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le système
des studios
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Un
exemple de production fiancière intégrée
verticalement:
Le " système des studios "
Le
système des studios, phénomène typiquement
hollywoodien, domina pendant plus de vingt ans la production
cinématographique américaine. Il est difficile
d'apprécier, aujourd'hui encore, dans quelle mesure cette
structure rigide répondait à une réelle
et impérieuse nécessité économique.
Des
années 30 aux années 50, la production cinématographique
américaine fut complètement dominée par
un groupe restreint de compagnies hollywoodiennes : la Paramount,
la MGM, la Warner Brothers, la 20th Century-Fox et la RKO Radio.
Ces cinq grandes compagnies, qualifiées de " majors
", non seulement produisaient et distribuaient des films
sur le marché international, mais possédaient
aussi d'importantes chaînes de salles de cinéma,
contrôlant ainsi pratiquement toutes les opérations
liées à l'industrie cinématographique,
du tournage d'un film à sa projection en public.
Venaient ensuite deux autres compagnies moins importantes, l'Universal
et la Columbia, et une société de distribution,
l'United Artists, qui ne possédaient pas, ou très
peu, de salles de cinéma. Sans le contrôle de ce
dernier maillon de la chaîne, elles n'avaient pas la possibilité
de faire projeter leurs films aux périodes les plus favorables
et devaient donc se contenter des places inoccupées par
les " majors " ou bien s'adresser à des exploitants
indépendants.
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L'United
Artists était un cas assez particulier car elle n'opérait
pas dans le secteur de la production, mais seulement dans celui
de la distribution. Elle avait été créée
en 1919 par Mary Pickford, Douglas Fairbanks, Char-lie Chaplin
et D.W. Griffith pour leur permettre de contrôler la commercialisation
de leurs films.
Enfin, loin derrière ces compagnies, venait un groupe
de sociétés cinématographiques, qualifié
de " Poverty Row ", spécialisé dans
la production de films de série B. Seules la Republic
et la Monogram (qui formèrent ensuite l'Allied Artists)
résistèrent un certain temps sur le marché
et laissèrent quelques traces dans l'histoire du cinéma.
Pour le financement des films, toutes les sociétés
s'adressaient à New York. Wall Street avait renforcé
son contrôle sur les grandes maisons cinématographiques
pendant la période critique de la révolution du
parlant qui avait amené plusieurs compagnies au bord
de la faillite tant les dépenses engagées pour
la modernisation et l'acquisition de nouveaux matériels
étaient lourdes. De plus, la crise économique
avait provoqué une baisse de 50 % environ des entrées
et seul l'appui important des sociétés financières
de la côte est avait permis à de nombreux studios
d'éviter la débâcle. |
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Hollywood crée le «
studio System »
Mais ce fut sur la côte ouest, et plus précisément
à Hollywood, où les légendaires magnats
avaient implanté leurs « usines à rêves
», que la production cinématographique allait s'organiser
selon des critères économiques draconiens : le
« studio System » allait permettre de réaliser
des films avec méthode et efficacité. Dès
lors, au sein des sociétés cinématographiques,
tout le personnel (cinéastes, acteurs connus et moins
connus, scénaristes, opérateurs, décorateurs,
compositeurs et techniciens pour les effets spéciaux,
monteurs) dut se soumettre aux exigences de production du studio,
sans que les aspirations des uns et des autres soient prises
en considération.
Dans un tel système, seules quelques personnes détenaient
le pouvoir : les vieux magnats, bien sûr, mais aussi les
jeunes producteurs aux foudroyantes carrières : Louis
B. Mayer et Irvirig Thalberg à la MGM, Jack L. Warner
à la Warner Brothers, Harry Cohn à la Columbia
et Darryl F. Zanuck à la 20th Century-Fox. |
De haut en bas : les emblèmes d'Universal et de Columbia,
deux sociétés de production américaines
; celui de /'United Artists, une compagnie indépendante
de distribution ; enfin, l'aigle de la Republic, une compagnie
spécialisée dans la production des films de série
B, qui ferma ses portes à la fin des années 50. |
Le jeune et dynamique David 0. Selznick fut nommé chef
de production de la RKO en octobre 1931 et il eut carte blanche
pour mener à bien la fusion avec la Pathé. Mais
les interventions continuelles de l'un des financiers le poussèrent
à quitter la société. Il entra alors à
la MGM, sous les ordres directs de son beau-père, Louis
B. Mayer ; mais -il ne se sentait pas encore assez libre et,
en 1935, il se retira pour fonder une nouvelle maison cinématographique
indépendante. Toujours à la RKO, un autre chef
de la production, Dore Schary, qui avait encouragé de
jeunes talents, tels les cinéastes Robert Wise et Edward
Dmytryk, fut écarté par le nouveau propriétaire
du studio, l'excentrique millionnaire Howard Hughes.
