Frédéric GIMELLO-MESPLOMB, Professeur des Universités
Centre Norbert Elias UMR 8562 UAPV - CNRS - EHESS

 
   

 

 
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les principales théories économiques


1/ Macroéconomie
2/ Politique économique
3/ Théories du développement
4/ Concurrence, marchés, réglementation
5/ Autres

1/ Macroéconomie


Courbe de Phillips
La courbe de Phillips pose l'existence d'une relation négative entre inflation et chômage. Un gouvernement aurait le choix entre relancer l'économie et par suite l'emploi au prix d'un peu d'inflation, et freiner la croissance et ralentir l'inflation au prix d'un surplus de chômage. M. Friedman ( prix Nobel 1976 ) et E. Phelps ont critiqué cette interprétation due à Samuelson ( prix Nobel 1970 ) et Solow ( prix Nobel 1987 ). Ils soutiennent que si, à court terme, il existe bien une relation positive, à long terme, la courbe devient une droite verticale. Un gouvernement qui relancerait l'économie ferait reculer dans un premier temps le chômage mais au prix d'une inflation plus élevée. L'adaptation des agents à plus d'inflation ramènerait à long terme le taux de chômage à son niveau " naturel ". Si l'hypothèse des anticipations adaptatives autorise un arbitrage exploitable à court terme, celle des anticipations rationnelles ruine même à court terme un tel arbitrage. Dans le modèle de Lucas, les agents ajustent instantanément leurs anticipations de prix et de salaires à la nouvelle politique économique. Toute politique économique est-elle donc inutile ? Pas nécessairement si les modifications de politique économique sous forme de règles négociées sont " bien " interprétées par les agents économiques. Elles ont alors probablement plus d'effets sur l'économie que les modifications de politique économique laissées à la discrétion des gouvernements. (Phillips, Friedman, Phelps, Samuelson, Solow, Lucas)

Modèle de Solow
Le modèle décrit comment un accroissement du stock de capital, de la quantité de travail (ou de la population) et le progrès technique interagissent et affectent la production au sein de l'économie. À long terme, il montre que l'économie tend vers un état stationnaire. Cette situation d'équilibre est déterminée par le taux d'épargne, le progrès technique et la croissance démographique. Le taux d'épargne et le progrès technique étant des données dans le modèle, la croissance économique dépend, à long terme, de celle de la population. (Solow)

Modèles " millésimés " ou à générations de capital (vintage models)
Ces modèles, développés par Solow ( prix Nobel 1987 ) proposent une nouvelle méthode pour analyser le rôle de la formation du capital dans la croissance économique et tiennent compte en particulier de l'âge du capital. Selon Solow, le progrès technique est contenu dans le capital de l'économie, contrairement à la nouvelle théorie de la croissance endogène (pour laquelle le moteur de la croissance vient des externalités). Les nouveaux investissements incorporent les dernières techniques connues. Le millésime du capital doit donc être pris en compte dans les modèles. Ainsi se trouve définie une nouvelle façon d'agréger du capital issu de différentes périodes. Ces vintage models ont depuis été employés dans d'autres modèles économiques, tels les modèles d'équilibre général calculable. (Solow)

Modèle IS-LM
Créé par Hicks ( prix Nobel 1972 ), ce modèle est repris et modifié par Hansen, Lerner, Samuelson ( prix Nobel 1970 ). Il est composé de deux équations : IS (Investment et Saving) exprime l'égalité entre l'épargne et l'investissement (équilibre sur le marché des biens) et LM (Liquidity et Money) traduit l'égalité entre l'offre et la demande de monnaie (équilibre sur le marché de la monnaie). Le modèle comporte deux variables endogènes, le revenu national Y et le taux d'intérêt i, les autres variables sont considérées comme exogènes (masse monétaire M, dépenses gouvernementales G). Le modèle permet d'étudier, dans une économie fermée, les effets des variations de M et G sur le revenu et le taux d'intérêt. Ce modèle va donner naissance au consensus théorique baptisé par Samuelson "synthèse néoclassique" : démarche macroéconomique qui complète le schéma d'analyse keynésien par des équations inspirées de la logique néoclassique (maximisation de l'utilité marginale, analyse du point de vue de l'offre). (Hicks, Samuelson)

