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Frédéric GIMELLO-MESPLOMB, Maître de conférences |
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Fiche pratique : Elaborer un projet culturel
Une oeuvreDIFFUSION OU CREATION ?Au coeur du projet donc, la présence d'une oeuvre. Littéraire, musicale, picturale, architecturale, scientifique ou autre : le texte va devenir spectacle, la partition concert, la collection exposition ou musée. Le monument, si on ne lui demande pas seulement d'abriter tel ou tel service, devient, mis en valeur, vecteur d'histoire et d'identité. Il s'agit, dans tous les cas, de diffusion : l'oeuvre existe déjà. Dans le cas contraire, il s'agit alors de création, c'est vous qui suscitez l'oeuvre, avec toutes les inconnues, faites d'interrogation et d'exaltation, en l'attente du rendu. Sans disserter sur les chemins de la création, sur les muses et les transes, le hagard et l'échevelé, notons le rôle important joué par la commande, publique ou privée, dans l'histoire de l'art : mise en oeuvre de moyens parfois considérables, cahier des charges valant souvent défi créatif ou technique. QUELS INTERVENANTS ?Si l'oeuvre est nécessairement au coeur de tout projet culturel, la rencontre publique avec celle-ci exige des forces vives. Des comédiens, musiciens ou danseurs, un commissaire d'exposition. Ou des créateurs : auteur, compositeur, peintre ou plasticien, photographe, architecte, etc. Peut-être aussi que, par intuition, admiration, sentiment d'une connivence artistique, vous aurez, et ce sera tout autant légitime, choisi l'artiste avant l'oeuvre. Tel acteur ou soliste, tel metteur en scène ou scénographe, tel scientifique. Le choix d'un intervenant de haut niveau, véritable professionnel en adéquation avec les objectifs du projet et conscient de ses responsabilités face au public concerné, reste l'atout premier pour la réalisation d'un projett culturel de qualité (cette notion de professionnalisme des intervenants s'appuyant d'ailleurs sur une solide connaissance d'un parcours artistique et d'une personnalité). Sachez aussi qu'avec ces médiateurs, vous allez partager le projet : celui-ci, dès lors, avant même d'être offert au public, ne vous appartiendra plus en propre. Si l'intervenant est plus un animateur formé qu'un professionnel reconnu dans sa discipline, si le public, jeune la plupart du temps, préexiste au sein d'une structure déjà en place, votre projet sera dit socio-culturel , cas particulier non traité ici (cf Des partenaires). Un publicNI ELITISME, NI POPULISMEPas d'oeuvre sans public ! Et s'il ne faut pas exclure que telle soirée confidentielle ait, malgré tout, un moment de grâce, la salle vide ne confère aucune légitimité particulière. La salle pleine, en revanche, affirme une force, mais, entendons nous, cette aune majeure qu'est la fréquentation doit impérativement être mise en regard de la qualité artistique . Le public se mérite, se gagne, se fidélise. Se forme aussi. Et s'il vient, généreusement offrir sa ferveur, refusons qu'il soit trompé, flatté ou gavé, veillons à ce qu'il soit, au contraire, nourri. Par l'excellence et la prise de risque artistique qui doivent à ce titre être soutenus. A condition que, simultanément, une volonté structurée d' élargissement des publics les porte. COMMUNIQUERQuel contexte ?Tel confrère, trente ans de métier, connait son public comme pas deux. Intègre en une formule secrète plus- et moins-values (jour, date, concurrence, difficulté de l'oeuvre, notoriété des interprètes), souligne la forte décote de la musique de chambre mais le redémarrage du lyrique (limité, il est vrai, à trois Mozart et quatre Verdi) et rend, infaillible, son verdict à vingt fauteuils près. Vous n'en êtes pas là. Communiquer c'est d'abord connaître. Un environnement culturel, des habitudes, des réactions. L'opération est-elle nouvelle ? Dans quel contexte (géographique, historique, mais surtout sociologique et culturel) se situe-t-elle ? S'inscrit-elle dans un réseau ? En continuité d'une politique plus ancienne ? En rupture avec tel contexte ou situation ponctuelle ? Est-elle amenée à se répéter ? S'agit-il d'une préfiguration ? Vers quel public ?C'est, par ailleurs, identifier les destinataires présumés de l'opération. La cible, comme disent publicitaires et mercaticiens. Nombre de rencontres ont, récemment, mis en lumière une méconnaissance générale des publics de la culture et les études, concernant non les chiffres de fréquentation des manifestations culturelles mais la nature et les motivations du public accueilli, restent rares. Réfléchir à la nature du public que l'on souhaite voir concerné par l'opération à mener permet non seulement de mettre en place un accompagnement adéquat, de faciliter la médiation entre oeuvre et public mais également d'éviter les difficultés pouvant résulter, en termes d'impact, d'une inadéquation entre public escompté et public réel. Grand public ou public spécialisé ? De milieu rural, urbain, périurbain ? Quelle est la tranche d'âge plus particulièrement concernée ? Quelle est, a priori, sa disponibilité (vous devez programmer une date, une heure) ? Son degré d'implication (dans sa préparation et son déroulement) ? Dans quel lieu ?C'est, aussi, choisir un lieu. En décider croise, de fait, une contrainte extérieure et un objectif artistique : l'éventail des possibles est plus ou moins grand, vous souhaitez, ou non, intégrer un effet de surprise, une résonance particulière par rapport au projet. Le choix d'un lieu est, évidemment, particulièrement significatif lorsqu'il sort de l'institution (chorégraphie au musée, exposition ou création audiovisuelle en prison, représentation théâtrale ou concert dans une usine). Faire savoirC'est, enfin, créer l'événement. Le dossier de presse, précis, intelligent, pas trop bavard, avec photos s'il vous plait, sera votre prestation de base. ACCUEILLIREnfin le jour J ou presque. Profitez des moments de l'accueil pour solliciter, de manière