Au début des années 30, Universal était
dominée par son fondateur, Cari Laemmle, qui y favorisa
le népotisme. C'est ainsi qu'il confia la direction de
la production à son fils, comme cadeau d'anniversaire
pour ses vingt et un ans. Cette confiance aux jeunes talents
s'était déjà manifestée d'ailleurs,
dès 1920, quand il avait loué son studio à
un jeune homme très prometteur, âgé de vingt
ans à peine, Irving Thalberg. Ce dernier, cependant,
abandonna bien vite les Laemmle pour entrer à la MGM.
Cari Laemmle Jr. fit la preuve de ses capacités en réalisant
un cycle mémorable de films d'épouvante avec Dracula
(1930) et Frankenstein (1931), mais cela ne suffit
pas pour faire face à la crise et le père et le
fils durent s'en aller. C'est alors que l'on s'aperçut
que Cari Laemmle « avait une famille très nombreuse
» : plus de soixante-dix personnes, parents et collatéraux,
émargeaient au registre des salaires du studio. Les années
suivantes, Universal se trouva dans la dépendance presque
exclusive des rares vedettes qu'elle avait eu la chance de découvrir
: Deanna Durbin, Bud Abbott et Lou Costello.

David 0.
Selznick, l'un des principaux artisans du « studio System
».
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Herbert J.
Yates le patron de la Republic avec sa femme, /'actrice Vera Ralston.
En bas : Bette Davis, vedette de la Warner, en compagnie de Howard
Hughes. |
Le
grand Thalberg
Celui qui
perfectionna et apporta le maximum d'efficacité au «
studio System » fut sans conteste Irving Thalberg : il
créa à la MGM un modèle de production qui
fut ensuite repris par tous les autres studios. Pendant que
Louis B. Mayer s'occupait des acteurs les plus capricieux, cherchait
de nouveaux talents, accueillait les hôtes illustres et
tenait de longs discours, Thalberg, évitant toute forme
de publicité, au point de faire disparaître son
nom du générique des films qu'il produisait, décidait
des films à réaliser et s'en occupait jusqu'à
ce qu'ils soient achevés. Il avait l'habitude de soumettre
chaque projet à un superviseur (Albert Lewin, Bernard
Hyman, Hunt Stromberg ou Lawrence Wein-garten) qui élaborait
le sujet avec les scénaristes et suivait le film pendant
le tournage. Il donnait lui-même un coup d'œil au
scénario, mais il refusait d'assister à la projection
quotidienne des « rushes », persuadé que
« les films ne se font pas mais se recommencent
» : Thalberg attribuait une telle importance aux avant-premières
qu'il faisait reprendre le montage et parfois même le
tournage de scènes entières quand il n'était
pas satisfait des réactions du public.
Après la mort prématurée de Thalberg en
1936, Mayer régna en maître incontesté sur
la MGM jusqu'en 1948. Pour ne pas laisser le contrôle
de la production à une seule personne, il créa
une commission chargée de s'occuper collectivement du
studio. La MGM était solide et, de toutes les compagnies,
elle était sans aucun doute la plus riche en talents
: elle avait en permanence à sa disposition un «
staff » de 20 cinéastes, 75 scénaristes
et adaptateurs et 250 acteurs, et ses bénéfices
annuels oscillaient entre 4 millions et
10 millions de dollars, selon les années. Sous le régime
paternaliste de Mayer, on disait en plaisantant que le sigle
MGM voulait dire « Mayer's Ganz-Mispochen », ce
qui en yiddish signifie « Famille Mayer au complet ».
Celui qui ne voulait pas filer doux était repris de manière
courtoise mais avec beaucoup de fermeté, comme il advint
à cet acteur qui fut un jour, surpris à table
dans la salle à manger du studio en compagnie d'un simple
employé : les vedettes, selon les ordres de Mayer, devaient
en toute occasion garder leurs distances.