Théorie de l'état stationnaire
A l'origine du phénomène se trouve l'opposition entre deux mouvements qui apparaissent inéluctables et incontrôlables à l'époque : d'une part, la croissance démographique et, d'autre part, les rendements décroissants de la terre. L'accroissement de la production provoque une hausse de la demande de travail, qui implique une hausse des salaires. Cette amélioration des conditions de vie conduit à une croissance de la population. Celle-ci implique une hausse de la demande de produits agricoles. La production agricole augmente. Toutefois, les terres mises en culture pour augmenter la production se heurtent à de srendements décroissants. Le coût de production et donc le prix des denrées agricoles augmentent. Il en résulte que les propriétaires des terres les plus fertiles bénéficient de rentes ; en revanche, les profits des industriels diminuent, la part des salaires restant constante dans le revenu national. Les profits diminuent, l'investissement baisse bloquant la croissance. Le commerce international et le libre échange peuvent retarder l'échéance mais cette solution ne peut-être que de court terme. (Ricardo, Malthus)

Théorie de l'oscillateur
La théorie montre comment les interactions entre le principe du multiplicateur keynésien (source de stabilité économique) et celui de l'accélérateur (source d'instabilité) peuvent créer des fluctuations cycliques endogènes. Cinq types de situation se présentent : 1°/ il n'y a pas de fluctuation et le niveau de revenu décroît vers son niveau initial ; 2°/ l'évolution du niveau de revenu prend la forme d'oscillations amorties ; 3°/ ces oscillations sont explosives ; 4°/ la croissance est exponentielle ; 5°/ des oscillations auto entretenues. (Samuelson)

Théorie de la croissance endogène
Cette théorie montre en quoi plusieurs facteurs peuvent faire apparaître des externalités positives et par conséquent être source de croissance pour la collectivité : investissement en capital physique, investissement en capital public, investissement en capital humain, apprentissage par la pratique, division du travail, recherche et innovations technologiques. La croissance est endogène au sens où elle ne dépend que des seuls comportements des agents et des variables macroéconomiques. (Barro, Lucas, Levine, Romer)

Théorie de la régulation de la croissance
Elle analyse les régimes de croissance. Ceux-ci dépendent d'une part d'un régime de productivité, c'est-à-dire de l'ensemble des déterminants de la progression de l'efficacité économique (organisation du travail et des entreprises, degré de concentration des entreprises, degré de mécanisation, type d'innovation, etc.) et, d'autre part, d'un régime de demande c'est-à-dire de l'ensemble des mécanismes de répartition des gains de productivité entre salaires, profits, prix relatifs qui alimentent la demande. (Aglietta, Boyer, Bénassy, Mistral)

Théorie des cycles économiques
On distingue différents types de cycles : 1°/ les tendances séculaires ou trends d'une période d'un siècle par référence aux travaux de F. Braudel ; 2°/ les mouvements de longue durée de type Kondratiev de l'ordre de 25 à 45 ans ; 3°/ les cycles classiques ou cycles courts de type Juglar qui durent 6 à 10 ans ; 4°/ le cycle Kitchin qui dure 40 mois ; 5°/ les mouvements saisonniers comme la production agricole. Les cycles peuvent avoir trois origines. La première est d'ordre exogène d'où le terme des cycles exogènes. Dans ce cas, c'est l'environnement qui est à l'origine du cycle : accident climatique, interdépendance croissante des économies qui propage les cycles d'activité d'un pays à l'autre , des chocs politiques, les politiques économiques ou bien encore les échéances électorales à l'origine de cycles politico-économiques. Une deuxième origine est endogène c'est-à-dire lié à l'activité économique elle-même. Les facteurs déclencheurs peuvent être l'accumulation du capital, le partage de la valeur ajoutée, le développement des innovations (explication schumpétérienne des cycles kondratiev), une modification ou choc que peut subir les fondamentaux d'une économie (goût des ménages, techniques disponibles, dotations en ressources des agents). Une troisième origine est financière. C'est le cas pour les cycles d'endettement. l'expansion conduit à une croissance des crédits qui lorsque l'activité se retourne a pour conséquence un désendettement et un approfondissement de la dépression. (Kondratiev, Schumpeter, Juglar, Kitchin)

