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          Frédéric GIMELLO-MESPLOMB, Maître de conférences

 
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Naissance et évolution du décor de film


Après la découverte du "cinématographe" par les Frères LUMIERE et leur projection publique au "Grand Café" à PARIS, le 28 décembre 1895, il reste à inventer le DECOR DE FILM.

Celui-ci naîtra de l'imagination prodigieuse d'un "Constructeur de théâtre, décorateur et illusionniste", Georges MÉLIÈS qui, dès 1896, proposera au public une série de spectacles appelés "scénarios, trucs, décors de GEO MÉLIÈS".

La notion de studio n'existe pas encore.

Elle prend forme avec le premier "THEATRE DE PRISES DE VUES", construit par MÉLIÈS en 1897, à Montreuil.

Car l'histoire du Décor de film sera aussi l'histoire de ses studios de prises de vues.

Le premier décor sera une toile de fond principale avec plans de côtés et frises, le tout peint, comme au théâtre. Puis MÉLIÈS invente les premiers TRUCAGES cinématographiques, dont certains sont encore employés :

  • L'arrêt sur image (1898)
  • La substitution (apparition, disparition) (1898)
  • Le fondu (1898)
  • La surimpression (1898)
  • Les caches-contre-caches (1898)
  • Les miniatures (1898)
  • Le tambour
  • Le déroulant
  • Le décor suspendu
  • La découverte peinte (1898)
  • Le découpage prédessiné, ancêtre du "story-board" d'aujourd'hui.

1898  : En Grande Bretagne, William PAUL construit le premier studio de prise de vues anglais.

1900  : WILLIAMSON commence à employer des trucages semblables à ceux de MÉLIÈS en FRANCE

1902  : MÉLIÈS engage les premiers décorateurs de films qui viennent du théâtre. Il invente aussi à cette époque, le trucage d'agrandissement et de rapetissement.

1903  : Charles PATHE fait construire le premier grand studio ultramoderne à Vincennes avec :

  • Un vaste plateau vitré
  • Des magasin de décors et accessoires
  • Des bureaux de production, des bureaux de metteurs en scène.
  • Un atelier de fabrication et de maquettes.

Jusqu'en 1903, on utilise les mêmes châssis de décor qu'au théâtre. Après 1903, on les construit en série.

1905  : MÉLIÈS construit son second studio à Montreuil. Celui-ci est perfectionné, équipe de lumières artificielles, de déroulants panoramiques, de fausses rues, etc...

1906  : Premier STUDIO GAUMONT à PARIS. GAUMONT devient le premier grand rival de MÉLIÈS.

1907  : Premier STUDIO ECLAIR à EPINAY SUR SEINE. Plateau de 40 m x 20 m. Toujours vitré, avec piscine, fosses, ateliers de menuiserie, peinture et décoration.

En 1907 , on compte 10 studios dans la Région Parisienne.

  • Théâtre "MÉLIÈS" à Vincennes
  • Théâtre "PATHE" à Vincennes et à Montreuil
  • Théâtre "GAUMONT" à Paris
  • Théâtre "ECLAIR" à Epinay sur Seine
  • Théâtre "THEOPHILE PATHE" à Paris
  • Théâtre "Georges HATTO" au Pré St Gervais
  • Théâtre "DESIREE WEISS" à Paris
  • Théâtre "GALLAND" au Pré St Gervais
  • Théâtre "SOCIETE LUX" à Paris

1908  : EN ITALIE, où le cinéma est né aux environs de 1905, la "CINES" produit des films à très gros décors et commence à utiliser la technique du "staff" (plâtre armé de filasse).

En FRANCE, le décor de film s'apparente encore au décor de théâtre. Peu à peu de vrais meubles remplacent les meubles peints à même la toile de décor. Le décor reste très conventionnel.

Vers 1910  : Apparaît le premier exemple de "Perspective forcée", technique de dessin qui permet de prolonger le décor par une maquette réduite, et de donner l'illusion de profondeur. Cette technique nécessite un respect absolu des règles de la perspective, de l'axe optique de la caméra, des angles de prises de vues et de la hauteur de l'horizon.