La tyrannie des frères
Warner
Darryl F. Zanuck, qui était sorti du rang comme scénariste,
fut nommé chef de production de la Warner. C'est à
lui que l'on doit le lancement des séries de films de
gangsters et des comédies musicales qui firent le succès
de la Warner après le renom qu'elle s'étftit acquis
grâce à l'utilisation du système sonore
Vita-phone. Zanuck et Jack Warner s'entendaient très
bien mais les mesquineries de Harry Warner poussèrent
Zanuck à démissionner. Son poste fut alors confié
à Haï B. Wallis qui, ayant su s'entourer de superviseurs,
de réalisateurs et de scénaristes de talent, contribua
à remplir les caisses du studio.
Tous ceux qui signaient un contrat avec la Warner devaient aussitôt
déployer une activité frénétique
: au début des années 30, par exemple, un cinéaste
comme Michael Curtiz parvenait à diriger cinq ou six
films par an et, en 1932, un acteur de renom comme George Brent
tourna au moins sept films. Confinés dans leurs bureaux,
les scénaristes de la Warner s'ingéniaient plus
à trouver un système pour échapper au contrôle
sévère de Jack Warner qu'à rédiger
leurs sujets. Et quand Jack, pour les pousser à travailler,
leur interdit l'usage du téléphone, tout le service
se mit alors à défiler devant lui pour utiliser
l'unique téléphone payant du studio.
Le rythme de travaux forcés imposé par Jack Warner
provoqua certains désaccords qui restèrent célèbres.
Des vedettes de premier plan comme Bette Davis et James Cagney
en vinrent à contester les rôles qu'on leur demandait
d'interpréter : espérant tourner, de meilleurs
films en Grande-Bretagne, Bette Davis intenta une action pour
faire annuler son contrat, mais elle perdit la cause. Cagney
réussit à réaliser deux films pour son
propre compte mais ensuite, comme Bette Davis, il revint à
la Warner quand il se vit proposer de meilleurs rôles.
Une autre pratique du studio soulevait l'indignation des acteurs
: la date d'expiration d'un contrat était repoussée
d'une période égale au temps perdu par suite du
refus d'accepter un rôle. Olivia de Havilland, par exemple,
suspendue six fois au cours d'un contrat de sept ans pour avoir
refusé de prendre part à des films qui ne lui
plaisaient pas, cita la Warner en justice et elle gagna le procès,
épisode qui lui coûta une absence sur les écrans
de plus d'un an.
Entre-temps, après s'être dégagé
de la Warner, Darryl F. Zanuck réussit, grâce à
son renom, à convaincre le financier Joe Schenck de lui
fournir les capitaux nécessaires pour créer une
nouvelle maison cinématographique, compagnie
se contenta de produire des films qu'elle distribuait grâce
à l'United Artists, puis, en 1935, après sa fusion
avec la chancelante Fox Film Corporation, la nouvelle 20th Century-Fox
commença à tourner des films dans ses propres
studios et à s'occuper de leur distribution.
Libertés et contraintes
La Paramount laissa plus de liberté à la créativité
et aux capacités individuelles et elle en vint même
à confier la location du studio à l'un des hommes
les plus en vue de l'époque, le cinéaste et producteur
Ernst Lubitsch. Mais ce ne fut guère une bonne opération
et Lubitsch retourna bien vite à la mise en scène.
A la fin des années 30, quelques metteurs en scène,
tels William Wellman et Mark Sandrich purent produire leurs
films et certains scénaristes eurent même la possibilité
d'aborder la réalisation : Billy Wilder dirigea ainsi
Gouverneur malgré lui (The Major and thé Minor,
1940) et Preston Sturges Uniformes et jupons courts (The Gréât
McGinthy, 1942).