Théorie du capitalisme monopolistique d'Etat (CME)
Le capitalisme se heurte à une crise de suraccumulation c'est-à-dire d'excédent de capital par rapport à la masse de profit. L'action de l'Etat consiste à dévaloriser certains capitaux afin de rétablir le taux de profit. Cette intervention prend diverses formes : financement public privilégié, nationalisation, transfert au privé d'entreprises ou de secteurs redevenus rentables. (Boccara)

Théorie keynésienne de la crise
La crise est contingente. Deux éléments jouent un rôle : la monnaie et les anticipations de la demande. La monnaie peut être conservée pour elle-même et ainsi provoquer des fuites dans le circuit économique. Comme les entreprises produisent lorsqu'elles ont la certitude d'écouler leur production, elles vont chercher à anticiper la demande. Il en résulte un niveau de production qui satisfait la demande mais qui ne correspond pas forcément au plein emploi. Il n'existe pas de mécanisme autorégulateur. En outre, le chômage peut accentuer les comportements d'épargne de précaution et les mauvaises anticipations des entrepreneurs. Seule l'intervention de l'Etat par une politique économique adéquate peut susciter une demande supplémentaire. (Keynes)

Théorie marxiste de la crise
Seul le travail vivant crée de la valeur. Or poussé par la concurrence, le capitaliste utilise de plus en plus des machines et donc du travail mort. Il déclenche ainsi la crise. Même si le rendement du travail vivant augmente, sa quantité diminue. Il en résulte : 1°/ une diminution de la demande de biens de consommation puisqu'il y a de plus en plus de chômeurs ce qui diminue l'incitation à produire ; 2°/ un déséquilibre entre la section produisant des biens de consommation et celle produisant des biens de production ; 3°/ une baisse de la rentabilité du capital puisque les prolétaires, soit au niveau de la répartition (partage profits - salaires) soit au niveau de la production (lutte contre les cadences) lutteront contre les capitalistes ; 4°/ une baisse inéluctable du taux de rentabilité du capital puisque le capitaliste aura recours de plus en plus au capital constant (autrement dit aux machines ou travail mort). L'existence de contre-tendances : concentration du capital, prise en charge par l'Etat d'une partie du capital, ne sont que des solutions de court terme. (Marx, Engels, Lénine, Luxembourg)

Théorie néoclassique de la crise
Celle-ci est impossible dans un système d'économie de marché de concurrence pure et parfaite. Toute offre crée sa propre demande selon la loi de J. - B. Say. Si une crise se produit cela peut être dû au non respect des conditions de concurrence pure et parfaite (présence des syndicats, non contestabilité des marchés) ou à l'intervention de l'Etat que cela soit pour stabiliser la conjoncture, pour la politique de redistribution ou pour l'allocation des ressources. Ainsi, la multiplication des réglementations et des programmes étatiques de lutte contre la pauvreté et le chômage produit-elle l'inverse du but recherché (trappes à chômage et à pauvreté). (Say, Hayek, Friedman, Laffer, Buchanan)

