans le même esprit, les établissements culturels développent de plus en plus des activités marchandes : boutiques et librairies se multiplient. La Réunion des musées nationaux, organisme public à vocation industrielle et commerciale, est ainsi en pleine croissance et est devenu en quelques années un des principaux éditeurs dans le domaine de l'art.

Mardi 25 mars 2025