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          Frédéric GIMELLO-MESPLOMB, Maître de conférences

 
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INTRODUCTION AUX GENRES LITTÉRAIRES


 

Définition.
Historique.
Liste de genres littéraires.
Classement.

 


Définition.

Un genre littéraire est un ensemble de caractéristiques de fond et de forme qui assurent à une production textuelle un certain type de décodage, une lecture intelligible. Les genres se redéfinissent constamment d'après la production d'une époque, suivant les oeuvres considérées comme typiques. Ils font le lien entre la diversité des procédés possibles (y compris l'approche des contenus) et les effets recherchés dans les circonstances. Ils créent des attentes tant de forme que de fond, et d'intention. Ils font une synthèse actuelle mais aussi une prospective de la lecture générale des oeuvres du moment. On aurait bien tort de croire à leur gratuité. Ce ne sont nullement des recettes artificielles. Leur lien avec chaque procédé évolue suivant les modèles du temps et en fonction des objectifs de l'écrivain. Comme pour la mayonnaise, pour que cela "prenne", il faut un dosage exact de chaque type de procédé. C'est une question de mesure.

Tout autre, en dépit des apparences, est la conception classique, et idéaliste, des genres. "Claudio Guillèn attributes the unreality of neoclassical poetics to the assumption that 'genres are sharply delimited objects out there '" (Claudio Guillèn, Literature as System, Princeton, 1971, p.128-9; cité par Fowler, p.27). Il s'ensuit, dans la théorie néoclassique des genres (aux XVIe-XVIIe siècles), que se généralisent des canons inappropriés. L'application de règles universelles (classiques) aux genres courants fut désastreuse en ce qui concerne, par exemple, les genres hérités du Moyen Age. Appliquer les unités aristotéliciennes aux chansons de geste ne peut avoir que des effets discriminatoires. Les critiques cessèrent d'apprécier les oeuvres médiévales, n'ayant même plus la liberté de concevoir qu'elles pouvaient avoir des règles bien à elles.

Cela ne veut pas dire que les critiques anglais ont été étroits d'esprit, cependant. "Some beauties yet, no precepts can declare, / For there's a happiness as well as care" (Pope, Essay on Criticism , 141-2; cité par Fowler, p.30). C'est la réaction habituelle. On constate l'étroitesse des règles et on la surmonte en les rejetant au nom du goût. Un impondérable. On jette le bébé avec l'eau du bain. Mieux vaut, selon nous, suivre de près l'évolution des règles et les ajuster en fonction des nouvelles situations, comme font les écrivains, que de renoncer à comprendre parce que les concepts sont trop classiques, inadéquats.

Historique.

Les cris des corneilles et le hurlement des loups n'ont-ils pas déjà quelque chose d'un texte collectif modulant la survie du groupe? Avant d'être littéraires, les genres ont été des pratiques assez naturelles: danses rituelles et mélopées, cri de colère et injure, cri de guerre et incantation, berceuse, mot doux... et aussi l'élémentaire addition, la liste des objets prêtés, transportés, livrés, échangés. Et puis les lois, le code d'Hammurabi (-1730), les proverbes, les traités d'agriculture, d'astronomie, les chroniques, les légendes, les cosmogonies... Ces genres sont naturels, essentiels, ils ne sont pas encore reconnus comme formes. C'est quand vont s'instaurer les épopées, les cantiques, les contes et surtout la tragédie (avec ses concours publics) que le concept de genre s'établira comme un fait culturel.

Leur étude théorique a commencé avec le lyrisme et l'épopée védique, dès le XXVe siècle avant notre ère. Les tropes furent étiquettés au nombre de 40 000. Ce sont les arthântaranyâsa . Ces inventaires scolaires sont évidemment perdus. Il faut attendre Aristote et sa clairvoyance géométrisante pour voir la rhétorique et la poétique faire des progrès décisifs, en distinguant non seulement le fond et la forme, mais trois niveaux de style (familier, tempéré, sublime) et trois types de discours: judiciaire, épidictique et délibératif.