Théorie régulationniste de la crise
Au sein du mode de production capitaliste, il existe différents régimes d'accumulation et différents modes de régulation. Le passage d'un régime d'accumulation à l'autre ou bien d'un mode de régulation à un autre constitue une crise ou rupture. Lorsqu'aucun changement institutionnel ou de politique économique est nécessaire on parle de " petite crise ". Autrement, c'est-à-dire en cas de non reprise spontanée, on parle de " grande crise ". (Aglietta, Boyer, Bénassy, Mistral)

 

2/ politique économique

 

Modèle Mundell-Fleming
Il permet d'analyser le rôle joué par la mobilité internationale des capitaux dans l'efficacité de la politique macroéconomique sous différents régimes de change. C'est un modèle de type keynésien où la production est déterminée par la demande. L'ouverture des économies porte à la fois sur l'échange des biens et des titres. Le modèle comporte plusieurs hypothèses : fixité complète des prix et des salaires ; absence d'effets de richesse; absence de mécanisme d'anticipation de change. (Mundell, Fleming)

Théorème d'Haavelmo
Il concerne l'effet multiplicateur du budget de l'État. Jusqu'aux travaux d'Haavelmo ( prix Nobel 1989 ), l'effet multiplicateur était celui énoncé par Keynes : un déficit budgétaire (financé par emprunt) engendrait un surplus de croissance. Le théorème de Haavelmo indique qu'un budget équilibré n'est pas forcément neutre. Dans une situation de sous-emploi, un accroissement des dépenses publiques financé par une hausse des impôts de même valeur (donc sans déficit) a un effet positif sur la croissance économique. (Haavelmo)

Théorème de l'équivalent-certain
Ce théorème énonce que le niveau de l'instrument de politique économique qui maximise l'espérance mathématique de la fonction de préférence de l'État est obtenu en remplaçant les variables aléatoires par leur espérance mathématique. Le théorème n'est vérifié que si, d'une part, la préférence de l'État est représentée par une fonction quadratique ce qui implique des taux marginaux de substitution variables entre les arguments de la fonction de préférence et d'autre part, si la variance de la variable aléatoire est indépendante du niveau de l'instrument de politique économique. (Theil)

Théorie de l'équivalence ricardienne
L'effet des dépenses publiques est totalement indépendant de la façon dont sont financées ces dépenses. Si le financement se fait par emprunt, cela implique que les individus anticipent que des impôts seront prélevés ultérieurement pour payer les intérêts et rembourser le capital, donc ils vont épargner davantage pour acquérir les titres émis par les pouvoirs publics. Leur richesse globale comme leur consommation est alors inchangée. Si le financement est monétaire, les agents prévoient l'émission régulière de nouvelle monnaie, ils anticiperont rationnellement l'érosion de leurs encaisses par l'inflation et épargneront en prévision de cet investissement. Il n'y a donc aucun effet multiplicateur sur la demande globale possible (Ricardo, Barro)

Théorie des anticipations adaptatives
Dans ce cadre théorique, cela signifie que, par exemple, le niveau futur anticipé des prix est mécaniquement ajusté à l'écart entre le niveau des prix d'aujourd'hui et le niveau de prix anticipé antérieurement. (Friedman)

Théorie des anticipations rationnelles
Cela signifie que la prévision subjective des agents se fonde sur la prévision objective de la théorie. Autrement dit, intégrant les événements futurs, ces anticipations sont essentiellement les mêmes que les prévisions objectives de la théorie. (Muth, Lucas)

Théorie du fédéralisme budgétaire
Elle cherche à déterminer à quel niveau d'autorités responsables la gestion des trois fonctions traditionnelles que doit assurer la politique budgétaire - allocation des ressources, redistribution et stabilisation - sera la plus efficace. Autrement dit, elle cherche à ajuster la production de biens publics aux préférences exprimées par les consommateurs - contribuables. (Musgrave, Oates)

