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          Frédéric GIMELLO-MESPLOMB, Maître de conférences

 
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Documentaire : Le Salon des refusés
Entretien avec Loïc Bagès du Forum des images et Jean-Marc La Rocca de l'Association des cinéastes documentaristes, par Christophe Kantcheff



Le Salon des refusés accueille plus de 550 documentaires de création que la télévision hertzienne n'a pas voulu diffuser. Une initiative prise par le Forum des images à Paris et l'Association des cinéastes documentaristes (Addoc) pour interpeller les chaînes du service public en particulier.
     

Quel est le dénominateur commun des films présentés au Salon des refusés ?

Jean-Marc La Rocca (Addoc) : Tous ces documentaires ont été refusés à la diffusion par les chaînes de télévision hertziennes, et pour certains d'entre eux, également lorsque le dossier avait été soumis aux diffuseurs en vue d'une coproduction.

Comment est née l'initiative de ce Salon des refusés ?

Loïc Bagès (Forum des images) : L'initiative vient d'Addoc, parce que les documentaristes sont dans une situation extrêmement difficile pour réaliser leurs films, notamment à cause du durcissement des contraintes économiques, et au formatage, qui s'accentue à la télévision. Au mois d'août 2003, un appel a été lancé aux États généraux du documentaire de Lussas, conjointement par Addoc et le Forum des images, en direction de tous les documentaristes qui ne pouvaient pas diffuser leur film à la télévision. Cet appel les invitait à s'inscrire au Salon des refusés. Dès le départ, la règle était que nous allions en projeter une trentaine, mais que tous seraient visibles d'une autre manière. J.-M. L.R. : C'était un pari. On ne savait pas quel genre de films nous allions recevoir, ni combien. Il n'y avait aucun critère de date de réalisation, aucun critère de format. Seule contrainte : n'était admis qu'un film par réalisateur. Finalement, 554 films sont inscrits au Salon des refusés.

Vous avez reçu une majorité de films récents, et beaucoup de premiers films...

J.-M. L.R. : Nous avons reçu beaucoup de films récents. Plus de la moitié, 300 exactement, datent de 2002 et 2003. Et nous avons reçu 185 premiers films. Il faut savoir que les « cases » destinées au documentaire de création, celui qui revendique la subjectivité de son auteur, à la télévision, sont en nette diminution. Si les chiffres du Centre national de la cinématographie (CNC), en 2002, indiquent que la production de documentaires est en augmentation, cette croissance est largement le fait des chaînes locales ou thématiques. Les télévisions auraient-elles peur de l'expression du regard critique des auteurs ?

Que pensez-vous de la qualité des films inscrits ?

J.-M. L.R. : Bien entendu, les films ne sont pas tous du même niveau de qualité. Certains premiers films sont à mes yeux excellents. Il y a pourtant un problème de formation des nouvelles générations de réalisateurs, parce qu'ils ne trouvent pas de stages ou de poste d'assistants, du fait du sous-financement de la production. Grâce aux outils électroniques, ils peuvent faire leurs propres films, mais sans la collaboration de techniciens, d'un producteur. Ils travaillent dans une grande solitude. Cela dit, nous avons voulu casser cette idée reçue que si un film n'est pas diffusé à la télévision, c'est qu'il n'est peut-être pas si bon que cela. Le Salon prouve qu'il y a d'autres raisons. L.B. : Au-delà de la question de la qualité, ce qu'on découvre suite à l'appel lancé à Lussas, c'est qu'il y a un ensemble de films diversifiés, hétérogènes, qui prétendent au passage télévisé. Nous pensons qu'il est important d'entendre le désir des auteurs que leurs films soient vus à la télévision. Or, la mission publique, citoyenne de la télévision, que recouvre-t-elle ? Dans quelle mesure la télévision peut-elle satisfaire la demande de diffuser le documentaire d'auteur, mais aussi d'autres types d'images, des films plus bruts, amateurs, ou bien des films qui détournent des images, ou encore des films d'investigation réalisés en dehors des rédactions et de la presse audiovisuelle ?