Le bon fonctionnement du « studio System » à
la RKO dépendait en grande partie de celui qui s'occupait
de la location. Quand George Schaefer fut nommé à
la direction de la production, il accapara aussitôt Orson
Welles et les acteurs de sa compagnie, le Mercury Théâtre
et leur concéda une liberté sans précédent
: le résultat fut Citizen Kane (1941). Mais la politique
de Schaefer, si elle donnait d'excellents résultats sur
le plan qualitatif, ne se montra pas aussi fructueuse sur le
plan commercial ; un nouveau responsable de la production lui
succéda, Charles Koerner, qui mit aussitôt fin
à la collaboration d'Orson Welles. De fait, Welles n'était
guère homme à s'accommoder des systèmes
en vigueur ; les ennuis continuels que lui infligea Jack Fier,
directeur de production de la Columbia, le firent particulièrement
souffrir lors du tournage de La Dame de Shanghai (The Lady from
Shanghai, .1948).
Les studios de la Columbia étaient dirigés par
Harry Cohn, connu, entre autres, pour sa vulgarité. Durant
les années 30 son meilleur « poulain » fut
le cinéaste Frank Capra qui, grâce à une
série de films, dont le célèbre Horizons
perdus (Lost Horizon, 1937), .lui procura argent et prestige.
Le succès de ce film permit aussi d'attirer à
la Columbia des cinéastes de valeur, tels John Ford,
Howard Hawks et George Stevens.
Au cours de ces mêmes années, la Columbia souffrait
d'un manque crucial de vedettes de premier ordre. Cohn fut alors
obligé « d'emprunter » Clark Gable à
la MGM et Claudette Colbert à la Paramount pour le film
de Capra New York-Miami (It Happened One Night, 1934) et Edward
G. Robinson à la Warner pour Toute la ville en parle
(The Whole Town's Talking, 1935) de Ford. Dans les années
40 et 50, la Columbia eut la main heureuse en lançant
Rita Hayworth et Jack Lem-mon.
Malgré les critiques justifiées qu'on pouvait
lui faire, Harry Cohn possédait une qualité :
il avait vraiment le cinéma dans le sang, mais la stupidité
de son frère Jack, refusant de tourner The Life of Chopin
en couleurs, entraîna le départ de Capra.
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de gauche
à droite : Mervyn LeRoy, Marion Davies, Jack Warner et
Haï B. Wallis sur le plateau de Page Miss Glory. |
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Les
petites compagnies cinématographiques
Parmi les petites compagnies de cinéma, deux seulement
réussirent à sortir de la médiocrité
: la Monogram, qui se fit connaître par les séries
policières de Charlie Chan (tirées d'un sujet
original acheté à la 20th Century-Fox) et les
« Dead End Kids » (séries consacrées
à l'enfance dans les villes, achetées à
la Warner), et la Republic qui connut une période faste
en passant un contrat avec John Wayne. Après avoir tourné
La Chevauchée fantastique (Stage Coach, 1939), qui fit
de lui une vedette, la Republic lui confia le rôle principal
dans L'Escadron noir (The Dark Command, 1940), film pour lequel
elle fit appel à un réalisateur de la Warner :
Raoul Walsh et à un célèbre acteur de la
MGM, Walter Pidgeon, deux, véritables atouts de qualité.
Le puissant patron de la Republic, Herbert J. Yates, avait d'autres
vedettes de western sous contrat, entre autres Gène Autry
et Roy Rogers, mais ce furent surtout les films de Wayne qui
firent recette. Cependant, en 1951, Yates refusa le projet auquel
Wayne tenait beaucoup, celui de porter à l'écran
l'épisode de la bataille d'Alamo. (Wayne réalisera
Alamo en 1960.) Yates fut dès lors privé de la
collaboration du grand acteur. Il aggrava la situation de la
Republic en voulant imposer Vera Ralston (qui devint sa femme
par la suite) alors que la cote au box-office de cette actrice
n'était pas des meilleures. Le réalisateur Joseph
Kane, un vétéran du studio, déclara : «La
Republic était une société qui appartenait
aux actionnaires mais Yates faisait ce qu'il voulait et l'avis
des actionnaires valait autant que celui d'un indigène
de Tombouctou». |
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La
fin d'un empire
A la fin des années 40, sur interventions gouvernementales,
les « majors compagnies » furent obligées
de renoncer à leur situation de monopole et durent se
diviser en groupes de moindre importance. Parallèlement,
de nombreux acteurs et cinéastes épris d'indépendance
cherchaient à réaliser leurs projets. Devant une
telle situation et face au défi lancé par la télévision,
il était inévitable que le monolithique «
studio System » commençât à vaciller
et à s'effriter. On produisit moins de films et on abandonna
l'habitude de tenir sous contrat
un grand nombre d'acteurs et de techniciens qui étaient
payés à la semaine : il était désormais
préférable de les engager selon les besoins du
moment.