Théorie de (la stratégie de "l'incohérence" ou) "inconséquence temporelle"
Cela signifie qu'un gouvernement pour atteindre ses objectifs procédera par surprise ou qu'il ne suivra pas au moment de la mise en oeuvre de sa politique économique celle annoncée préalablement. Par exemple, les autorités annoncent une politique monétaire rigoureuse, les agents économiques modèrent leurs revendications salariales et réclament des taux d'intérêt moins élevés anticipant une faible inflation. Mais une fois ces anticipations formées, le gouvernement peut mettre en oeuvre une politique monétaire plus laxiste. L'inflation plus élevée diminue le salaire réel et devrait favoriser la création d'emplois. Cette stratégie est inefficace et coûteuse puisque, d'une part, l'effet sur l'emploi est transitoire (les agents réévaluant leurs demandes d'augmentation de salaires) et, d'autre part, les agents intégreront par la suite la possibilité de ces surprises dans leurs anticipations et donc leurs revendications. (Kydland, Prescott, Calvo)

 

3/ théories du développement

 

Esprit d'entreprise et développement économique
Cette théorie cherche à rendre compte en quoi les barrières socio-culturelles et psychologiques aux attitudes entrepreneuriales pourraient expliquer l'incapacité de la société sous-développée à générer et à mettre en oeuvre l'innovation technologique et organisationnelle. (Bauer, Yamey, Friedman)

Modèle de développement de Lewis
Selon Lewis, les pays de la périphérie sont constitués d'une "économie duale" composée d'un secteur capitaliste et d'un secteur traditionnel. Le premier comprend des activités manufacturières et minières et d'agriculture commerciale : il est orienté vers le profit, lequel est consacré au financement de l'investissement. Le second secteur qui inclut l'agriculture traditionnelle et les activités informelles urbaines est orienté vers la subsistance. Le secteur capitaliste se développe en attirant les travailleurs du secteur des activités de subsistance. Lors de la phase initiale de développement, l'offre de travail dans le secteur capitaliste excède la demande de travail, le salaire peut donc rester faible et stable durant une période assez longue au cours de laquelle s'effectue ce transfert de travailleurs. Il en résulte des profits élevés et donc, une épargne et une accumulation du capital dont dépend le développement économique. capital Cette phase s'achève quand le surplus de travail a été absorbé et que les salaires augmentent. (Lewis)

Théorie de la croissance appauvrissante
La théorie rend compte de ce type de situation lorsqu'un pays pratique le libre-échange et qu'il connaît une amélioration de ses techniques de production et/ou une amélioration de sa dotation factorielle. Ces améliorations entraînent une baisse du prix mondial du bien exporté d'où une détérioration des termes de l'échange. Cette situation a d'autant plus de chances de se produire que la croissance provient essentiellement du seul secteur des exportations, que l'élasticité prix de la demande du produit exporté est élevée, que le pays en question a été le seul à connaître ces améliorations. (Bhagwati)

Théorie de la croissance équilibrée
Elle montre que toute croissance repose sur un effort minimum d'investissement de départ mais à la condition de respecter en permanence l'interdépendance entre l'offre et la demande aussi bien au niveau global qu'au niveau de chaque secteur ce qui à terme permet un équilibre de croissance autoentretenue. (Rosenstein-Rodan, Nurkse)

Théorie de la dépendance
Dans ce cadre théorique, l'économie mondiale est constituée de deux pôles, le centre capitaliste représentant les nations occidentales industrialisées, la périphérie constituée des pays du Tiers monde. La dépendance de ces derniers vient de la dégradation des termes de l'échange, des multinationales, des transferts de technologie, de l'aide et de l'alliance objective des classes dominantes des pays dépendants avec les intérêts des capitalistes. Seule une modification des relations économiques avec les pays industrialisés peut permettre un développement des pays du Tiers monde. (Amin, Prebish, Singer, Frank)

Théorie de la gouvernance
Cette théorie combine les approches de la science politique et de l'économie institutionnelle. Elle vise à démontrer que les États qui sont les plus aptes à favoriser le développement sont ceux qui exercent les fonctions régaliennes universelles et les seules politiques publiques que d'autres acteurs que l'État ne seraient pas en mesure d'élaborer à sa place avec la même efficacité. Ce sont également des États suffisamment désengagés de la société civile et du marché pour laisser les mécanismes d'autorégulation de ceux-ci produire tous leurs effets.