1913  : Premières apparitions d'éléments construits dans le décor de film. Le tulle tendu remplit les vides qu'on laissait à la place des vitres

1913  : MENESSIER met au point la technique de "L'image opérée", technique qu'il exporte d'Amérique et qui permet de ne construire que ce qui sera vu à l'image et nécessite une implantation du décor en fonction des angles de prise de vues.

1914  : Les châssis recouverts de toile peinte, laissent peu à peu place à des châssis construits en contreplaqué.

De 1914 à 1918  : Création du STUDIO DE BILLANCOURT et généralisation de l'emploi du contreplaqué dans le décor de film.

Après 1918  : L'utilisation du "staff" se généralise dans le décor.

De 1915 à 1920  : La technique cinématographique évolue très vite, l'appareil de prises de vues se déplace dans le décor, les plateaux s'agrandissent, les vitres des studios sont remplacées par des murs. On construit des châssis en contreplaqué recouverts par une toile fine et tendus ensuite de papier kraft pour être peints.

Les décors se rapprochent alors, de la réalité. La technique de construction s'inspire de la construction dans le bâtiment.

1918  :

  • Création des studios de la "VICTORINE" à NICE
  • Création des studios de ST MAURICE

1920  : M. DAY exécute les premières "GLACES PEINTES", glaces interposées entre la caméra et le décor construit à l'échelle réelle, (c'est l'ancêtre du MATTE PAINTING d'aujourd'hui), et dont le dessin raccorde la partie non construite du décor.

De même, la technique des "Maquettes réduites construites" est mise au point par WILCKE et MINIME (ces dernières se placent aussi entre la caméra et le décor, de façon à coiffer le haut du décor non construit).

Les décorateurs, qui ne viennent plus du théâtre mais de l'architecture et de la décoration, perfectionnent les méthodes de mise en perspective du décor selon les angles de prises de vues, ceci afin de mieux utiliser ces nouveaux trucages.

Jusqu'en 1920  : Les décors sont peints en gris ou en sépia. Avec l'arrivée, en 1924 de la pellicule panchromatique, on commence à peindre les décors en couleurs.

1925  : Invention du procédé SCHUFFTAN, par Eugène SCHUFFTAN, qui utilise une maquette construite ou peinte se reflétant sur une glace argentée placée à 45° sur l'axe optique et coiffant ainsi la partie non construite du décor. La partie haute de cette glace sert de miroir, la partie basse est désargentée, de façon à filmer librement le décor construit.

A partir de 1926  : Tous les décors sont construits en contreplaqué, la toile peinte est définitivement abandonnée.

1926  :

  • Construction des studios PATHE CINEROMAN à Joinville
  • Construction des "STUDIOS REUNIS" à Francoeur

1927  : Le "DUNNING" est inventé par C. DODGE DUNNING (trucage issu des procédés de caches - contre-caches et ancêtre du "TRAVELING MATTE").

1928  : Le passage du 16 images / seconde au 24 images / seconde a pour effet de renforcer le souci de réalisme du DECOR.

1929  : Avec l'apparition du parlant, on insonorise les STUDIOS.

1930  : Projection arrière dite "Transparence" en "Back projection". Cette technique exige d'agrandir les plateaux des studios de prises de vues (le décor est projeté à l'arrière des comédiens) sur un écran translucide, les comédiens jouent devant l'écran de projection.

1930  : Création des châssis standards dans les studios pour faciliter la construction de décors et construire plus vite surtout (déjà cette notion de temps qui n'a cessé de nous poursuivre ! ). Tous les châssis sont répertoriés

Les Architectes-Décorateurs, Jean PERRIER et Lazare MEERSON perfectionnent la technique de "l'image opérée". L'image construite sur plans sera l'image exacte vue à la projection.

1935  : "La DECOUVERTE photographique" remplace la DECOUVERTE peinte. Celle-ci est tirée en sépia et retouchée en couleurs par des peintres décorateurs. Le mot "Découverte" venait du théâtre : c'est la portion de décor vue à travers une porte, une baie libre ou une fenêtre.