Seule Universal conserva ses habitudes en livrant, par fournées,
des films de « genre » afin de lancer toute une
nouvelle génération de vedettes : Rock Hudson,
Tony Curtis, Jeff Chandler et Boris Day, qui avaient quitté
la Warner.
L'United Artists changea de main en 1951 quand les deux membres
fondateurs encore en vie, Charlie Chaplin et Mary Pickford,
vendirent leur part d'actions. Dans ce climat incertain, la
compagnie se rallia de nombreux producteurs indépendants
qui présentèrent leurs projets et se mirent en
quête de capitaux et de garanties pour la distribution.
Otto Preminger, qui produisit et dirigea L'Homme au bras d'or
(The Man With thé Golden Arm, 1956), décrit ainsi
l'United Artists de l'après-guerre : « Seule
l'United Artists avait un système de production réellement
indépendant... Elle acceptait la personnalité
de chacun ; elle approuvait le projet du film et le choix des
acteurs et laissait ensuite champ libre au producteur.
»
Après la Seconde Guerre mondiale, les « majors
» Columbia, l'Universal et l'United Artists adoptèrent
une politique de survie économique appliquée par
les autres studios: livrer concurrence à la télévision.
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Conclusion
Quoi qu'on ait pu dire du système des studios (souvent
qualifiés de véritables « chaînes
de montage »), il fut loin d'être négatif.
Il contribua, entre autres, à forger l'image de marque
des compagnies. C'est ainsi que la Warner se spécialisa
dans les films réalistes de grande actualité,
que la MGM tourna de préférence des comédies
et des « musicals », que la Para-mount se distingua
par ses comédies sophistiquées (notamment durant
les années 30) et qu'Universal, après les films
d'épouvanté des années 30, produisit les
grands films d'aventures en Technicolor de la décennie
suivante. Ce qui ne les empêchait pas pour autant d'aborder
d'autres genres.
Le style même de la photographie était aussi révélateur
du studio dont elle sortait, souvent lié aux procédés
de développement et de tirage spécifiques à
la compagnie. Les monteurs, qui ont une grande expérience,
sont ainsi capables de reconnaître, sur simple examen
d'une pellicule, le studio qui a produit le film : le «
grain » du noir et blanc et les nuances de la couleur
sont sa signature.
De même, la présence d'un acteur au générique
d'un film permettait de savoir, presque à coup sûr,
le nom de la compagnie qui avait produit ce film : Tyrone Power,
par exemple, était identifié à la 20th
Century-Fox, Alan Ladd à la Paramount, Clark Gable à
la MGM, et cela était valable pour les acteurs de second
rôle, et l'ensemble des techniciens.
Que le « studio system » permît d'atteindre
un niveau remarquable de qualité technique est une chose
certaine. La plus grande partie des films de production indépendante,
comparée à ceux produits par les « majors
», était plutôt terne en raison du manque
d'acteurs célèbres et de ces décors grandioses
que seuls les grands studios pouvaient se permettre de monter.
Goldwyn et Selznick parvinrent toutefois à rivaliser
avec les « majors ».
Le « studio system », d'après Bette Davis,
offrait « la sécurité d'une prison »
; toutefois, il permit de réaliser de très bons
films et chaque studio put même se permettre quelques
expériences occasionnelles qu'il était impensable
d'envisager dans d'autres conditions. C'est ainsi que des compagnies
comme la Paramount, la Columbia et la Republic favorisèrent
les projets très à contre-courant du scénariste
et cinéaste Ben Hecht et ceux, grandioses, d'Orson Welles.
Le déclin de ce système entraîna une sorte
de libération, notamment sur le plan des choix des sujets.
Et pourtant, en 1960, un des plus influents cinéastes
de Hollywood, John Huston, un homme au tempérament très
indépendant, parlait encore avec une certaine nostalgie
du Hollywood d'antan : « Je me demande si je n'ai
pas vécu alors ma période la plus heureuse. Ce
que je sais c'est que j'ai réalisé certains de
mes plus mauvais films quand j'ai pu disposer d'une entière
liberté».
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