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Le cinéma des années Reagan : un modèle hollywoodien ?
sous la direction de Frédéric Gimello-Mesplomb
préface de Michel Cieutat
Nouveau Monde Editions, 2007

On connaît la boutade de Raoul Walsh à propos des trois composants essentiels du cinéma : « Action, action, and... action». Dans les années quatre-vingt, Hollywood pousse cette logique à son paroxysme en produisant quantité de films dans lesquels l'action devient le principal moteur narratif. Parce qu'ils privilégiaient sur fond d'esthétique publicitaire des thèmes comme la revanche sur la guerre du Vietnam (Rambo, Missing in action, Delta Force), la condamnation des déviances de la société américaine (Dirty Harry, Death Wish, Cobra, C.H.U.D), ou les figures manichéennes de guerriers victorieux dans le sport (Rocky, Karate Kid) ou sur les ennemis de la nation (Die Hard, Commando, Invasion USA), ces films ont rapidement été considérés à l'époque de leur sortie comme les « porte-avions » de la propagande reaganienne.

La sortie française de Rocky Balboa (Rocky 6), le 24 janvier 2007, inaugure pour 2007 et 2008 les sorties programmées de nouveaux opus de ces films (Conan 3, Die Hard 4, Indiana Jones 4, Rambo 4 …) dont les premiers épisodes ont été créés par Hollywood il y a plus d'une vingtaine d'années avant de connaître une période de relatif désintérêt tant de la part du grand public que des producteurs de cinéma.

On peut s'interroger, à raison, sur ce phénomène de retour concomitant des « films d'action » de même que sur la longévité de ces héros récurrents que l'on pensait disparus avec la fin des années Reagan. Ce retour sur les écrans s'explique-t-il par la seule nostalgie des années 1980 ou peut-on parler de la survivance d'un « modèle » cyclique du cinéma moderne hollywoodien, modèle possédant ses propres codes économiques mais aussi esthétiques ? Au croisement des études américaines, des études cinématographiques, de la sociologie et de l'histoire culturelle, une équipe de 17 chercheurs et universitaires a tenté de répondre à cette question en dressant le bilan de cette production et en s'attachant aux phénomènes de réception populaire. Cet ouvrage de près de 400 pages analyse les rouages du système hollywoodien de production des films à grand spectacle . Trois lignes de force ont guidé sa rédaction. D'une part, l'examen d'un modèle industriel accouchant de divertissements filmés à la qualité parfois aléatoire, mais qui permet aux studios de modifier économiquement la donne : leur production préfigure celle des « blockbusters » des décennies suivantes. D'autre part, une relecture attentive de ces films fait apparaître un ensemble de caractéristiques (le spectacle du héros, le culte du corps, la remise en question de la justice ou le portrait doux-amer de la ruralité américaine) qui sont ici analysées à la lumière des cultural studies . Enfin, en auscultant les rouages du système de production des films à grand spectacle cette enquête met en relief, à travers les thématiques politiques et sociales que ces films abordent, les principaux moteurs de l'édification d'une mythologie hollywoodienne de la société américaine des années 1980. L'engouement populaire pour les séries de films apparues à cette époque et les facteurs qui permettent d'expliquer leur étonnante longévité posent la question des différences culturelles et des modes de pensée mis en oeuvre pour comprendre l'action en tant que spectacle cinématographique de part et d'autre de l'Atlantique.

Ont contribué à cet ouvrage  : Frédéric Gimello-Mesplomb, Joël Augros, Joseph Armando-Soba, David Morin-Ulmann, Sébastien Boatto, Florian Treguer, Laurent Kasprowicz, Claude Le Flohic, Delphine Letort, Pascale Fauvet, Jean Ungaro, Jérôme Momcilovic, Francis Hippolyte, Marianne Kac-Vergne, Alain Brassart, André Muraire, Thomas Michaud.



Titre

Le cinéma des années Reagan : un modèle hollywoodien ?

Auteur

Frédéric Gimello-Mesplomb (sous la direction de)

Editeur

Nouveau Monde éditions

Date de parution

24 janvier 2007

Collection

Collection « Histoire et Cinema » dirigée par Jean-Pierre Bertin-Maghit et Yannick Dehée

ISBN

284736224X

EAN 9782847362244

prix

400 pages environ - 23 euros

01 46 34 42 32 (Attachée de presse - Carine Fadat)

http://www.nouveau-monde.net/
   
   
 
SOMMAIRE

Remerciements

Préface
Michel Cieutat

Avant Propos
Frédéric Gimello-Mesplomb

 
Partie I
Hollywood 1980-1990 : économie et politique au diapason de l'industrie du cinéma


Chapitre 1. Questions de méthode

Des mythologies politiques du cinéma à la sociologie pragmatique de l'industrie hollywoodienne
Frédéric Gimello-Mesplomb

Chapitre 2. L'industrie

L'économie des studios hollywoodiens dans les années 1980
Joël Augros

Chapitre 3. La profession

Hollywood et le syndicalisme des acteurs américains
Joseph Armando-Soba

 

Partie II

Mythologies et thèmes récurrents


Chapitre 4. Esthétique(s) du film d'action

Qu'est ce que l'action dans un film à grand spectacle ?
David Morin-Ulmann

Le film d'action hollywoodien : définition, origines et règles du genre
Sébastien Boatto

Excès, hybridation et régression : la nouvelle donne du film d'action selon John McTiernan
Florian Treguer

La série des Rocky  ou la mise en scène de l'action à travers le prisme de la télévision
Laurent Kasprowicz (avec le concours de Sébastien Boatto)


Chapitre 5. Figures de la justice et de la morale

Dirty Harry : le western urbain à la racine des années 1980
David Morin-Ulmann

Le retour à l'écran du populisme pastoral : les fermières héroïques foulent à nouveau les raisins de la colère
Claude Le Flohic

Le thriller érotique : de la libération sexuelle à la morale puritaine
Delphine Letort

Chapitre 6. Le héros américain

Le héros reaganien ou l'expression du mythe du « rêve américain »
Pascale Fauvet Le corps sacrificiel du héros

Jean UngaroL'homme extraordinaire du cinéma : remarques sur l'œuvre d'Arnold Schwarzenegger
Jérôme Momcilovic

Le corps bodybuildé au cinéma : magie et anthropologie d'un spectacle
Laurent Kasprowicz et Francis Hippolyte

Une hyper-masculinité vulnérable : le paradoxe du héros blanc face à la crise des autorités et la trahison des élites
Marianne Kac-Vergne

Le rôle de la femme et la dimension féminine du héros de films d'action
Alain Brassart

Chapitre 7. Mythologies politiques et sociales

La régénération par la violence : Rambo ou l'innocence retrouvée
André Muraire

Terminator 1 ou les craintes de l'informatisation de la société
Thomas Michaud

Invasion Los Angeles de John Carpenter : une critique sociale des Etats-Unis à 4 millions de dollars
David Morin-Ulmann

Partie III
Les enjeux de la réception et des publics


Chapitre 8. Réception

La réception française de Rambo II et Rocky IV : et si ces films n'étaient pas des films de propagande ? 
Laurent Kasprowicz

Chapitre 9. Publics

Ce qu'en pensent les ados des milieux populaires
David Morin-Ulmann

Notes
Principaux films analysés
Biographies des contributeurs
Bibliographie

Chronologique politique internationale des Etats-Unis (1980-1990)

Critiques et revue de presse


Metro - Edition du mercredi 24 janvier 2007

" Pour aller plus loin dans l'analyse du film d'action des années 80, une decennie souvent méprisée par la critique française, les Editions Nouveau Monde publient Le cinéma des années Reagan, un must sur le sujet ".

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Radio France Internationale (RFI)

Emission Cinéma d'aujourd'hui, cinéma sans frontière
Dimanche 04 février 2007 -
Présentation : Catherine Ruelle
Réalisation : Jean-Frédéric Etienne


" Le livre de la semaine : le cinéma des années Reagan coordonné par Frédéric Gimello-Mesplomb aux éditions du Nouveau Monde. Une somme écrite par dix sept universitaires passionnés de cinéma américain, autour du modèle hollywoodien moderne, symbolisé par Rocky. A l'occasion de la sortie de Rocky Balboa , de Sylvester Stallone, d'A la recherche du bonheur de Gabriele Muccino et de Blood Diamond de Edward Zwick " .