Théorie de la recherche de rente
Les systèmes administratifs de nombreux pays en développement se caractérisent par diverses formes de clientélisme, de népotisme ou de corruption. L'intervention de l'État offre, de par les emplois et les législations, des possibilités de rente. Les individus et les groupes de pression seront incités à investir des ressources pour rechercher des rentes et obtenir des privilèges au lieu de chercher à accroître la production. Les responsables politiques offriront des rentes en échange de rémunérations monétaires et/ou de soutien politique. Cette recherche de rente entraîne un gaspillage de ressources et un facteur de violence politique pour s'approprier des rentes. (Krueger)

Théorie des effets d'entraînement
Elle part de l'existence d'effets d'entraînement de l'amont du processus productif vers l'aval, et de l'aval vers l'amont et de l'interdépendance à long terme des décisions en matière d'investissement. Les gouvernements sont incités à pratiquer une politique d'investissement sélective en faveur des secteurs industriels jugés les plus stratégiques en termes de retombées économiques tout en soutenant l'existence de la libre entreprise et du libre échange. (Hirschman)

Théorie des étapes de la croissance
Toute société passe par cinq phases : tradition, transition, décollage (take off), maturité et consommation intensive. Le problème soulevé par le développement se situe au niveau de la troisième séquence. Le décollage se produit grâce à une forte augmentation du taux d'investissement, déclenchant une dynamique autoentretenue de la croissance. (Rostow)

Théorie des industries industrialisantes
Les industries industrialisantes sont celles qui dans leur environnement local modifient structurellement la matrice interindustrielle, transforment les fonctions de production et augmentent la productivité de l'ensemble de l'économie. La priorité donnée à ces indutries repose sur une forte intervention de l'État via la planification et la nationalisation des entreprises. (Perroux, de Bernis)

Théorie du cercle vicieux de la pauvreté
Les pays sous-développés, en raison de la faiblesse de la demande interne liée aux faibles revenus, sont dans l'incapacité de lancer des projets d'investissement rentables et capables de déclencher le processus de développement. Du côté de l'offre, la faible capacité d'épargne résulte du bas niveau de revenu réel qui lui-même reflète la faible productivité qui résulte, à son tour, du manque de capital, un manque de capital qui lui-même est le résultat de la faible capacité d'épargne ; ainsi, le cercle est fermé. (Nurkse)

Théorie du sous-développement dans le cadre de l'échange inégal
Les difficultés des pays en développement trouvent leur origine dans la différence des taux de salaire entre nations et dans la péréquation internationale des taux de profits. Les pays à bas salaires vendent leurs marchandises à un prix inférieur à leur " prix de production ", même si leur productivité est similaire à celle des pays industrialisés. Une partie de leur surtravail est donc transférée à ces derniers et contribuent à leur appauvrissement. Deux hypothèses sont essentielles : 1°/ à travail égal les salaires sont largement inférieurs dans les pays sous-développés par rapport aux pays développés ; 2°/ le taux de profit est le même pour tous les investissements, quel que soit le pays où ils sont réalisés. Cette théorie a été critiquée. Certains marxistes lui reprochent de ne pas prendre en compte une analyse de classes. Les pays développés, toutes classes confondues exploitent les pays sous-développés. D'autre part, statis-tiquement, on observe plus une instabilité qu'une détérioration généralisée et continue des termes de l'échange. En outre, d'autres facteurs peuvent expliquer les phénomènes observés comme l'évolution de la demande ou du progrès technique. (Arghiri Emmanuel)

 

4/ Concurrence, marchés, réglementation

 