mesurée et courtoise, les réponses et réactions aux indicateurs mis en place pour fonder l'évaluation dynamique de votre action. Cette évaluation, trop souvent négligée, à mener tant pendant les différentes phases qu' a posteriori, doit permettre de mesurer sa conformité au projet initial (n'excluant pas un recadrage éventuel en cours de réalisation) ainsi que son adéquation et son impact. Ses outils (tableaux de bord, questionnaires, observations, baromètres de fréquentation) mèneront, dans toute la mesure du possible, au delà des données immédiates brutes que sont fréquentation et réactions du public. Des partenairesJeter les bases d'un véritable partenariatDès lors que vous faites appel à des financements extérieurs, publics ou privés, la question du partenariat à établir se pose. Considérez, vous vous en porterez mieux, que ce partenariat n'est jamais un dû et gardez à l'esprit que vos partenaires sont sensibles au fait que vous les considériez moins comme des planches à billet que comme des conseillers capables d'un avis pertinent. Le véritable partenariat se construit dès la phase d'élaboration, le plus en amont possible, intègre les partenaires sollicités (ville, département, région, état, institutions culturelles, entreprises, etc) à la démarche, confronte les objectifs de chacun, prend en compte les remarques formulées et rend solidaire des objectifs communs dégagés. Il permet la constitution d'un réseau de confiance autour du projet et des artistes, permet aussi d'envisager l'éventuel prolongement de l'action entreprise. N'hésitez pas à promouvoir des formes originales de partenariat : jumelage entre une institution culturelle et un établissement d'enseignement, voire une entreprise, par exemple. Renzseignez vous auprès de chacun non seulement quant à ses priorités d'action et formes de soutien mais également quant à ses propres procédures, calendriers, contraintes et commissions. Et retenez que l'automne peut s'avérer favorable pour présenter des projets : vous passerez pour un gestionnaire prévoyant s'il s'agit de l'année suivante, décrocherez peut-être, si votre propos accroche, une apaisante inscription au projet primitif. Vous pouvez également, divine surprise, vous voir proposer un reliquat devenu soudain, fin de gestion oblige, encombrant ... Vos partenaires potentiels ayant besoin d'être rassurés quant aux risques financiers encourus et à la signification de leur engagement à vos côtés, vous saurez, donc, les convaincre : votre gestion rigoureuse met à l'abri de toute dérive, votre projet répond à leurs propres objectifs tant en actions qu'en image, mieux encore, il crée une véritable synergie. Dans le cadre de projets dits socio-culturels (cf Quels intervenants ?), solliciter prioritairement les administrations directement compétentes : éducation nationale, jeunesse et sports, affaires sanitaires et sociales, etc. MONTER LE DOSSIERTechniqueIl convient d'ébaucher, dès la phase d'élaboration, le montage technique nécessaire à l'opération projetée. Qui porte le projet ? Le porteur de projet possède-t-il la licence d'entrepreneur de spectacles ? S'agit-il d'une création, d'une coproduction ? Combien de personnes assistent le chef de projet ? S'agit-il de bénévoles (dans ce cas, quelle est la limite de leur intervention ?) ou de professionnels à rémunérer selon la législation du travail ? Quelles sont les obligations sociales à respecter (paiement des charges sociales par exemple ) ? Quel mode de fonctionnement et quel statut juridique pour l'établissement (lorsqu'il y a création d'une structure culturelle) ? Comment le respect des normes de sécurité sera-t-il garanti ? Quels documents fixeront les droits et obligations des uns par rapport aux autres (contrats, conventions, etc.) ? FinancierParallèlement, un budget prévisionnel équilibré, incluant bases de calcul précises, doit être élaboré, assorti d'un plan de financement indiquant les partenaires financiers potentiels et les montants sollicités. En règle générale, le porteur de projet aura plus de chances de voir l'opération aboutir s'il diversifie sa demande (aucun partenaire ne fianncera à 100% ! ) et s'il bannit systématiquement les postes artificiellement gonflés au profit d'un budget aussi serré que réaliste. Par ailleurs, une aide au projet, voire même un crédit d'investissement, seront toujours plus faciles à obtenir qu'une aide au fonctionnement, celle-ci engageant le long terme. Le dossier à présenter comprendra, au minimum, les pièces suivantes : LE MINISTERE DE LA CULTUREQuelles missions ?Aux termes du décret du 24 juillet 1959, le ministère chargé des affaires culturelles a pour mission " de rendre accessibles les oeuvres capitales de l'humanité, et d'abord de la France, au plus grand nombre possible de français: d'assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel, et de favoriser la création des oeuvres de l'art et de l'esprit qui l'enrichissent". A noter que, depuis le décret du 1er juillet 1992 portant charte de la déconcentration, " la déconcentration est la règle générale de répartition des attributions et des moyens entre les différents échelons des administrations de l'état " et que les missions des administrations centrales sont d'assurer "au niveau national un rôle de conception, d'animation, d'orientation, d'évaluation et de contrôle." C'est donc à la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) territorialement compétente qu'il incombe d'instruire vos projets. Quels interlocuteurs à la direction régionale des affaires culturelles ?Des conseillers et chargés de mission (action culturelle, théâtre, musique et danse, cinéma et audiovisuel, arts plastiques, musées, livre et lecture, culture scientifique et technique, affaires internationales, actions en milieu scolaire). Quelles formes de soutien ?(hors aide institutionnelle, dûment contractualisée, aux équipements ou événements majeurs de la vie culturelle)
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