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DVD Toile - Edition du vendredi 26 janvier 2007

La production cinématographique de la décennie 1980 est marquée, nous l'avons à plusieurs reprises souligné, par un sensible renouveau visuel, voire esthétique. Cette période est également caractérisée par une certaine renaissance du film de genre. Aux Etats-Unis, Hollywood retrouve sa vocation d'industrie du rêve sans pour autant négliger les scénarii développant le thème antagoniste, celui de la désillusion. L'ouvrage collectif dirigé par F. Gimello-Mesplomb, paru très récemment aux éditions Nouveau monde , est consacré à cette époque. Les textes d'universitaires distingués rappellent notamment la probable influence croisée avec le pouvoir politique, nationaliste et conservateur, de l'administration Reagan , ancien acteur comme chacun sait. En trois parties et neuf chapitres, le livre, illustré en couverture par une photographie de Rocky IV *, analyse le contexte en vigueur, les thèmes et figures ainsi que l'impact de certains films sur le public. Dense et détaillé, "Le Cinéma des années Reagan" ne s'adresse pas seulement aux cinéphiles mais devrait aussi intéresser les amateurs de culture et civilisation étasuniennes. Paradoxalement, on peut, a posteriori, s'amuser de constater que le début de l '"ère Reagan" ait coïncidé avec la sortie du Reds de Warren Beatty et relever deux répliques** de films de genre significatifs de ces années-là lancées par deux personnages singuliers et individualistes, 'Snake' Plissken et Tony Montana prenant, dans cette perspective, un relief tout particulier. AH
____
*personnage pourtant né et ayant connu sa première sequel sous le mandant du démocrate Jimmy Carter !
**"I don't give a f... about your war... or your président." (in Escape from New York ), "You know what capitalism is? Getting f..ed!" (in Scarface )
"Le Cinéma des années Reagan - un modèle hollywoodien ?" sous la direction de Frédéric Gimello-Mesplomb, préface de Michel Cieutat, Nouveau monde éditions - 368 pages, 23,00€.

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France Inter - "Inoxydable" animé par José Arthur
Emission du vendredi 26 janvier 2007
chronique cinéma de Laurent Delmas
(invité Philippe Sollers)

" Signalons la sortie d'un livre fort interessant puisqu'il est consacré au cinéma américain sous Reagan, soit une vingtaine de contributions éclairantes [...], en particulier celle consacrée aux films ruraux : Le retour à l'écran du populisme pastoral : les fermières héroïques foulent à nouveau les raisons de la colère. Publié sous la direction de Frédéric Gimello-Mesplomb. C'est incontestablement à lire. Publié aux éditions Nouveau Monde."

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AFP - dépêche de l'Agence France Presse - PARIS, 31 jan 2007 (AFP) - 31/01/2007 08h50

Après des décennies de mépris cinéphile le film d'action a la cote en France

PARIS, 31 jan 2007 (AFP) - 31/01/2007 08h50 -

En France, l'unique pays européen où le 7e Art local ravit à Hollywood près de la moitié du marché du cinéma en salles, les films d'action américains sont réhabilités par une nouvelle génération de critiques, après des décennies d'une indifférence parfois teintée de mépris.

Alors que "Rocky Balboa", l'inoxydable boxeur-icône des années 1980 incarné par Sylvester Stallone trône en tête du palmarès depuis la mi-janvier, paraît aux éditions Nouveau monde "Le cinéma des années Reagan", sous la direction de Frédéric Gimello-Mesplomb, chercheur au CNRS. L'ouvrage, auquel ont contribué une quinzaine d'universitaires, réhabilite un cinéma souvent jugé mineur, en soulignant les qualités esthétiques de films d'action tels que les "Rocky" ou "Rambo", et en montrant qu'ils font vivre des mythes politiques essentiels à la société américaine.
Dans une préface intitulée "Une décennie négligée", le critique Michel Cieutat affirme que ce livre "remet les pendules à l'heure, en accordant le plus grand sérieux à cette production cinématographique trop souvent décriée par les intellectuels de tout crin". Car, selon lui, ces fictions véhiculent un "regard populaire" qui "souvent reflète, plus justement que les meilleurs films d'auteur, autant les craintes que les aspirations" dans les périodes troublées.

Autre signe, l'organisation en janvier, par la Bibliothèque nationale de France (BnF), d'un colloque international consacré à James Bond, qui, malgré un ADN 100% britannique, a été porté à l'écran dans le plus grand respect des codes du film d'action hollywoodien à grand spectacle, à 21 reprises.

Aussi vieux que le cinéma, le divorce, en France, entre grand public et intellectuels commencerait-il à s'estomper ? C'est ce qu'affirme le jeune historien Loïc Artiaga, qui enseigne à l'université de Limoges. "Pendant longtemps, James Bond n'était pas jugé comme objet d'étude légitime par la critique en France, on lui préférait des films jugés de plus grande qualité esthétique", explique-t-il à l'AFP. "Mais l'arrivée de chercheurs plus jeunes, issus de classes plus populaires, qui ont grandi avec ces films, est en train de changer cela" avec 40 ans de retard sur "les pays anglo-saxons, où les représentations culturelles véhiculées par ces films sont étudiées depuis les années 50-60", poursuit-il.

Selon Fabien Boully, historien du cinéma et organisateur du colloque sur 007, "la critique cinéphile élitiste a dû lutter pour imposer le cinéma comme art, ce qui explique qu'elle ait privilégié un autre type d'oeuvres". Mais aujourd'hui arrive "une nouvelle génération, amoureuse aussi de formes plus populaires, des films de James Bond, du cinéma d'action et des séries télévisées américaines, jusque là totalement déconsidérées, dont on loue aujourd'hui l'inventivité des formes narratives", dit-il à l'AFP.

Emmanuel Burdeau, rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma, juge logique qu'après avoir "revisité avec passion le cinéma américain des années 1970, la critique s'empare des années 1980, même si ce n'est pas la meilleure décennie, avec son idéologie de la réussite et le retour de la droite". Mais "s'il est convenu de dire du mal des films d'action des années 1980", certains cinéastes tels que "John Carpenter et David Cronenberg, mais aussi James Cameron et John MacTiernan ont été défendus alors par les Cahiers", rappelle-t-il.


BFM - " USA Hebdo" 07:00 - 08:00 - présenté par Thomas Misrachi
Emission du vendredi 02 février 2007

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SAURAMPS.COM - 3 février 2007

" Etude cinématographique, sociologique et historique qui dresse un bilan de la production cinématographique des Etats-Unis, dans les années 1980. Elle analyse la figure du héros et du culte du corps qui diffère selon les studios. Elle se penche, enfin, sur les phénomènes de réaction populaire, notamment dans les pays européens" .

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Radio Fajet - Nancy
Emission du vendredi 09 février 2007
Interview en duplex de Laurent Kasprowicz (auteur des chapitres 4, 6, et 8).
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Ciné-Club de Caen (Histoire du cinéma) - Février 2007 -

" Une suite indispensable au livre de Jean-Baptiste Thoret, Le cinéma américain des années 70.

Comme le rappelle Frédéric Gimello-Mesplomb, dans les années 70, les cinéastes intellectuels avaient transformé le cinéma américain par leur amour du cinéma européen. Un changement notable du goût du public américain s'est produit après la triste fin de la présidence Carter qui avait suscité tant d'espoirs mais s'était terminée par l'échec de la libération des otages de Téhéran. [...]

