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          Frédéric GIMELLO-MESPLOMB, Maître de conférences

 
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Le journal télévisé et les magazines d'information TV



Sous la houlette de Pierre Sabbagh, le premier jounal télévisé est expérimenté en juillet 1949 avec le Tour de France. C'est dans l'indifférence générale qu'a lieu son démarrage officiel le 2 octobre 1949.
La confection du journal est alors plutôt " artisanale " : les journalistes professionnels côtoient les " amateurs ", les films en 16 mm sont développés à la hâte, les commentaires improvisés et les images d'agence frappent plus par leur aspect pittoresque que par leur pertinence. En novembre 1954, les reporters qui commentent les images font leur apparition à l'antenne.

En 1956, c'est la rupture : le journal télévisé, jusque là rattaché à la direction des programmes, est intégré à la Direction de l'information . En 1958, il prend une dimension plus politique avec le retour au pouvoir du général De Gaulle, qui mutiplie les consignes.
L'arrivée d'Alain Peyrefitte au ministère de l'Information marque une nouvelle étape. Le journal télévisé se " professionnalise " avec l'arrivée de journalistes venus de la presse écrite et grâce aux évolutions techniques. En 1962, l'usage quotidien des échanges européens d'actualités enrichit les sources. En 1963, le prompter fait son apparition.
Mais, pour le gouvernement, il s'agit avant tout de mieux organiser la mainmise politique et de la rendre moins visible. Le Service de Liaisons interministérielles pour l'information (SLII), chargé de coordonner l'information gouvernementale, convie à ses réunions les responsables des journaux, afin d'en contrôler le contenu. L'emprise est encore plus pesante concernant les journaux régionaux : à la personnalité souvent très " politique " des directeurs locaux s'ajoute la volonté de faire obstacle à une presse régionale jugée hostile.
Dès lors, la censure est omniprésente, faisant du journal télévisé l'un des enjeu majeur des revendications de 1968.

1969 constitue une étape décisive dans le processus de libéralisation. Sous l'impulsion de Jacques Chaban-Delmas, alors premier ministre, les journaux des deux chaînes de télévision sont mis en concurrence. Dès lors, en particulier sur la première chaîne où la direction du journal est confiée à Pierre Desgraupes, le ton apparaît plus libre, certains tabous sont brisées. Mais l' " expérience Desgraupes " est interrompue dès 1972.
Si jusqu'en 1981 les journalistes ne cessent de dénoncer la mainmise du pouvoir politique à Paris et dans les régions, la forme du journal télévisé continue néanmoins à évoluer : les éditions se multiplient - en 1979, l'édition de la mi-journée est lancée-, le présentateur unique fait son apparition et avec lui les stars du petit-écran, tels Yves Mourousi, Jean-Pierre Elkabbach ou Roger Gicquel.

Après 1981, les rédaction conquièrent progressivement leur indépendance face au pouvoir politique.
Le lancement des chaînes privées et surtout la privatisation de TF1 accroît la pression de la concurrence commerciale. TF1 se retrouve au centre d'un certain nombre de controverses relatives au vedettariat des présentateurs (dont l'emblême est désormais Patrick Poivre d'Arvor), au caractère divertissant voire populiste de l'édition de la mi-journée, ou encore au lien de la rédaction avec le reste de la chaîne.
L'évolution internationale pose, elle-aussi, de nouveaux problèmes. Les dangers impliqués par la disponibilité des images et la pression accrue de la concurrence donnent lieu à un certain nombre de " dérives ".
Au regard des évolutions économiques, politiques et techniques, l'avenir de l'information à la télévision apparaît incertain.

 

Les magazines d'information

Avec pour objectif d'informer sur l'actualité et de montrer la société en mouvement, le premier magazine'information apparaît à télévision 1959 : le 9 janvier, 5 Colonnes à la Une , magazine d'actualités mensuel diffusé à 20h30 et présente par Pierre Lazareff , Pierre Dumayet, Pierre Desgraupes et Igor Barrère, voit le jour.
Tout en manifestant un goût certain pour la mise en scène, la rédaction privilégie l'image, l'événement et l'interview. Elle pratique un journalisme dit de " terrain " ou de " rencontre " , incarné par le grand reporter Roger Louis.
Les images de conflits et de guerres bénéficient d'une place primordiale et permettent parfois quelques avancées contre la censure gouvernementale. Ainsi, en traitant de ce que l'on appelle alors " les évènements d'Algérie ", 5 Colonnes à la Une brise un tabou et brave un interdit, même si le choix des sujets restent par ailleurs très hétéroclites.

En 1965, le magazine Zoom , placé sous la direction de André Harris et Alain de Sédouy, contribue à élargir un espace de liberté encore réduit. Le choix des sujets démontre l'esprit contestataire des rédacteurs : les tenants du pouvoir et toutes les formes d'autorité sont critiqués, les marginaux " réhabilités ". En raison de la faible audience du programme et des " appuis " dont il bénéficie, les politiques se montrent indulgents. L'image prend le pas sur le commentaire, favorisant les innovations des réalisateurs.
A partir de mai 1968, la marge de manouvre des rédactions, et avec elle le nombre de magazines, se trouvent considérablement réduits par l'accroissement des pressions politiques.