Théorie de la capture ou économie positive de la réglementation
L'autorité réglementaire est vénale et soumis à l'influence des groupes de pression. Il n'est plus le garant de l'intérêt général. La réglementation est ici analysée comme un service échangé entre les décideurs politiques et les fonctionnaires (offreurs) et les dirigeants des entreprises (demandeurs). Les offreurs cherchent à maximiser leur chance de réélection ou à obtenir de futurs postes dans les industries qu'ils ont sous leur tutelle. Les demandeurs souhaitent de leur côté se protéger de la concurrence, en particulier étrangère. Cette approche est connue sous le nom de théorie de la capture de la réglementation, parce que le réglementeur devient un agent entièrement au service des intérêts des entreprises. Pour limiter l'action des groupes de pression, les tenants de cette école préconisent une solution radicale qui consiste à retirer à l'État le droit de réglementer. (Stigler)

Économie publique normative
L'autorité réglementaire a pour objectif l'efficacité économique. Elle est soucieuse de l'intérêt général. L'existence de défaillances (bien public, externalité, monopole naturel) du marché, mis en évidence dans le cadre de l'économie du bien-être, justifie l'intervention publique. L'État doit donc par la réglementation influer sur le comportement des firmes et des consommateurs. Sa démarche est normative, elle vise à atteindre une allocation des ressources optimale de type paretien (situation dans laquelle on ne peut améliorer le bien-être d'un individu sans détériorer celui d'un autre individu, optimum de premier rang). Despote bienveillant, assimilé à un planificateur parfait, l'État n'est contraint ni par des difficultés de collecte d'information, ni par des capacités de calcul limitées. Il est de ce fait considéré comme infaillible. Un exemple de cette réglementation est celle de Ramsey-Boiteux sur les monopoles. (Pigou)

Nouvelle économie publique
L'idée est d'analyser les défaillances du législateur et de les corriger, car le marché n'est pas la seule source d'insuffisances. Les défaillances de la réglementation doivent être réduits au minimum afin d'aboutir à une allocation paretienne efficace de second rang. Cette dernière est l'affectation des ressources qui est la "meilleure possible" compte tenu de l'existence de diverses contraintes qui empêchent de parvenir à un optimum de Pareto. Ces défauts sont principalement : l'asymétrie d'information entre le régulateur et le réglementé ; l'intérêt personnel du régulateur ; son insuffisante crédibilité. La théorie des incitations et des contrats (par exemple du type assureur/assuré ou contrat de travail) permettent de remédier de ces défauts. (Laffont, Tirole)

Optimum paretien
il se définit comme une situation économique efficace socialement au sens où personne ne peut améliorer sa position sans détériorer celle des autres. (Pareto)

Théorème de Coase
Selon Coase, prix Nobel 1991 , en l'absence de coûts de transaction et si les droits de propriété sont définis, les agents peuvent corriger spontanément les externalités en passant par le marché. Dans un monde sans coût de transaction et en concurrence parfaite, la création de richesse grâce à l'utilisation des ressources de l'économie est indépendante de la répartition des droits de propriété. Les agents peuvent, en effet, facilement échanger les droits sur ces ressources pour produire, chacun y trouvant intérêt. Par conséquent, l'ensemble de la législation afférente à ces droits est inutile. C'est l'exemple dit du " pollueur-payeur ". Une entreprise rejetant des effluves dans une rivière doit acheter une partie des droits de propriété de l'eau, initialement détenus par les victimes potentielles pour pouvoir produire. L'État n'a donc à intervenir qu'une seule fois pour assurer le fonctionnement de l'économie en attribuant initialement les droits de propriété. La réglementation ne peut donc s'imposer qu'à deux conditions : que les coûts de transaction de réglementation soient inférieurs aux coûts des autres solutions, que ces coûts soient inférieurs aux bénéfices de l'action elle-même. En effet, la réglementation n'a de sens que si elle permet une allocation efficace de moindre coût. (Coase)