Le livre dresse un panorama attentif et lucide de ces années du retour à l'ordre incarnées par les années Reagan tout en cherchant à dégager le meilleur de films souvent méprisés ; outre la série des Rambo et des Rocky, les films d'Eastwood habituellement mal aimés : Firefox ou Le retour de l'inspecteur Harry . [...] "

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Le télégramme de Brest - 02 février 2007

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La Montagne - 06 février 2007
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Le Quotidien de la Réunion - 04 février 2007
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Mad Movies n° 195 - Mars 2007

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" Le cinéma des années Reagan. Le terme évoque inévitablement un cinoche politiquement connoté, vecteur d'une idéologie entièrement dévouée à la gloire et à la propagation mondiale du mode de vie et des valeurs de l'Amérique des années 80. Réflexe aliementé par une décennie d'oeuvres où  "casser du rouge" était le but le plus noble qui soit, et vaincre l'adversité tout en faisant respecter une morale propre sur elle, une profession de foi. Simplisme de la symbolique que s'applique à nuancer, voire à détruire, cet excellent ouvrage collégial au ton des plus sérieux (même si on y cite entre autres notre bon vieux JPP). Si l'analyse du paysage économique de l'industrie hollywoodienne d'alors, l'étude de l'esthétisme du cinéma d'action et de la représentation du corps (musclé, forcément) posent les bases de la problématique, ce sont bien le rapport entre les oeuvres et leur époque, ainsi que la réception de ces mêmes oeuvres et leur époque, par la critique et le public français (et le jugement le plus simpliste ne vient pas toujours de ceux qu'on croit...), qui amènent de nouvelles pistes de réflexion sur une cinématographie parfois plus reflet que véhicule. Bref, un bien bel ouvrage (avec tout de même plein de mots compliqués dedans, mieux vaut le savoir) qui ne souffre que d'un seul défaut majeur : une analyse brouillonne et lapidaire d' Invasion Los Angeles de Carpenter. Pas grave, on préfère se marrer devant l'acronyme utilisé pour désigner les films à grand spectacle : les FAGS. (...) "

- Laurent Duroche

Eclipses : revue de cinéma - Mars 2007

Un cinéma sous influence
par Valentin Noël

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Le Cinéma des années Reagan. Un modèle hollywoodien ? Ouvrage collectif sous la direction de Frédéric Gimello-Mesplomb. Nouveau Monde Editions, Paris, 2007. 366 pages, 23 €
Le premier ouvrage français exclusivement consacré au cinéma hollywoodien des années Reagan vient de paraître aux éditions du Nouveau Monde, et s'intitule fort à propos Le Cinéma des années Reagan, un modèle hollywoodien ? Ce livre collectif supervisé par Frédéric Gimello-Mesplomb s'articule de la manière suivante : une première partie consacrée aux rouages du système de production, une seconde faisant la part belle aux analyses idéologico-esthétiques – toutes fondées sur des exemples précis –, et une troisième s'intéressant à la réception publique des succès commerciaux de la période. Bien sûr très inégale, car étant le fruit de la réflexion de dix-huit contributeurs d'horizons divers, cette première incursion en territoire reaganien présente toutefois plusieurs articles qui méritent le détour.

Nous commencerons par la dernière partie, axée « sociologie des publics », la seule qui ne nous a définitivement pas convaincu. L'un des deux articles qui la composent s'efforce de révéler les divergences d'opinion qui séparent la critique et le public sur deux films « de » Sylvester Stallone, Rambo II et Rocky IV . Selon l'auteur dudit article, il y aurait d'un côté des critiques consternés par la dimension propagandiste des deux œuvres, et de l'autre, des spectateurs qui « n'y ont vu que mélodrame et film d'action, bref, du pur cinéma ». Pour étayer l'argumentation, les articles très négatifs publiés dans les revues spécialisées sont mis en parallèle avec des commentaires d'internautes, recueillis sur le forum d' Allociné . Et c'est précisément là, selon nous, que le bât blesse. D'une part, il nous semble un brin cavalier de comparer des articles d'époque, écrits dans le contexte sociopolitique de la période, avec des notules d'internautes rédigées près de vingt ans plus tard, dans un contexte très différent. D'autre part, nous ne sommes pas certains non plus que les blogers d' Allociné se montrent véritablement représentatifs du « grand public » : ce sont à l'évidence d'authentiques cinéphiles, possédant une culture cinématographique au moins égale à celle des journalistes précités.

La première partie du livre, purement factuelle, se montre à l'inverse rigoureusement fondamentale, car n'admettant pour l'heure aucun équivalent dans la littérature théorique hexagonale. Toutes les informations nécessaires à la compréhension du fonctionnement du nouveau studio system y sont synthétisées, au travers de deux articles chaudement recommandables dissociant intelligemment « l'industrie » de la « profession ». Le rôle joué par Reagan dans la réorganisation de la machine hollywoodienne y apparaît avec la plus grande clarté, et l'on comprend très bien en quoi la politique typiquement libérale du « laisser-faire » a permis les regroupements capitalistiques que l'on sait, entraînant une profonde mutation de l'usine à rêves : « Hollywood cesse d'agir comme une industrie cinématographique, et le film cesse d'être son produit principal. »

La pièce de résistance est bien sûr constituée par le cœur de l'ouvrage, essentiellement axé sur le « héros reaganien », les Messieurs Muscles qui ont marqué la décennie et l'avènement du film d'action. Il s'agit là encore d'un intéressant travail de synthèse, qui regroupe et approfondit parfois les principaux articles anglo-saxons publiés sur le sujet. A signaler également : un article consacré au « thriller érotique », genre particulièrement fécond en ces années de puritanisme quasi-victorien, genre se faisant le porte parole du conservatisme social défendu par le président républicain, qui appelait de ses vœux le retour à un « ordre moral » à grand renfort de citations bibliques. Au final, nous déplorerons simplement le traitement minimaliste qui a été réservé au cinéma fantastique et de science-fiction, car l'un des faits les plus marquants de ces années Reagan réside à notre avis dans la réapparition brutale d'un cinéma de l'imaginaire, tranchant radicalement avec le cinéma du réel caractéristique de la décennie précédente. Du Space Opera à l' Heroic Fantasy en passant par le cinéma d'Aventures et les genres hybrides tels que le Tech-noir , un pan entier de l'histoire du cinéma nous semble donc avoir été quelque peu négligé. Mais il a bien évidement fallu faire des choix…


CINE LIVE - Avril 2007

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EVENE - Avril 2007

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L'idée peut paraître saugrenue : un ouvrage critique regroupant des travaux d'universitaires analysant les films les plus commerciaux du cinéma américain des années 80, par exemple ‘Rocky', ‘Piège de cristal' ou bien encore ‘Terminator'. On pourrait se dire que ces “blockbusters” n'ont rien à révéler et ne méritent pas tant d'attention ; on aurait tort, et c'est ce que montrent les différentes études regroupées ici. Après une introduction sur la situation de l'industrie hollywoodienne des années 80, les thèmes récurrents des “action movies” sont disséqués : on trouvera aussi bien une étude sur la figure du héros qu'un essai sur la réception de ces films par le public ou sur le genre alors en vogue du thriller érotique.
Le livre est un ouvrage universitaire, et en tant que tel ne s'adresse pas au grand public friand de ces films, mais plutôt à des spécialistes, soit de la société américaine, soit du cinéma, ou plus simplement aux cinéphiles qui souhaiteraient réfléchir sur l'engouement populaire suscité par des films souvent décriés par la critique. On pourra lui reprocher un langage parfois pompeux et obscur, mais il permet de lancer des pistes de réflexion et d'envisager les films analysés non pas comme de simples objets de consommation mais comme les produits d'une société américaine alors en plein désarroi après le fiasco du Vietnam et la crise économique ; et l'on s'apercevra alors que des films aux qualités purement cinématographiques parfois discutables révèlent bien des choses à travers leur manière de présenter le monde. Au final, donc, un ouvrage intéressant sur une période de l'histoire du cinéma encore plutôt ignorée, même s'il n'est pas non plus interdit de penser que l'analyse est quelquefois poussée très loin...