Les années 1980 et l'émergence de la télévision commerciale marquent le retour des magazines d'information. Diffusé pour la première fois le 17 janvier 1990, Envoyé spécial , dirigé par Paul Nahon et Bernard Benyamin, amorce une nouvelle ère. Libérés de l'emprise étatique, les journalistes posent un regard plus subjectif sur l'actualité. Si le reportage reste essentiel, sa place et sa forme évolue ; le terrain est de plus en plus délaissé au profit du studio, comme dans le magazine de Jean-Marie Cavada, La Marche du siècle . Enfin, le commentaire devient prépondérant. Ce passage d'un " journalisme d'enquête " à un " journalisme d'examen " fait du présentateur et de l'expert les nouveaux hommes forts du journalisme.
Les évolutions récentes montrent une spécialisation croissante des magazines d'information, ainsi qu'un intérêt croissant pour l'information de proximité.

 

Télévision, information et censure

Persuadés de la toute puissance du petit-écran, supposé faire l'élection, et dépossédés de leur propre influence, les politiques ont très vite tenté de contrôler la télévision et en particulier l'information . Le mode de nomination des dirigeants de la télévision française en est la parfaite illustration : des origines à 1982, ces derniers ont toujours été désignés par le gouvernement réuni en Conseil des ministres. " Pourtant, l'histoire de ces trente ans est celle de l'indépendance grandissante de l'information : selon une progression non pas régulière, mais très heurtée, avec de fréquents retours en arrière qui n'empêchent pas l'avancée d'ensemble *" .

De 1958 à 1974, l'information est dans son ensemble asservie, malgré quelques ouvertures.
L'arrivée du général de Gaulle marque les débuts de l'emprise étatique sur l'information
. Pour de Gaulle, il s'agit de rétablir l'équilibre en faveur du gouvernement, face à la presse écrite jugée hostile. Cette conception est légitimée par le statut public de la télévision. Alain Peyrefitte , ministre de l'Information, met en place des structures facilitant la coordination des interventions gouvernementales : le Service de liaisons interministérielles (SLI) est ainsi chargé de faire le lien entre le gouvernement et la télévision. Cette officialisation de la censure est très mal vécue par les journalistes, parmi lesquels la pratique de l'auto-censure est néanmoins très répandue.
Certaines avancées sont cependant perceptibles . En 1965, à l'occasion des élections présidentielles, le principe de l'égalité formelle des temps de parole entre les grandes tendances politiques est mis en place, préfigurant la règle des trois tiers : un tiers pour la majorité, un tiers pour le gouvernement, un tiers pour l'opposition. En 1969, Jacques Chaban-Delmas, alors premier ministre, choisit de ne pas intervenir, ce qui n'empêche pas les suspensions et/ou interdictions d'émissions.
Mais le président Georges Pompidou , qui incarne la continuité avec la période gaullienne, déclare en 1972, lors d'une conférence de presse, que " la télévision est considérée comme la voix de la France , et par les français et par les étrangers ". Cela justifie à ses yeux " une certaine réserve ". Cette doctrine explique la lenteur du recul de l'emprise du pouvoir.

A partir de 1974, les avancées deviennent plus marquées et plus constantes.
La réforme de 1974, lancée sous l'impulsion du président Giscard d'Estaing, marque un recul des pratiques traditionnelles concernant la nomination des dirigeants de la télévision. Il est question de leur garantir une vraie liberté. Pour autant, la tentation de la censure ne disparaît pas : les pressions se font toujours sentir dans les régions et les consignes sont plus strictes quand le chef de l'Etat est en danger.
L'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 annonce un changement plus prononcé , même s'il se fait lentement. Après quelques mois de flottement, le gouvernement socialiste respecte ses engagements en créant notamment la Haute Autorité de la communication audiovisuelle , par la loi Fillioud du 29 juillet 1982. Consituté de sage, ce corps a la charge de constituer un écran entre les pouvoirs publics d'un côté et la télévision et la radio de l'autre. Il doit aussi nommer les présidents du secteur public et tenir son rôle de " gendarme du paysage audiovisuel ". L'émergence des télévisions privées accélère le processus de libéralisation. Pour autant, le mot censure n'a pas disparu : à la censure politique s'est substituée la censure économique , rendant l'information tributaire du bon vouloir des grands patrons de chaînes et du financement publicitaire

*Jeanneney Jean-Noël, Une histoire des medias - des origines à nos jours , Seuil, 1996

Sources :
Jeanneney Jean-Noël, Une histoire des medias - des origines à nos jours , Seuil, 1996
Jeanneney Jean-Noël, L'Echo du siècle - dictionnaire historique de la radio et de la télévision en France , Hachette Littératures, Arte Editions/ La Cinquième Editions, 1999

 

Bibliographie :

Médias et introductions à la presse, la radio et la télévision Bertrand, Claude-Jean, Editions Ellipses, 1995
Sur la télévision Bourdieu, Pierre, Editions Liber, 1996
Les Actualités filmées françaises Collectif, Institut Jean Vigo, 1997
" Le Pathé journal " Ekchajzer François, in Kermabon, Jacques (dir.), Pathé , Editions du Centre Pompidou, 1997
La Guerre d'Algérie à l'écran Hennebelle, Guy, Corlet, CinémAction n° 85, 1997
Ciné-Actualités : histoire de la presse filmée, 1895-1980 Huet, Marcel, Henri Veyrier, 1984
Une Histoire des médias - des origines à nos jours Jeanneney Jean-Noël, Seuil, 1996
L'Echo du siècle - dictionnaire historique de la radio et de la télévision en France Jeanneney Jean-Noël, Hachette Littératures, Arte Editions/ La Cinquième Editions, 1999
La Presse écrite et audiovisuelle Junqua, Daniel, CFPJ Paris, 1995
Clio de 5 à 7 : les actualités fimées de la libération : archives du futur Linderperg Sylvie, CNRS Editions, 2000
Médias et journalistes de la République Martin, Marc, Odile Jacob
Le Journal Télévisé Mercier, Arnaud, Editions de Sciences Po, 1996