Lire la suite dans Politis n° 795

Le programme (de l'édition organisée en 2004)

Du 31 mars au 30 avril, le Salon des refusés se déroule au Forum des images à Paris. 554 films y sont inscrits, réalisés entre 1967 et 2003, et de durées et de formats variables. Jusqu'au 4 avril, une trentaine de ces films sont projetés sur les écrans du Forum, en présence de leurs réalisateurs et producteurs. Ils ont été choisis non parce qu'ils seraient les meilleurs, assurent les organisateurs, mais parce qu'ils « donnent à voir la diversité des thématiques et des formes du documentaire de création ». Jusqu'au 30 avril, l'ensemble des films est accessible dans la salle de consultation du Forum, où un catalogue complet des 554 films permet de se repérer. Enfin, deux débats et un atelier sont organisés.

Les débats : « Que ne peut-on pas montrer à la télévision aujourd'hui ? Peut-on parler de "censure" dans la société médiatique contemporaine ? », jeudi 1er avril à 20 h 30 ; « Quelle place doit revendiquer le documentaire de création face au formatage des émissions télévisées ? », samedi 3 avril à 18 h 30.

L'atelier : « Comment produire un film documentaire sans l'appui des chaînes hertziennes nationales ? », vendredi 2 avril à 10 h.

Forum des images, porte Saint-Eustache, Forum des halles, 75001 Paris. Tél. : 01 44 76 62 00.

 

 

Le Salon des refusés : présentation

Jamais la télévision publique n'a diffusé autant de documentaires, et pourtant le documentaire est en crise. Il y a là un paradoxe sur lequel il convient de réfléchir.

Sous le terme générique de "documentaire" peuvent coexister des genres aussi différents que le reportage, le magazine, le documentaire d'information, le feuilleton-documentaire, la fiction documentaire et le documentaire de création pour ne citer que les plus repérables. L'amalgame de genres différents sous une appellation unique entretient une confusion. Le documentaire de création, c'est celui qui questionne le réel, engage le point de vue et l'écriture singulière de son auteur, laisse place à la réflexion du spectateur, construit des personnages et du lien social, permet de découvrir des histoires secrètes. Aujourd'hui, sa place à la télévision se réduit de plus en plus.

Au nom de l'audimat, la pression économique qui règne aujourd'hui sur les chaînes nationales entraîne un formatage de plus en plus serré. Les téléspectateurs n'ont plus suffisamment l'occasion de voir ces films singuliers, hors format, que sont les documentaires de création.

Actuellement, la recherche, l'archéologie, l'éducation, l'art et la culture sont attaqués. C'est le symptôme d'une volonté de faire disparaître la mémoire collective pour entrer dans l'éphémère, l'immédiat et le jetable. Or le documentaire de création ne s'inscrit justement ni dans ce temps-là, ni dans cette histoire-là.

Le Salon des refusés est l'occasion de débattre de la place nécessaire de ces films sur les chaînes publiques, du désir du téléspectateur et des missions du service public.

Le Salon des refusés est parrainé par Jean-Louis Comolli, Raymond Depardon et Bertrand Tavernier.

Le "Salon des refusés"

554 films documentaires réalisés entre 1967 et 2003, coproduits ou auto-produits en France, qui ont en commun de n'avoir jamais été diffusés par la télévision hertzienne nationale, sont proposés sur écran individuel dans la salle de consultation du Forum des images.

Le plus souvent diffusés par le câble, ces films présentent des points de vue et des écritures singulières sur les luttes sociales, sur la rencontre de l'autre, sur la mémoire, sur les marges de la société, l'intime, l'art, etc. Certains d'entre eux ont été produits par les chaînes nationales mais laissés "sur les étagères", censurés ou amputés.

Du 31 mars au 4 avril 2004, 34 de ces documentaires "pas vus à la télé" sont projetés en salle , en présence de leurs réalisateurs, suivis chaque fois d'une rencontre avec le public.

Samedi 3 avril 2004, un grand débat public pose la question de ce refus économique et politique, interroge les missions du service public, réfléchit sur des alternatives satisfaisantes tant pour les téléspectateurs que pour les réalisateurs et les producteurs.

Ni prix, ni trophées, mais l'occasion d'interroger un hors champ de la télévision publique...