Emilie Deschamps


- Histoforum.org - La bibliothèque de l'histoire -
5 avr. 2007

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La triomphale élection de Ronald Reagan à la présidence des Etats-Unis devait donner un nouveau souffle à l'Amérique. Tout en terrassant un boxeur soviétique quasi-robotisé sur un ring moscovite ( Rocky IV ), Sylvester Stallone reconquérait le Vietnam ( Rambo II ) et l'Afghanistan ( Rambo III ) après avoir eu quelques démêlés avec les autorités pour avoir tenté d'oublier ce pays en chassant le cerf ( Rambo I ). Cette victorieuse contre-offensive allait être menée avec l'aide de Chuck Norris ( Portés Disparus ), lequel repoussait à lui tout seul une invasion du territoire américain par une armada de terroristes soviéto-cubano-arabo-est-allemands ( Invasion USA ), tout en supprimant d'autres terroristes toujours issus du Moyen-Orient ( Delta Force ). De son côté, Arnold Schwarzenegger parvenait à éliminer un redoutable adversaire extraterrestre dans la jungle d'Amérique centrale ( Predator ), après avoir anéanti toute une armée réunie par un dictateur sud-américain ( Commando ). Bruce Willis, pour sa part, se contenterait d'éliminer des terroristes allemands qui avaient pris le contrôle d'une tour de Los Angeles ( Piège de Cristal ). Même les meilleurs soldats soviétiques se mettaient à douter de leur système ( Double Détente ), et parfois se retournaient contre lui ( Le Scorpion Rouge ). Sachant qu'il ne pourrait affronter ce retour de la suprématie américaine, soucieux de limiter les dégâts, bref conscient qu'il ne pourrait mener plus avant la Guerre Froide, Mikhail Gorbatchev entamait une politique de détente qui conduirait à la chute du Mur de Berlin - et l'effondrement de l'URSS proprement dit - non sans avoir été passé à tabac à Beyrouth par Leslie Nielsen ( Y a-t-il un flic pour sauver la Reine ?). Il était temps de rappeler les héros à la maison : les femmes, profitant de la libération des mœurs, venaient d'entamer une déloyale perversion du mâle en le détournant du foyer conjugal ( Liaison Fatale, Body ), ou en le manipulant au nom de leurs propres désirs ( La Fièvre au Corps , Basic Instinct ).

Caricature ? Oui et non. Et c'est tout le mérite de Frédéric Gimello-Mesplomb et de son équipe d'avoir abordé la thématique, plus complexe qu'il n'y paraît, du « cinéma des années Reagan », où la propagande se mêle avec la révolution des films d'action, où l'anticommunisme et le puritanisme revêtent des aspects parfois curieux, où la culture physique dissimule un message politique, et où commence à fleurir le terme blockbuster . Certes, les auteurs rappellent bien que le changement s'est abordé sous le mandat de Jimmy Carter, avec l'éblouissant succès public du film à grand spectacle La guerre des étoiles , véritable révolution cinématographique et commerciale. Mais les initiatives économiques, financières et fiscales de l'administration Reagan, le contexte même de ses deux mandats, ont favorisé l'émergence d'un système dont le poids se fait toujours sentir de nos jours. Suite à certains désastres au box-office, les réalisateurs avaient perdu de leur - récente - autonomie face aux grandes maisons de production, lesquelles allaient opérer, au cours de la décennie, un mouvement de concentration et de diversification, tenant compte du développement des firmes indépendantes, à l'origine d'un certain nombre d'accords de diffusion et d'exploitation. Ces investissements plus lourds, notamment dans l'acquisition et la construction de multiplex, mais aussi plus prudents, s'accompagnent d'une véritable zizanie sociale dans le monde des acteurs, entre les partisans des droits acquis (Ed Asner, Paul Newman, Burt Lancaster, Kirk Douglas...) et d'autres, peu désireux d'accroître le rôle politique de leur syndicat dans les rapports de force prévalant à Hollywood, et en particulier vis-à-vis des producteurs (Charlton Heston, Tom Selleck, Clint Eastwood, James Stewart...).

S'élabore alors un cinéma authentiquement « reaganien », en ce sens qu'il perpétue directement ou non les valeurs défendues publiquement par ce Président. Son héros est un personnage hostile au monde urbain, seul ou traumatisé, inaccessible à la modernité pour lui préférer des valeurs plus traditionnelles telles que la virilité masculine, allergique aux sournois déchirements bureaucratiques de l'administration, mais amené à défendre l'Amérique face à un péril extérieur que l'armée ou la police, empêtrées dans la paperasserie et les obscurs concepts juridiques, peine à conjurer. Fait significatif, ce personnage est généralement issu de l'étranger : Stallone est d'ascendance italienne, Schwarzenegger d'origine autrichienne, Vandamme est parti de sa Belgique natale... Bruce Willis lui-même est, dans Piège de Cristal , un « étranger » venu de New York pour débarquer dans une Californie qui le laisse, dès son arrivée, plus que perplexe ! Mais parce qu'il faut exorciser le cauchemar du déclin précédent, parce que le combat pour l'Amérique passe par une phase de rédemption proche du christianisme, ce héros doit connaître une terrible phase de souffrance physique pour mieux renaître et, conséquence de la maxime nietzschéenne selon laquelle «  ce qui ne te tue pas te rend plus fort  », sera à même d'exterminer ses ennemis. Yoda avait donné le ton : «  Désapprends ce que tu as appris !  » Schwarzegger, dans Predator , abandonne la technologie pour se fondre dans la jungle et affronter le tueur extraterrestre sur son propre terrain, et Stallone recourt à la même stratégie contre son ennemi soviétique dans Rocky IV (film plus complexe et moins manichéen qu'il n'y paraît), allant jusqu'à s'entraîner en Russie pour l'affronter à Moscou. Dans ce contexte, la culture physique, ou le culte du corps musclé, bodybuildé , loin de répondre à une intention mercantile («  Tout dans les biscotos, rien dans la tête !  »), sert à revaloriser l'image masculine après la « dégénérescence » des années Carter. Pour daté que puisse apparaître le concept de nos jours, il n'en a pas moins été utile à la mythologie reaganienne d'un retour à la force brute.

Difficile de résumer ce recueil d'articles aussi passionnants les uns que les autres, mais force est de constater que si l'objectif était de déterminer une cohérence à la si méprisée filmographie américaine des années 80, le résultat a été incontestablement accompli. Le livre permet ainsi de mieux appréhender le cinéma d'aujourd'hui, et ses implications politiques, culturelles, médiatiques - tant il est vrai que le 7e art n'est autre que le reflet de notre société.

Nicolas Bernard


- OBJECTIF CINEMA -
avril 2007

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LE CINEMA
DES ANNEES REAGAN

sous la direction de Frédéric Gimello Mesplomb
Par Stéphane KAHN

A PROPOS DU LIVRE  : On connaît la boutade de Raoul Walsh à propos des trois composants essentiels du cinéma : « Action, action, and... action ». Dans les années quatre-vingt, Hollywood pousse cette logique à son paroxysme en produisant quantité de films dans lesquels l'action devient le principal moteur narratif ( Rambo, Terminator, Cobra, Rocky, Delta Force, Invasion USA, Commando ...). Parce qu'ils privilégiaient sur fond d'esthétique publicitaire des thèmes comme la revanche sur la guerre du Vietnam ( Rambo, Missing in action, Delta Force ), la condamnation des déviances de la société américaine ( Death Wish, Cobra, C.H.U.D ....), ou les figures manichéennes de guerriers victorieux sur les ennemis de la nation ( Commando ), ces films ont rapidement été considérés à l'époque de leur sortie comme les « porte-avions » de la propagande reaganienne.


On aurait pu tiquer sur la sortie très opportune de ce livre à la couverture illustrée par une photo de Rocky IV alors qu'était distribué pile au même moment Rocky Balboa , sixième opus d'une série mythique. Le sérieux des textes regroupés ici rassure pourtant et met à distance toute velléité par trop commerciale. Le principal intérêt de cet ouvrage collectif est en effet de se mesurer à des films que la critique cinématographique, dans son ensemble, continue de considérer avec circonspection. Le fait que les auteurs soient des universitaires issus, pour la plupart, d'autres champs que celui du cinéma (les sciences humaines notamment) a peut-être favorisé cette approche décomplexée.