Théorème d'impossibilité d'Arrow
Ce théorème généralise le paradoxe de Condorcet (1785). Arrow, prix Nobel 1972 , montre que la transitivité qui caractérise les choix rationnels d'un individu ne peut être agrégée pour obtenir un processus de choix sociaux transitifs (fonction de bien-être social). (Arrow)

Théorie du choix social
La théorie du choix social a pour objet d'analyser la relation entre préférences individuelles et décisions collectives et de déterminer s'il est possible de dériver des préférences individuelles les préférences collectives. Cela est indispensable pour établir un ordre, une évaluation des différents états sociaux et construire des indicateurs pertinents du bien-être social. (Condorcet, Arrow, Sen)

Théorie de la justice
Cette théorie s'efforce d'énoncer un principe de justice susceptible de guider la mise en place d'institutions réalisant un consensus social général qui s'impose sans pour autant contredire le principe d'efficacité économique. Cela conduit à définir deux principes : 1°) le principe de liberté selon lequel chaque personne doit avoir un droit égal au système le plus étendu de libertés de base égales pour tous, qui soit compatible avec le même système pour les autres ; 2°) le principe de différence au terme duquel les inégalités sociales et économiques doivent être telles qu'elles soient : a) au plus grand bénéfice des plus désavantagés, b) attachées à des fonctions et à des positions ouvertes à tous. (Rawls)

Théorie de la coalition minimale
La principale hypothèse de cette théorie est que toutes les questions politiques impliquent fondamentalement des redistributions à somme nulle de la richesse. Dès lors, la stratégie optimale des hommes politiques consiste à faire en sorte que la coalition opposée soit la plus grande possible tout en la cantonnant dans la position de perdante destinée à payer. (Riker)

Théorie de l'équilibre général
Formulée par Léon Walras à la fin du XIXème siècle, elle traduit les écrits d'Adam Smith et son principe de la main invisible en termes mathématiques. Un système d'équations d'offre et de demande décrit les comportements des agents, producteurs et consommateurs. L'égalité entre offre et demande sur les différents marchés correspond à une situation d'équilibre général. Cet équilibre est atteint par un mécanisme de tâtonnement. (Walras)

Théorie du gaspillage bureaucratique
La structure bureaucratique qui prévaut dans le secteur public entraîne un gonflement inutile des dépenses publiques, soit parce que les programmes publics sont trop importants, soit parce que les combinaisons productives mises en ouvre sont non optimales. (Niskanen)

Théorie de la main invisible
Selon Adam Smith, l'individu ne " cherche que son propre gain " mais par son action personnelle et isolée il contribue à une fin qui le dépasse, l'intérêt général. Les opérations des agents, apparemment indépendantes les unes des autres, sont en fait coordonnées (main invisible) et aboutissent à une situation dans laquelle les producteurs peuvent vendre leurs marchandises et les consommateurs satisfaire leurs besoins. Une telle issue est garantie par un système de prix et de salaires flexibles qui assure un équilibre efficient sur tous les marchés. La somme des intérêts individuels et égoïstes est égale à l'intérêt général. (Smith)

Théorème de la main invisible faible
Théorème selon lequel les vertus allocatives du marché ne sont pas limitées au cas de concurrence pure et parfaite mais valent également pour les marchés monopolistiques contestables. (Baumol, Bailey, Willig)

Théorie des marchés contestables
Marché sur lequel une nouvelle entreprise peut à tout moment venir s'installer. Il n'y a pas de barrière à l'entrée du marché. Cette situation garantit la concurrence et donc l'efficience des entreprises présentes sur le marché, même si elles sont peu nombreuses. (Baumol, Panzar, Willig)

 

Source : Problèmes économiques. http://www.ladocfrancaise.gouv.fr/revues/pe/theories/theories.shtml

(un excellent dictionnaire en ligne recensant 150 théories économiques. Ces théories sont regroupées dans 15 grandes parties.