Le judiciaire, c'est principalement le plaidoyer devant un jury (il vise le passé et se préoccupe de ce qui est juste). L'épidictique, ce sont les discours de circonstance devant la famille ou les amis, pour que tous se réjouissent (il vise le présent et cherche ce qui est beau). Le délibératif, ce sont les discours politiques dans les assemblées parlementaires (il vise l'avenir et recherche ce qui est utile). Ainsi les catégories conceptuelles furent-elles mises à contribution de manière aussi harmonieuse que pénétrante pour composer des sortes de molécules sémantiques où le baroque se donnera libre cours (Cf. Gracian), ce qui pourra dégénérer en poncif.

Dès l'Antiquité, les grands genres sont fixés et établis: maxime, lois, cantique, fable, épopée, élégie, églogue, ode, tragédie, comédie, roman, histoire, essai, homélie, correspondance... Le Moyen Âge, en dépit des apparences, n'en est pas foncièrement éloigné avec ses chansons de geste, ses fabliaux, ses farces, ses "mystères" et ses ballades. Il pratique encore les formules juridiques (brocard 2), les hymnes, les contes, le lyrisme, le théâtre comme événement public avec effet de catharsis, le roman, le récit historique, le texte didactique, le sermon, la lettre...

Avec la Renaissance, l'imitation des Anciens devient une sorte de mot d'ordre. L'admiration de l'Antiquité fixe alors les genres dans un rôle incontournable de modèles. Le classicisme ne fera que renforcer la tendance en établissant des règles au nom de la raison (Boileau).

Les règles de la tragédie classique sont: la vraisemblance, les bienséances et les unités (action, temps, lieu et ton). Il y a unité d'action quand chaque épisode a pour effet de contribuer en quelque manière au progrès d'une action unique, menée par un même héros. Corneille précise que celui-ci affronte un seul péril. (Van Tieghem, p.49)

L'unité de temps fut fixée à une journée; l'unité de lieu exclut les changements de décors. L'unité de ton découle de la distinction des genres. Le vraisemblable s'oppose au merveilleux si cher aux baroques, mais il s'oppose aussi à la vérité historique (pas assez universelle). Les bienséances sont les convenances de tout ordre: sensibles (le sang ne coule que dans les coulisses), morales (le vice est puni), psychologiques (cohérence des caractères), langagières (rien de grossier)...

Le classicisme partage avec le baroque son admiration pour le sublime. "Le style sublime doit être pur, net, articulé, lié, orné, bruyant et pompeux. On doit employer les définitions au lieu des mots simples. On doit préférer le pluriel au singulier. On doit user de grands mots. On doit affecter de grands adverbes. On doit se servir des superlatifs. On doit enfin enchérir les mots" (Bary, 1659). Exemple: Bossuet, Oraisons funèbres . Ces modèles vont devenir des normes.

Au XVIIIe siècle, dans les cours d'Europe, l'académisme règne (penser à Mozart à la cour de l'empereur d'Autriche). Le cliché domine jusqu'au ridicule. On est loin des excès divertissants du baroque [note à insérer]. On comprend le succès du romantisme.

Avec le romantisme, les genres sont réinterprétés en fonction de l'évolution de la société et de la culture. Hugo en offre un échantillon typique dans la préface de Cromwell (cité par Combe, p.74).

Toutes ses méditations sont des extases, tous ses rêves des visions. Il s'épanche, il chante comme il respire... Voilà le premier homme, voilà le premier poète. Il est jeune, il est lyrique.
Cependant les nations commencent à être trop serrées sur le globe. Elles se gênent et se froissent; de là les chocs d'empire, la guerre. La poésie... devient épique. [Il passe plus rapidement sur la tragédie et présente le christianisme, qui engendre une société nouvelle.] Une forme nouvelle se développe dans l'art... Shakespeare... fond sous un même souffle le grotesque et le sublime, le terrible et le bouffon, la tragédie et la comédie: le drame est le caractère propre de la troisième époque de poésie, de la littérature actuelle.