Le cinéma des années Reagan offre ainsi un intéressant contrepoint aux deux livres essentiels de Jean-Baptiste Thoret sur le cinéma américain des années 70 ( 26 secondes, l'Amérique éclaboussée chez Rouge Profond et Le cinéma américain des années 70 aux Editions des Cahiers du cinéma) ainsi qu'au Palimpseste noir de Dick Tomasovic qui, lui, paru chez Yellow Now, s'intéressait plus au cinéma d'action des années 90.

Ici, les objets d'étude sont bien ces films qui ont donné au cinéma d'action hollywoodien les contours au creux desquels il s'esquisse encore aujourd'hui. Mais plus encore que les films évoqués, on apprécie à quel point les œuvres sont toujours très pertinemment replacées dans leur contexte historique (celui-ci faisant d'ailleurs l'objet d'une première partie ingrate mais nécessaire). Pour quelqu'un qui a grandi au rythme de ces années 80, de ses héros, de ses nanars et de ses contradictions, se plonger dans ce livre permet de se mesurer à des films que l'on avait souvent mis de côté, des films d'adolescence parmi lesquels continuaient de surnager quelques exceptions qui, souvent, ne font d'ailleurs pas tant partie du champ du cinéma d'action que de celui du fantastique et de ses auteurs majeurs.

Stéphane KAHN

 


- CRITIKAT- avril 2007

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Pour la première fois, une quinzaine de jeunes chercheurs francophones dirigés par Frédéric Gimello-Mesplomb se penchent sur le cinéma hollywoodien des années Reagan. Tout l'intérêt de cet ouvrage à plusieurs voix réside dans la volonté de proposer un large panorama qui ne néglige pas les conditions économiques de production des films ni leur réception par le public. Si d'aucuns pourront regretter le traitement expéditif réservé par exemple à la science-fiction, amateurs de cinéma et de culture américaine trouveront ici un appétissant hors-d'œuvre.

Dès avant l'arrivée au pouvoir de Ronald Reagan, le cinéma américain amorce un tournant avec le renouveau de la puissance des Majors hollywoodiennes et l'apparition des premiers « blockbusters » - Les Dents de la mer de Steven Spielberg en 1975 et Star Wars de George Lucas en 1977 - qui marqueront la décennie suivante. L'aube des années 1980 voit le début d'une période de grandes manœuvres dans l'industrie hollywoodienne, en 1982 Coca-Cola achète Columbia pour la revendre à Sony en 1989 date à laquelle est annoncée la fusion Time Warner... Parallèlement, les Majors assurent la distribution de leurs films en faisant l'acquisition de salles. La présence grandissante de la télévision par câble ou satellite sur le territoire américain et celle de magnétoscopes dans les foyers ouvrent de nouvelles perspectives aux Majors qui vont - grâce à l'aide de l'administration Reagan - investir massivement dans les réseaux du petit écran.

Offrir au public - composé majoritairement d'adolescents - le plus grand spectacle possible, voilà une des caractéristiques premières du divertissement reaganien. De l'écran large aux effets spéciaux, toutes sortes d'innovations techniques servent à faire vivre « physiquement » au spectateur ce qui se déroule sur l'écran. Les Majors ont massivement investi le champ du film d'action ouvert dès les années 1970 par les « Movie Brats » . Sur une structure narrative classique où le héros doit régler une situation de crise qui peut prendre pour cadre différents genres (policier, film de guerre ou d'aventures) viennent se greffer de nombreuses séquences qui mettent en scène « un affrontement le plus souvent physique entre deux êtres, forces, entités » . Tant et si bien que l'action prend vite le pas sur le genre premier ou l'intrigue et que l'acteur, véritable « action man » (Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger, Dolph Lundgren...), est souvent confondu avec son personnage.

Dans sa campagne électorale, l'ancien acteur Ronald Reagan joue sur l'image quasi mythique du cow-boy et affirme sa volonté de « reviriliser l'Amérique ». Ainsi, le héros reaganien, fils naturel de John Wayne, se veut l'incarnation du « rêve américain ». C'est avant tout un « self-made man » dont le courage et le travail viennent à bout de toutes les difficultés, lui permettent de prendre sa revanche (même sur la guerre du Vietnam). De Rocky Balboa à John Rambo en passant par Tony Manero, l'immigré pauvre qui, au prix de beaucoup d'efforts physiques (exaltation de la souffrance), se donnent les moyens de réussir, sera récompensé (intégration au mérite comme parfaite illustration du puritanisme américain). Ce dur à cuire invulnérable - « hard boiled » comme le capitaine Ripley dans Alien ou Conan dans le film éponyme-doit, pour transmettre efficacement l'idéologie reaganienne, affronter de véritables méchants dans une lutte du Bien et du Mal quasi mystique. Il garde cependant sa part d'humanité sans laquelle le principe d'identification ne fonctionnerait pas.

Glorification des archétypes masculins et apologie du corps inscrivent à l'écran le modèle reaganien en réaction à la supposée dégénérescence masculine de l'ère Carter. Le corps bodybuildé de Stallone ou Schwarzenegger est l'instrument de l'action, « il devient un acteur » au point d'enfermer l'interprète dans son rôle. Chez Stallone le travail sur le corps symboliserait le dépassement de soi, l'accès à la dignité tout en renforçant les capacités de résistance aux agressions psychologiques. Chez Schwarzenegger, le corps serait plutôt du côté de la froide invulnérabilité de la machine qui, le cas échéant, sert de protection aux plus faibles. Les « Hard Bodies » ne sont pas les seules figures de la masculinité reaganienne. Même si la série des Dirty Harry commence dix ans avant l'accession au pouvoir de Reagan, l'inspecteur Callahan est un parfait héros reaganien (et Clint Eastwood, son interprète et producteur, fidèle soutien à la nouvelle droite américaine est un élu Républicain). L'homme au Magnum 44 s'impose en clone du « vigilante » issu tout droit du western (l'acteur aussi) qui est sensé légitimer historiquement le droit à l'auto-défense.

Le retour en force des valeurs traditionnelles s'exprime aussi très nettement dans l'expression du populisme pastoral porté par des films comme Les Saisons du Cœur de Robert Benton en 1985 ou La Rivière de Mark Rydell en 1984 à l'opposé de la critique amère proposée par Les Moissons du ciel réalisé par Terrence Malick en 1979. Alors que dans les années 1980, l'agriculture familiale américaine est en crise (surendettement, surproduction...), l'univers rural et tout ce qui touche à la terre sont idéalisés, seuls remparts contre la corruption urbaine. Des scénarios ouvertement mélodramatiques présentent le combat et la résistance de familles rurales contre toutes sortes de calamités. Au final, et grâce à l'action héroïque de la mère de famille, la communauté et la cellule familiale s'en trouvent consolidées. Le discours reaganien de revalorisation des traditions et de la place du mâle dans la société américaine est avant tout très réactionnaire à l'égard des femmes. Des thrillers érotiques comme La Fièvre au corps de Lawrence Kasdan, Neuf Semaines et demi d'Adrian Lyne ou Basic Instinct de Paul Verhoeven véhiculent l'idée selon laquelle l'émancipation sexuelle des femmes (et leur indépendance financière ?) provoquent systématiquement la dégradation morale de la société, le malheur, la mort. Si la femme toute puissante peut être un « fantasme éphémère » pour la spectatrice, elle finit toujours par être châtiée quand elle n'accepte pas d'abandonner son comportement indécent.

Longtemps déconsidéré par la critique française qui en stigmatisait la dimension propagandiste, le cinéma hollywoodien des années Reagan a suscité de part et d'autre de l'Atlantique l'engouement du public. Les héros qui en sont issus ont la peau dure, voir les derniers avatars de Rocky , Die Hard ou Conan . Le temps était venu de porter sur ce type de films le regard apaisé de la recherche, exempt du manichéisme si cher à l'ex-président américain.

