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Le livre d'Erik Orsenna, La grammaire est une chanson douce, s'inscrit dans une lignée d'ouvrages "d'initiation culturelle" comme "le Monde de Sophie" ou "le Voyage de Théo".
L'académicien raconte l'histoire de Jeanne qui, après un naufrage, explore une île enchantée, territoire merveilleux des mots. Grâce à l'accompagnement lumineux et charmeur d'un vieux musicien poète, Monsieur Henri, avatar non déguisé du chanteur Henri Salvador, elle redécouvre le plaisir oublié des sons, des sens, et des émotions du langage.
La grammaire se transforme en une ville joyeuse où les noms, les articles, les verbes et les conjonctions se promènent bras dessus bras dessous, "étirant tranquillement leurs syllabes dans l'air".
Plus instructif et surtout plus amusant que de retenir la définition de l'apposition; fonction relative entre le mot (ou groupe de mots) apposé et le mot auquel il est mis en apposition, relation identique, pour le sens, à celle qui lie l'attribut et le terme auquel il renvoie, mais différente du point de vue syntaxique, car elle n'est pas établie par le verbe ". Ouf ! Ce charabia, édicté par l'acariâtre Mme Jargonos, qui affirme sans vergogne aimer la langue, est tiré des textes officiels des programmes de la 6e. Pour Jeanne, à dix ans, c'est un peu obscur et décourageant ! Pourquoi être triste et amphigourique quand une phrase toute simple peut être, comme le prouve Monsieur Henry, une si belle musique ?
Erik Orsenna a écrit là une critique, allégorique mais très claire, de l'évolution des méthodes pédagogiques du français. Mais ce livre est, avant tout, par sa naïveté, son évocation-hommage d'Henri Salvador et ses délicates aquarelles, un conte éducatif.
Pour enfants et ministres! |
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