L'origine de ce type de présentation des genres, que nous ne songeons pas à récuser, remonte aux années 1800, aux travaux des frères Schlegel, qui s'inspirent de la philosophie de l'histoire de Kant, aux théorisations de Herder, Humboldt, Schelling, Hölderlin et finalement Hegel (1820-1829). Leurs idées sont résumées dans le livre de D. Combe ( les Genres littéraires , p.57 et circa). Hegel voit l'épique comme primitif ("en soi"), le lyrique comme subjectif ("pour soi") et le drame comme une synthèse, ce qui est proche de la position de Hugo. Mais un englobant plus large survient dans les espèces du roman car le roman romantique peut contenir du lyrique, de l'épique et du dramatique ( Ibidem , p.63)

Le symbolisme se donnera pour tâche d'aller plus loin, mais c'est à partir du surréalisme que la théorie des genres subira les attaques les plus directes.

Postérité.

Le surréalisme. L'Écriture automatique. Breton et Éluard. L'Oulipo. Queneau et Vian. Le nouveau roman et la déconstruction du sujet. L'alittérature. Denis Roche. Retour au stade anal. La signifiance. Joyce. Sollers. Maurice Roche. Le manifeste froid. (Déconstruire aussi l'interlocuteur et le public, réduire le "texte" à un reflet du réel.)

À vrai dire, peut-il y avoir un au-delà des genres? Toutes sortes d'inventions prospectives et des réactions contre l'artifice des catégories chères aux universitaires et aux académiciens, certes, cela ne manquera point, mais depuis le XIXe siècle, chaque génération ne s'est-elle pas efforcée de mettre fin aux règles implicites de l'heure et cela de façon de préférence radicale? Curieusement, même le sujet déconstruit s'arrangeait pour faire connaître son nom dans un coin caché de l'oeuvre, en photocopiant par exemple son passeport (pièce à conviction). Analogues à la peinture sans thème, les poèmes sans esthétique épuisent dans une seule réalisation toute leur définition théorique (le tableau blanc, la page blanche...) Ils ne peuvent pas être imités sans être entièrement réinventés. Toute oeuvre est un genre. Le genre n'est pas dépassé: il est poussé à son paroxisme. Impossible de "comprendre" sans découvrir le secret de fabrication. C'est l'extrême limite du renouvellement des genres.

Liste de genres littéraires.

(classés chronologiquement)