Emmanuelle Romeyer

 


 

- BIFI - avril 2007

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Le Cinéma des années Reagan

Fr édéric Gimello-Mesplomb

Nouveau monde éditions, 2007

Comme le souligne dès sa préface Michel Cieutat, Le Cinéma des années Reagan présente l'originalité d'éclairer une décennie dont les productions cinématographiques, parfois malmenées par la critique, sont bien souvent devenues " cultes ". La couverture de l'ouvrage suffit d'ailleurs à illustrer son propos en exposant le corps en gloire d'un Sylvester Stallone, alias Rocky Balboa, drapé dans les couleurs de la nation. Le " héros reaganien " est, en effet, défini par Frédéric Gimello-Mesplomb de la manière suivante : " modèle cinématographique d'un héros populaire (souvent immigré et incarné par des acteurs comme Stallone, Schwarzenegger ou Van Damme) issu des couches sociales défavorisées, et qui accède, à force de travail et d'abnégation, à une forme de reconnaissance sociale qui lui permet de rejeter les valeurs traditionnelles et de condamner sans appel la trahison des élites " (p. 16). Le cinéma des années Reagan est ainsi exposé comme un cinéma " populiste " privilégiant les films à grand spectacle. Le titre même de l'ouvrage laisse entendre non pas tant l'émergence d'un courant esthétique ou d'une école de réalisateurs, qu'une certaine historicité des productions. Les années Reagan sont caractérisées, selon Frédéric Gimello-Mesplomb, par " le culte de la réussite économique, l'expansion militaire, "la guerre des étoiles", le retour de l'individualisme, le culte du corps, la religion et les valeurs fondamentales de la famille, mais aussi, dans la seconde partie de la décennie, par les limites de l'action publique, l'échec du modèle social "à l'américaine", le creusement des déficits publics, et finalement la signature des accords de désarmement avec l'URSS qui marqueront la fin de la guerre froide " (p. 15). Les " années Reagan " est donc un " chrononyme ", non une simple référence aux mandats successifs d'un certain président des États-Unis, Ronald Reagan, d'ailleurs " ancien acteur, et même ancien président du syndicat des acteurs ", comme le signale Joël Augros dans son article (p. 32). L'inconvénient de cette notion historiquement diffuse (la chronologie sommaire de fin d'ouvrage s'étend de 1979 à 1991, alors que la présidence de Reagan se limite aux années 1980-1988) perce parfois dans des contributions à la filmographie (trop) étendue. Ainsi, sur les 27 films traités et recensés en fin d'article par Claude Le Flohic, seuls 8 sont issus des " années Reagan " dans leur acception la plus large. Par ailleurs, la disproportion des trois parties composant cet ouvrage collectif peut indisposer. La partie centrale, composée de 16 articles sur les 21 proposés, démantèle les mythes contemporains propres aux années 1980 avec une précision qui peut parfois donner l'impression d'une série de monographies consacrées à certains films, héros ou réalisateurs. Certes, la somme de ces " portraits " donne un aperçu général des productions de l'époque, mais ce souci du cas particulier nuit par endroits à une réelle vue d'ensemble. Les années Reagan sont-elles celles du film d'action ? du film d'action à grand spectacle ? Qu'en est-il alors du western urbain que David Morin-Ulmann identifie à la série des Dirty Harry  ? Qu'en est-il alors du thriller érotique présenté par Delphine Letort ? ou du populisme pastoral exposé par Claude Le Flohic ? Autour d'un thème qui semblait bien défini, la décennie Reagan et l'émergence d'un film d'action postmoderne, s'esquissent soudain des aspects moins attendus. C'est là tout l'intérêt d'une démarche collective à laquelle on peut reprocher toutefois son manque d'esprit de synthèse. Sont également à déplorer quelques " négligences " éditoriales, notamment la liste des contributeurs, présentée dans le plus parfait désordre, ainsi que quelques " coquilles " handicapant par moments la lecture d'un ouvrage dont la thématique originale et le parti pris syncrétique restent cependant à souligner.

Delphine Robic-Diaz

 


 

- CHRONIC'ART- avril 2007

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- CRDP Haute Normandie - avril 2007

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Le Cinéma des années Reagan

Frédéric Gimello-Mesplomb

Nouveau monde éditions, 2007

Le fait qu'un ouvrage universitaire s'intéresse au cinéma d'action et/ou commercial qui a dominé une partie de la production américaine des années 80 a de quoi réjouir. De quoi effrayer peut-être également, si l'on imagine que les héros musculeux des « actioners » de cette décennie risquent de se trouver disséquer et rationaliser sous le jargon théorique de quelque sémiologue qui risquerait de briser à tout jamais le mythe du surhomme hollywoodien.
On se rassure toutefois vite à la lecture de cet ouvrage pointu et fascinant, tant l'interprétation qui est donnée de chaque film ou de chaque thème est à la fois source de réflexion et de discussion, et offre au final une approche différente d'une certaine vision de l'Amérique.

On sait à peu près couramment que les Rambo , Rocky et autres productions à base de Schwarzenegger sont issues d'un système américain dont les visées patriotiques, économiques et artistiques clament une toute puissance arrogante. On rattache aussi ce comportement à une époque politique précise, celle de la présence de Reagan (ancien « supporting actor » hollywoodien) à la tête des Etats-Unis.
Le livre tente de cerner, à travers une vingtaine d'articles, le lien réel entre ce contexte politique radical et les importants changements de la production cinématographique durant cette période (un peu avant, un peu après).
Avant de s'attaquer aux chapitres analytiques sur les oeuvres (produits ?) elles-mêmes, les auteurs mettent en avant les profondes mutations économiques qui ont affecté le système des studios. Après une décennie au cours de laquelle des artisans désinhibés ont un temps réussi à imposer leur vision (les « movie brats » que furent Scorsese, Coppola ou George Lucas), après aussi que leurs tentatives aient amené les studios au bord de la faillite (voir le gouffre financier des Portes du Paradis de Cimino), Hollywood connaît un sévère retour de bâton qui accompagne une forte période de récession économique nationale avant l'essor impérial promit par Reagan
Cette première partie permet d'appréhender la réalité d'une situation, et de reconnaître également que l'émergence du surhomme reaganien n'est pas uniquement le fait d'un culte nationaliste conduisant les œuvres sur la voie d'un patriotisme aveugle et éhonté. Les nouvelles attitudes de consommation cinématographique sont également à prendre en compte dans cette nouvelle donne, avec le déferlement des supports vidéos qui marquent le début de la décennie. Il faut donner au cinéma un caractère « bigger than life » (ce qui était déjà le cas et l'est toujours) pour offrir au public une bonne raison de délaisser son canapé pour se rendre dans les salles.
L'apparition dès 1975 des blockbusters (avec Les Dents de la Mer , de Spielberg) bouleverse aussi les habitudes et fait entrer le spectacle dans la théorie du « toujours plus ».
On comprend donc, ou du moins on l'admet enfin, que le Film d'Action à Grand Spectacle (FAGS – les anglicistes apprécieront cette dénomination pour évoquer les corps musclés des nouveaux héros hollywoodiens !) n'a pas pour seul facteur de son explosion la présence d'un président réactionnaire prônant le retour à la virilité et affirmant la toute-puissance de l'Amérique face au monde en général, et à l'ennemi russe en particulier.
Le discours critique qui a été adressé à nombre de ces films d'action au moment de leur sorite en salles est ici analysé comme un élément constitutif de la défiance à l'encontre de tout produit en provenance des Etats-Unis pendant la présence de Reagan à la Maison Blanche. Les doutes sur les facultés de celui-ci en même temps que l'irritation face à son attitude de « cow-boy » ont en effet souvent engendré un traitement parfois haineux en Europe. Ne rejetant pas l'idée que les héros dominateurs soient exempts de ces défauts irritants, ils sont, pour les participants à cet ouvrage, avant tout l'expression de besoins et de désirs sociétaux évidents. Le positionnement politique délirant de Stallone dans Rambo 2 ou Rocky IV est ainsi approché comme un aveuglement maladroit plus que comme une charge anti-rouge (si elle est présente, c'est parce que les communistes sont « vraiment » dangereux pour l'acteur/réalisateur !). L'attitude révisionniste du vétéran du Viet-Nam peut dès lors se regarder comme la cautérisation grossière d'une blessure mal refermée… A ce titre, si plusieurs articles s'attardent sur Rambo 2 , le 3ème opus est plutôt passé sous silence, alors qu'il est le véritable signe de la démence qui a atteint l'Amérique reaganienne et la star Stallone, victimes l'un et l'autre d'un ego hypertrophié. L'échec international du film est d'ailleurs là pour nous rassurer.
Des analyses pertinentes sur la signification du corps body-buildé (Kasprowicz & Hippolyte), la place des femmes dans l'« actioner » (Brassart) ou les apports esthétiques de John McTiernan au genre (Treguer) confortent ou éclairent souvent brillamment les ambiguïtés de ces films souvent trop vite catalogués comme divertissants, voire abêtissants. Le caractère à la fois protectionniste et laxiste de Bruce Willis / John McLane dans la série Die Hard est plus complexe qu'il ne pourrait sembler de prime abord, de même que le monstre de Predator peut se voir comme un cauchemar pour l'Amérique en même temps qu'une soupape pour les populations « indigènes et ennemies » (on revient avec cet entité extra-terrestre aux vieilles recettes des films de SF des années 50, l'ironie en plus).
Dans ce concert de visions souvent justes et intéressantes, il est tout de même une voix discordante qui ne laisse pas de surprendre : celle de David Morin-Ullman qui expédie en un très court texte la valeur pamphlétaire du travail de John Carpenter. L'auteur refuse à "Big Daddy" John, l'un des chantres de la contestation politique au cinéma, le droit d'attaquer le système capitaliste en ce sens que le réalisateur travaille lui-même au sein d'une industrie de ce type… Une étrange prise de position, parfois assez confuse, qui voit dans Invasion Los Angeles – pas le film le plus subtil de Carpenter mais assurément l'un des plus directs – une pantalonnade immature et naïve, loin des ambitions d'un auteur rebelle. Un point de vue qui possède au moins le mérite de provoquer le débat, nonobstant.