1938  : ABEL GANCE invente le PICTOGRAPHE et le PICTOSCOPE.

Le PICTOSCOPE permet, à partir d'un document peint ou photographié, de construire le reste du Décor en fonction de l'échelle du document. Il nécessite donc, de la part des Décorateurs, un travail de "Métrophotographie".

1941  : Naissance des studios de BOULOGNE

1942  : M. P.A. DUFOUR s'inspirant du "PICTOSCOPE" d'Abel GANCE met au point le "SIMPLIFILM" qui permet d'enregistrer simultanément une photo découpée et une scène animée réelle, grâce à un dispositif optique placé devant la caméra.

1943  : Création de l'I.D.H.E.C. (Institut des hautes études cinématographiques) où une section "Architecture-Décoration" va former les futurs "architectes - décorateurs" de films jusqu'en 1969.

1944  : Création par C. AUTANT-LARA - J. CARRERE - L. DIDIEE - M. DOUY - F. ORAIN - J. VACHER - J. VIVIE... de la Commission Supérieure Technique du Cinéma (C.S.T.).

Après 1950  : Les techniques de construction des décors de film vont évoluer rapidement grâce aux progrès de l'industrie chimique. On va alors employer des agglomérés, des plastiques, de nouvelles peintures séchant très vite (toujours vite ! ) et très couvrantes, etc... Les matériaux changent.

1951  : Avec le développement des premiers films couleur, les décors doivent être peints avec plus de précision. Les découvertes photographiques doivent être plus soignées.

1952  : Le "TRAVELLING - MATTE" dérivé du "DUNNING", permet de filmer un acteur seul devant un fond bleu, et de l'intégrer ensuite dans le décor filmé séparément (issu du système cache contre-cache).

1954  : La projection frontale d'ALEKAN - GERARD, permet de filmer des comédiens dans de grands décors. Le décor est projeté sur un écran très réfléchissant à travers un miroir semi-transparent placé à 45 °.

1960  : Le phénomène de la "Nouvelle Vague" éloigne les tournages des studios, au profit de tournage en extérieurs et intérieurs réels.

1969  : Fermeture de la section "Architecture-Décoration" de l'I.D.H.E.C. On ne forme plus d'architectes-décorateurs de films. Ils viendront alors, d'un peu toutes les disciplines, souvent de l'architecture, mais en général et surtout, n'auront aucune formation artistique et technique !

Pendant les années 70  : On utilisera de nouveaux matériaux comme le polystyrène expansé, la résine, le procédé du thermoformage qui vont remplacer définitivement le "staff".

Les années 1970/1980 font apparaître la palette graphique et l'incrustation puis, dans les années 1980, les images de synthèse 3D, le tout destiné d'abord aux génériques télévisés et à la publicité. En 1983, la scannérisation des objets. Toutes ces techniques de traitement de l'image vont peu à peu modifier la conception même du DECOR de film..

La technique du "MATTE-PAINTING" remplace peu à peu la glace peinte. Ceci d'abord par trucage optique, puis peu à peu par trucage numérique (des parties entières de décor n'ont plus besoin d'être construites).

La palette graphique va remplacer le crayon de l'architecte.

L'ordinateur crée ou mélange les images.

Tous les trucages sont envisageables.

Les images peuvent être de "synthèse", le DECOR "virtuel" ainsi que le studio.

Les techniques traditionnelles de la construction de décor ne disparaissent pas totalement, mais le numérique marque un pas capital dans l'évolution du DECOR.

Cette technique peut être dans l'avenir, un formidable atout pour l'Architecte-Décorateur, grâce aux multiples possibilités qu'il apporte au décor et au trucage. Mais si les Architectes-Décorateurs de films ne saisissent pas que cette "valeur ajoutée" peut enrichir leur travail, ils risquent de ne plus servir eux-mêmes la qualité artistique de l'image dont le DECOR est le support.

Les Architectes-Décorateurs doivent aujourd'hui s'interroger sur la façon de s'inscrire techniquement et artistiquement dans la fabrication des images de demain.

Rédaction : Nicole Rachline

©1998, Commission Supérieure Technique de l'Image et du Son