Les cris (menace, guerre, souffrance, amour, ralliement) Les inventaires notariés, tarifs, catalogues, bordereaux de livraison, factures, bilan, comptes journaliers, profits et pertes. Les charmes et incantations, la mélopée, la berceuse. La danse du feu. Les danses rituelles. La litanie. Le refrain, la ritournelle. Les thrènes, les nénies (lamentation funèbre), le planctus. Le doumy (chant funèbre et violent des Cosaques). La comptine, le «nursery rime», la saynète. Le conte pour enfants, la fable, l'apologue. L'inscription. L'épitaphe. Les maximes, les proverbes, les adages, les dictons, les aphorismes et les apophtegmes. La littérature didactique. Les lois, règlements, statuts, constitutions, protocoles. Les mythes, les énigmes, les oracles. Les cosmologies (récits de création). L'allégorie, la vision, l'apocalypse. Les chroniques, les annales, le récit historique, la biographie. Les légendes. L'épopée, la chanson de geste. Les hymnes, les cantiques. Le dithyrambe. Les prières publiques, les cérémonies canoniques. L'épithalame, les chansons bachiques, les poèmes érotiques, les serranillas. Le discours oratoire, le plaidoyer, le réquisitoire (philippique, catilinaire). La tragédie. La comédie. L'ode, le poème lyrique. L'élégie. L'idylle. Le poème bucolique, les géorgiques, l'églogue. Le théâtre oriental. Le haï-kaï. Le boustrophédon, l'holorime, l'acrostiche. Le lipogramme, la contrepèterie. La parénèse (exhortation). Les paroles mémorables, les préceptes. La leçon, l'exposé théorique, scolaire ou technique. L'étymologie, l'étude philologique, l'exégèse, le commentaire, l'interprétation allégorique. Traité, contrat, concordat, ententes. Inventaire, registre. La conversation, le dialogue, l'entretien. La disputatio (discussion), l'aporie. Le speculum (miroir). La joute oratoire La cantilène, la chanson de toile, la complainte, la ballade, l'aubade. Le partimen (ou jeu parti), la tenson (joute poétique). Le psaume, l'aude, le motet, l'antiphonaire. Le sermon, l'homélie. L'exemplum (illustration narrative), le conte dévot. Le mystère, l'auto sacramental, la moralité. L'almanach. Les exclamations (interjection, juron, insulte). La devise. Les agrapha. Le fragment, la pensée, la fusée. La célébration, l'éloge, le blason, le tombeau, le panégyrique, l'hagiographie, l'apologie. La parodie, l'imitation, le pastiche. Le pot-pourri, le centon. Le fatras, la sotie. Le testament, le lai. La farce. L'intermède (ou interlude). Le fabliau, l'isopet, le bestiaire (et le lapidaire), la chantefable, le dit. Le conte de fées. Le conte de ma mère l'oie. La commedia dell'arte, le guignol, les marionnettes. La mascarade. Le mime, la pantomime. Le paso, la procession, le défilé. La pastourelle, la villanesca (vachère), la romance, le minnesang (poème d'amour courtois), le madrigal. Le virelai, le rondeau. Le sonnet. Le canzone. Le roman courtois. Le roman de chevalerie. La poésie mystique. La poésie pastorale. Les bergeries, le roman psychologique. Le roman picaresque, le roman d'aventure, le roman de cape et d'épée. Le roman héroï-comique. La tragi-comédie. L'épigramme, le pamphlet, la satire. Le tableau, le théâtre poétique. Le drame. Le mélodrame. Le grand guignol. La relation, le récit de voyage. Le mémoire. L'esquisse. L'essai. La dissertation, la thèse, le traité, la somme. L'encyclopédie, le dictionnaire, la nomenclature. Le journal intime, l'autobiographie, les carnets, la confession. Le discours d'apparat (adresse, compliment), le discours du trône. L'oraison funèbre. La mercuriale. La plaidoirie, le réquisitoire, la défense. L'échange de correspondances. Le roman épistolaire. Le roman sentimental. Le roman réaliste et naturaliste. Le fantastique. L'opéra, l'opérette, le chant (bel canto, aria). La zarzuella. Le théâtre de boulevard, le vaudeville, la revue (bye bye). Le monologue, la récitation. Le portrait, le portrait-charge, la caricature. Le théâtre de moeurs. Le théâtre bourgeois. Le roman humanitaire. La reconstitution historique. Le guide, le mode d'emploi, le descriptif, la fiche signalétique. Le poème en prose, le poème surréaliste. L'écriture automatiste. La lettre-poème. Les arts poétiques, les manifestes. Le slogan publicitaire. Le speech, le laïus, le toast. La préface, la postface. Le roman policier (polar). La comédie larmoyante. Le roman fleuve. La saga. Le roman savon. Le roman Harlequin. Le lapsus. Le bon mot. Le trait d'esprit. Le mot historique. L'anecdote, l'ana. La plaisanterie, la blague, la gaudriole, la galéjade, l'astuce, le jeu de mot, le calembour. Pun, Irish bull. La devinette. Les jeux littéraires: mots croisés, rébus, cadavre exquis. La nouvelle, le récit. Le catéchisme, le petit livre rouge, les recueils de citations. La méditation, l'oraison, l'exercice spirituel. La prédication, la harangue. Le discours électoral. La proclamation, la déclaration politique, la conférence de presse. Le communiqué de presse, le bulletin d'informations. L'éditorial. Le billet. L'entrevue (interview). La lettre ouverte. Le livre blanc. Le débat, la table ronde, le panel. La critique, l'analyse littéraire. Le rapport. Le résumé. Le digest. Le compte-rendu, la recension. La communication scientifique. L'échange de vues. La négociation, les pourparlers. La délibération, la concertation, le briefing. Le scénario de film. Le radio-théâtre. Space opera. Science-fiction. Rétro-fiction gothique (Heroic fantasy) La ligue d'improvisation (joute théâtrale). Le happening. Les cas. Les mémorables. Le reportage sportif. Le dessin humoristique. La bande dessinée. La poésie graphique, sonore, le lettrisme. Le nouveau roman. Le chosisme. Oulipo, les procédismes. La chanson moderne. Le monologue intérieur, le dialogue intérieur, l'endophasie (magnétophone intime). L'alittérature. Le texte signifiant.

Classement.

On regroupe par familles les genres qui suivent des types de déroulement semblables.