On s'intéresse également beaucoup à la réception que le public fait de ces films à grands spectacles, sources de discussions intarissables qui démontrent la fossé qui sépare parfois la critique et le public. Dans le cas des Conan et Rocky , la volonté d'identification est si forte qu'elle emporte tout jugement artistique du spectateur pour ne laisser place qu'à un ressenti viscéral entraînant une haine ou un amour immodérés des films en question.

Le Cinéma des Années Reagan cerne bien ce qui a été effectivement « un modèle hollywoodien », modèle qui perdure finalement plus dans l'accélération des productions (caméras épileptiques, montages saccadés) et de leurs moyens (rentabilité immédiate) que dans la perpétuation des surhommes indestructibles aux commandes du box-office lors des deux mandats de Ronald Reagan. Signe des goûts du public plus que des bouleversements politiques, assurément, car on n'exclut nullement la possibilité pour G. W. Bush de déclarer à l'instar de son prédécesseur après la vision de Rambo 2 : « Lors de la prochaine crise, je saurais qui envoyer ! ». Signe aussi que les héros n'ont peut-être plus les mêmes comptes à régler qu'auparavant.

Laurent CUILLIER


- Onirik, lundi 14 avril 2008.


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"Histoire et cinéma : le CINÉMA DES ANNÉES REAGAN"

Parlons tout de suite de ce qui agace... le style ! Entre l’utilisation des mots savants inusités façon Roland Barthes (avec immédiatement explication d’une phrase compréhensible) et une longue préface suivi d’un long avant-propos, ou tout le monde s’excuse d’avoir écrit de telle façon et pourquoi pas d’une autre, nous prenons notre mal en patience de ce ton de prof qui se veut sérieux. N’oublions pas que nous parlons du cinéma et qu’un peu de passion plutôt que rationaliser tous ses propos aurait été bienvenue.

Hormis cette digression, cet ouvrage est en fait une comparaison entre évènements politiques, économiques, sociologiques, technologiques et démographiques (toujours l’immigration...) et l’influence qu’ils ont eu ou non dans le "nouveau" cinéma des années 80... Si cela vous paraît quelque peu rébarbatif, les auteurs ont pris soin de truffer d’exemples, soit la plupart des blockbusters de cette époque pour nous démontrer leurs réflexions et passent de thèses, antithèses en synthèses. L’étude est poussée et les résultats peuvent paraître surprenants. On me pardonnera, je l’espère, de vulgariser les propos en résumant d’une phrase : que les grosses ficelles que nous Français avons jugé d’extrême-droite avec vision simplifiée et manichéenne se révèlent nettement plus complexes avec du recul, et que les grands films humanistes libertaires, gauchistes, ne sont pas si altruistes que cela.

De plus, ce qui m’a personnellement très intéressé, c’est la transformation du héros pur et dur des années 50 à la John Wayne qui devient en 1980, Rambo, Rocky, Terminator, personnages qui n’arrivent plus à s’insérer dans la société (ce sont des vagabonds qui ont perdu leurs repères), qui cherchent leur place par rapport aux femmes, à qui il manque la transmission familiale (problème du père et de la perte des enfants comme dans Piège de Cristal)... Cette fragilité et ce questionnement de la société américaine sur ses valeurs se situe sur fond de réhabilitation des guerres perdues, quête de victoires pour une Amérique ou la police est incapable ou incrédule, le gouvernement ne fait plus confiance, les méchants sont des ennemis de l’ombre ou bien qui se révèlent être nos proches ou encore des étrangers qui sont contre l’Amérique, les progrès troublants de l’informatique, etc... avec en prime une réflexion sur le bien, le mal, la religion que l’on recherche à l’intérieur ou à l’extérieur de nous ?

Nous pourrions continuer longtemps d’exemples en exemples... en fait, cette excellente analyse est totalement nécessaire pour nous empêcher de sauter aux conclusions faciles, aux lieux communs que nous véhiculons souvent sur l’Amérique et notamment sur l’ère Reagan. Lorsque nous nous gaussons sur le fait que certains scénarii sont écrits sur des boites d’allumettes, à grands renforts d’effets pyrotechniques tonitruants et de centaines de morts, nous oublions quelque peu qu’au lieu de chercher un second degré, il est surtout intéressant d’en découvrir un troisième ou un quatrième !

Au final, un livre pour cinéphiles mais surtout pour ceux que l’évolution des Etats-Unis après les années 70 intéressent, le cinéma n’étant surtout qu’un moyen pour mettre en exergue les contradictions d’un immense pays toujours à la recherche d’une certaine identité, et qui continue à évoluer et se transformer. Intelligent et pointu !


- Jeune Cinéma n°315/316 (printemps 2008), p.138-139.


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STALLONE, LA CRITIQUE ET LE "CINÉMA DES ANNÉES REAGAN/BUSH"

Contrairement à ce que j'annonçais dans mon article du 4 février, « Stallone et John Rambo » , le dernier Stallone n'a pas fait l'objet d'une lecture idéologique aussi marquée que ses films des années 1980, volontiers considérés comme les représentants d'un "cinéma reaganien", revanchard, "sûr de lui et dominateur". John Rambo n'a guère été désigné comme l'équivalent pour les années 2000 (un "cinéma bushien" en quelque sorte), sinon par Antoine de Baecque, selon lequel il s'agirait de « jou[er] du muscle pour faire croire à la puissance américaine reconquise » ( L'Histoire , n°328, février 2008, p.23), et par Clara Dupont-Monod (« "Pour Rambo, les choses se résument à une lutte du bien et du mal." On dirait du Bush ! », Marianne ). À la dénonciation rituelle de l'anti-communisme primaire n'aura ainsi que marginalement succédé un anti-américanisme non moins réducteur. Selon une tradition bien établie de la critique française, c'est essentiellement la forme qui a retenu l'attention, notamment la radicalité dans la représentation de la violence, soit pour s'en plaindre (« Rambo vire au gore », d'après Marion Sauvion, Le Parisien , 6 février 2008, p.30), soit pour louer « un tel traitement de l'action, loin de toute aseptisation », notamment par le numérique, qui serait plus acceptable pour Hollywood (d'après Jean-François Rauger, Le Monde , 6 février 2008, p.24). Au moins le film n'a-t-il pas été traité par le mépris, ce qui confirme, toutes proportions gardées, que l'évolution de la réception en France de l'œuvre de Stallone ressemble de plus en plus à celle d'Eastwood, du dédain, voire du mépris, à la considération, voire à l'admiration (« Le genre de film qui se bonifie avec le temps », est-il significativement écrit, dans Télérama, pour le passage de Rambo à la télévision dimanche dernier).

Ayant moi-même participé à ce mouvement, par mon article sur « Les défis de Sylvester Stallone » ( Jeune cinéma , n°310/311, été 2007, p.94-97), je ne puis que m'en féliciter, d'autant que John Rambo m'a paru un film presque aussi digne d'intérêt que Rocky Balboa , même si je ne saurais vraiment expliciter pourquoi. Mieux encore, j'ai eu le plaisir de découvrir depuis un fort sérieux et universitaire ouvrage collectif arborant Rocky en couverture (Le Cinéma des années Reagan. Un modèle hollywoodien ? , dir. Frédéric Gimello-Mesplomb, Paris, Nouveau Monde Éditions, janvier 2007, 366 p.). Plusieurs études y sont consacrées à Rambo et à Rocky, d'une manière assez proche de la mienne, puisque sont en particulier analysées « la mise en scène de l'action à travers le prisme de la télévision » dans « la série des Rocky  » et « la réception française de Rambo II et Rocky IV  ». Entres autres aspects très éclairants, Laurent Kasprowicz y décortique l'influence de l'esthétique du clip sur la mise en scène des Rocky (cf. un tableau comparatif des scènes de combats finaux, où la durée moyenne d'un plan diminue progressivement de 3,34 à 1,35 secondes !) et y démontre subtilement que les Rambo ne seraient pas nécessairement les films de propagande vilipendés à l'époque, en tout cas pas des films exempts de toute critique à l'égard de la politique reaganienne. Le livre regorge d'études tout aussi passionnantes et extrêmement documentées (les nombreuses sources et références étant aussi bien françaises qu'anglo-saxonnes, aussi bien livresques qu'issues d'Internet) sur Dirty Harry et le western urbain, sur La Fièvre au corps et le "thriller érotique" ou sur Terminator et « les craintes de l'information de la société », etc. Les esprits forts auraient tort de ricaner en voyant tant de science dépensée à propos de si vils "objets de cinéma". Au moins depuis Kracauer, nul n'est en effet censé ignorer que l'analyse des films à succès d'une époque n'est pas moins légitime que celle de ses chef-d'œuvres les plus consensuels.

Pascal Manuel HEU
Site : http://mister-arkadin.over-blog.fr

 


- Questions de Communication, 7 février 2008.

"Frédéric Gimello-Mesplomb : le CINÉMA DES ANNÉES REAGAN"

par Gérald Arboit (CERIME, Université Strasbourg 3)

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- Eclipses revue de cinéma (pintemps 2008) .


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Un cinéma sous influence
par Valentin Noël

Le Cinéma des années Reagan. Un modèle hollywoodien ? Ouvrage collectif sous la direction de Frédéric Gimello-Mesplomb. Nouveau Monde Editions, Paris, 2007. 366 pages, 23 € Le premier ouvrage français exclusivement consacré au cinéma hollywoodien des années Reagan vient de paraître aux éditions du Nouveau Monde, et s’intitule fort à propos Le Cinéma des années Reagan, un modèle hollywoodien ? Ce livre collectif supervisé par Frédéric Gimello-Mesplomb s’articule de la manière suivante : une première partie consacrée aux rouages du système de production, une seconde faisant la part belle aux analyses idéologico-esthétiques – toutes fondées sur des exemples précis –, et une troisième s’intéressant à la réception publique des succès commerciaux de la période. Bien sûr très inégale, car étant le fruit de la réflexion de dix-huit contributeurs d’horizons divers, cette première incursion en territoire reaganien présente toutefois plusieurs articles qui méritent le détour.

Nous commencerons par la dernière partie, axée « sociologie des publics », la seule qui ne nous a définitivement pas convaincu. L’un des deux articles qui la composent s’efforce de révéler les divergences d’opinion qui séparent la critique et le public sur deux films « de » Sylvester Stallone, Rambo II et Rocky IV. Selon l’auteur dudit article, il y aurait d’un côté des critiques consternés par la dimension propagandiste des deux œuvres, et de l’autre, des spectateurs qui « n’y ont vu que mélodrame et film d’action, bref, du pur cinéma ». Pour étayer l’argumentation, les articles très négatifs publiés dans les revues spécialisées sont mis en parallèle avec des commentaires d’internautes, recueillis sur le forum d’Allociné. Et c’est précisément là, selon nous, que le bât blesse. D’une part, il nous semble un brin cavalier de comparer des articles d’époque, écrits dans le contexte sociopolitique de la période, avec des notules d’internautes rédigées près de vingt ans plus tard, dans un contexte très différent. D’autre part, nous ne sommes pas certains non plus que les blogers d’Allociné se montrent véritablement représentatifs du « grand public » : ce sont à l’évidence d’authentiques cinéphiles, possédant une culture cinématographique au moins égale à celle des journalistes précités.

La première partie du livre, purement factuelle, se montre à l’inverse rigoureusement fondamentale, car n’admettant pour l’heure aucun équivalent dans la littérature théorique hexagonale. Toutes les informations nécessaires à la compréhension du fonctionnement du nouveau studio system y sont synthétisées, au travers de deux articles chaudement recommandables dissociant intelligemment « l’industrie » de la « profession ». Le rôle joué par Reagan dans la réorganisation de la machine hollywoodienne y apparaît avec la plus grande clarté, et l’on comprend très bien en quoi la politique typiquement libérale du « laisser-faire » a permis les regroupements capitalistiques que l’on sait, entraînant une profonde mutation de l’usine à rêves : « Hollywood cesse d’agir comme une industrie cinématographique, et le film cesse d’être son produit principal. »

La pièce de résistance est bien sûr constituée par le cœur de l’ouvrage, essentiellement axé sur le « héros reaganien », les Messieurs Muscles qui ont marqué la décennie et l’avènement du film d’action. Il s’agit là encore d’un intéressant travail de synthèse, qui regroupe et approfondit parfois les principaux articles anglo-saxons publiés sur le sujet. A signaler également : un article consacré au « thriller érotique », genre particulièrement fécond en ces années de puritanisme quasi-victorien, genre se faisant le porte parole du conservatisme social défendu par le président républicain, qui appelait de ses vœux le retour à un « ordre moral » à grand renfort de citations bibliques. Au final, nous déplorerons simplement le traitement minimaliste qui a été réservé au cinéma fantastique et de science-fiction, car l’un des faits les plus marquants de ces années Reagan réside à notre avis dans la réapparition brutale d’un cinéma de l’imaginaire, tranchant radicalement avec le cinéma du réel caractéristique de la décennie précédente. Du Space Opera à l’Heroic Fantasy en passant par le cinéma d’Aventures et les genres hybrides tels que le Tech-noir, un pan entier de l’histoire du cinéma nous semble donc avoir été quelque peu négligé. Mais il a bien évidement fallu faire des choix…

Valentin Noël

 

principaux films analysés

Conan the barbarian / Conan le barbare (John Milius, 1981) et Conan the destroyer / Conan le destructeur (Richard Fleischer, 1984)

Rambo 1 (Ted Kotcheff, 1981), 2 (George P. Cosmatos, 1985) et 3 (Peter MacDonald, 1988)

Rocky 3 et 4 (Sylvester Stallone, 1982 et 1985)

Officer and Gentleman / Officier et gentleman (Taylor Hackford, 1982)

Firefox (Clint Eastwood, 1982)

Death Wish 2, 3 (Michael Winner, 1982 et 1985) et 4 (J. Lee Thompson, 1987)

10 to Midnight / Le justicier de minuit (J. Lee Thompson, 1983)

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Commando (Mark L. Lester, 1985)

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Robocop (Paul Verhoeven, 1987)

Predator (John McTiernan, 1987)

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Red Scorpion / Scorpion rouge (Joseph Zito, 1988)

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