Partons du plan chronologique, le plus évident. Il convient au récit, à tout ce qui est narratif, à ce dont le contenu est une action:

 

conte, épitaphe, cosmologie, chronique, légende, épopée, almanach, fabliau, bestiaire, dit, roman courtois, roman de chevalerie, roman picaresque, d'aventure, de cape et d'épée, héroï-comique, relation, récit de voyage, autobiographie, roman épistolaire, roman sentimental, roman réaliste, naturaliste, "revue", roman humanitaire, reconstitution historique, postface, roman policier, roman-fleuve, saga, roman savon, roman Harlequin, anecdote, ana, nouvelle, résumé, digest, scénario, science-fiction, cas, mémorable, bande dessinée, nouveau roman.

Chaque fois qu'une histoire prend place dans un poème ou une pièce de théâtre, ce plan ressurgit tout naturellement, mais de façon épisodique.

Un plan moins construit mais analogue est celui des oeuvres théâtrales. Cette fois, l'histoire se déroule sous nos yeux, elle passe de l'énoncé à l'énonciation, elle suit le mouvement actuel du locuteur ou des interlocuteurs. C'était déjà le mouvement de la danse primitive. Ce sera celui de la saynète, de la vision apocalyptique ("Oui, viens, Seigneur Jésus!") de la tragédie et de la comédie, des mystères médiévaux, des "moralités", des farces et intermèdes, des parodies et pastiches, de la commedia dell'arte, du mime, de la procession, du défilé, de la tragi-comédie, du tableau, du théâtre poétique, du drame, du mélodrame, du grand-guignol, de l'opéra comme de l'opérette, du théâtre de boulevard, du vaudeville, du théâtre de moeurs et du théâtre bourgeois, de l'écriture automatiste, de la lettre-poème, de la comédie larmoyante, du lapsus, de la gaudriole, de la conférence de presse, de la ligue d'improvisation, du reportage "sur le vif", de l'endophasie, du monologue intérieur, du dialogue intérieur.

Ce qui est lyrique et poétique suit-il un plan? Peut-être celui de la recherche d'un effet, ressenti et produit, car cela peut comporter des étapes, même si c'est parfois instantané. On trouve ce type de plan dans le cri animal (modulé), à la naissance du langage, quand le mot était une phrase, dans les hymnes, les odes, les psaumes, les exclamations diverses, le bel canto, le slogan publicitaire et jusqu'au trait d'esprit.

Origine la plus lointaine des genres, le cri lyrique est sans doute le terme le moins marqué, et, pour les textes brefs, le centre neutre du système des plans. Pour ordonner les parties du système, on placera le mouvement entre le cri et le récit. Viennent ensuite les plans "logiques".

L'ordre logique déductif suppose une situation d'autorité (acceptée). C'est celui des inventaires, des lois, des leçons, des thèses, des mémoires, des essais, des guides, des fiches signalétiques, des catéchismes, des communiqués, des rapports, des comptes-rendus et des communications scientifiques.

Un autre ordre logique prend appui sur le plan de l'interlocuteur. Il va des adages aux délibérations en passant par les discours oratoires, les dialogues, célébrations, pot-pourri, épigrammes, pamphlet, satire, journal intime, oraison funèbre, mercuriale, plaidoirie, correspondance, récitation, manifeste, speech, plaisanterie, méditation, discours électoral, proclamation, déclaration politique, éditorial, billet, entrevue, lettre ouverte, débat, table ronde, panel, échange de vues, négociations, pourparlers, concertation, dessin satirique. D'une logique inductive, il est plus proche du plan chronologique que l'autre plan logique, qui est déductif et comme intemporel.

Tous les genres ont-ils trouvé place dans ces cinq catégories? Il faut en ouvrir une sixième dont la séquence est régie de façon purement formelle. Il ne s'y trouve que quelques jeux littéraires: lipogramme, boustrophédon, holorime, acrostiche, rondeau, virelai, sonnet; le dictionnaire (ordre alphabétique); le bon mot, le jeu de mot, la calembour, les mots croisés, le cadavre exquis; le rébus, le lettrisme et le chosisme, les inventions oulipiennes, les procédismes, l'alittérature, la signifiance...

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